Un de Baumugnes – Jean Giono

Un de Baumugnes - Jean Giono Après « Colline », il était logique que j’enchaîne sur « Un des Baumugnes », le deuxième opus de la trilogie de Pan de Jean Giono… d’autant qu’on m’a offert les trois !

J’ai beaucoup aimé celui-ci, j’ai trouvé le style plus abouti : c’est Amédée, un vieux journalier qui nous raconte l’histoire, et Giono l’écrit comme Amédée parle… ça m’a fait penser à Céline dans Mort à crédit. Pas d’argot parisien ici, mais du patois provençal…

C’est en tout cas parfaitement réussi, et on est très vite accroché par cette histoire d’amitié entre Amédée et Albin, jeune journalier descendu de son village de Baumugnes, et tombé amoureux d’une jeune fille. Le vieil Amédée, avec tout le recul qu’il a sur la vie, va l’aider à retrouver la belle. Il va aider Albin…

… du mieux que je pouvais pour me guérir de cette sacrée maladie qui me fait souffrir du mal des autres…


Mais pas seulement Albin, car Amédée éprouve de l’empathie pour ses semblables, et nous le dit à travers ses propres mots. C’est un plaisir de l’écouter nous parler de la vie de ces ouvriers agricoles qui passaient de ferme en ferme, dur au travail, connaissant la nature… et la vie :

Nous autres, il n’y a rien de plus bohémien que nous. Dix jours avant, j’étais à Peyruis, dans une baraque, seul valet, un peu mon maître ; peu de travail, bonne table, et puis, la maîtresse c’était une bonne femme chaude ; enfin, coq en pâte. Pour un oui, pour un non, je lâche tout et le descends. J’arrive à Marigrate. Ils étaient tous à suer sur les aires.
– Eh, j’y dis, vous prenez du monde ?
– Des fois.
– Des fois, ça peut être ce coup-ci ?
– Amène-toi.
Et me voilà engagé.

Cette fois aussi, la nature est très présente (tout se passe à la campagne), mais plus encore la vie toute entière : attendez de voir ce qui se passe quand Albin joue de l’harmonica…

Jean Giono (1865-1970) a un parcours qui force le respect. Dans les tranchées de la guerre 14-18, il fera partie des 11 survivants de sa compagnie ; puis il participera aux combats du chemin des Dames et à la bataille de la Somme ; en 1918, il est légèrement gazé.

En 1939, il est à nouveau mobilisé mais sera emprisonné pour ses écrits pacifistes (« Refus d’obéissance »). A la fin de la guerre, bien qu’il ait hébergé et cachés juifs et résistants, il est injustement accusé de collaboration et à nouveau emprisonné.

Élu membre de l’Académie Goncourt en 1954, il compte parmi les plus grands écrivains français du XXe siècle, mais resta néanmoins en marge des courants de la littérature de son temps. Humaniste, son œuvre est influencée par les auteurs de l’antiquité qu’il découvre très tôt : à cette époque, les livres des grands auteurs contemporains coûtaient 3, 50 F.

tandis qu’Aristophane, Eschyle, Sophocle, Théocrite, Homère, Virgile ne coûtaient que 0, 95 F. dans la collection Garnier. Voilà la raison qui a présidé à la confection de ma bibliothèque d’adolescent. Voilà les livres dont j’ai subi l’influence à l’époque où les impressions se gravent profondément dans les âmes sensibles.

Écrit-il dans son journal… La pauvreté à de bons côtés parfois. Son roman le plus connu est sans doute « Le Hussard sur le toit », porté à l’écran en 1995 par Jan-Paul Rappeneau.

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