Un héros de notre temps – Lermontov

Un héros de notre temps - Lermontov Apparemment, ce roman n’est disponible qu’en édition bilingue (cette édition comme celle de Folio), alors il faudra prendre l’habitude au tournant de chaque page, de rester sur celle de droite. On s’y fait vite, et on a le sentiment d’avancer à grands pas !

Lermontov, surnommé « le poète du Caucase » nous livre ici son seul roman. Il faut dire qu’il mourra jeune (26 ans), au cours d’un duel, tout comme Pouchkine dont il était un fervent admirateur. C’est d’ailleurs suite à la mort de ce dernier qu’il publie un poème (« La mort du poète ») adressé au tsar Nicolas 1er : celui-ci le trouvera trop impertinent, et Lermontov sera envoyé dans le Caucase comme officier des dragons…

« Un héros de notre temps » est magnifiquement écrit, dans un style très fluide, et j’ai éprouvé un réel plaisir à le lire. Le personnage central, Petchorine, est un homme cynique, indifférent aux autres, méprisant le bonheur comme la mort. Malgré tout, il n’est pas antipathique pour autant, car d’une lucidité terrible envers lui-même comme envers les autres.

Voici ce que dit Lermontov dans la préface :

Le héros de notre temps, chers messieurs, est en effet un portrait, mais pas celui d’un seul homme : c’est un portrait composé des vices de toute notre génération, dans leur plein épanouissement. Vous me direz encore une fois que l’homme de peut être aussi mauvais, mais je vous demanderai, si vous avez cru à la vraisemblance de tous les scélérats tragiques et romantiques, pourquoi vous ne croyez pas à la réalité de Petchorine. Si vous avez admiré des inventions bien plus terribles et plus monstrueuses, pourquoi ce caractère, même en tant que fiction, ne trouve-t-il pas grâce à vos yeux ? Ne serait-ce as qu’il y a en lui plus de vérité que vous ne le souhaiteriez ?…
Vous direz que la morale n’y gagne rien… Pardonnez-moi. On a assez nourri les gens de douceurs ; ils en ont eu l’estomac gâté : il faut des remèdes amers, des vérités mordantes. Mais n’allez pas croire cependant, après cela, que l’auteur de ce livre ait jamais eu le rêve orgueilleux de se faire le correcteur des vices humains. Dieu le garde d’une pareille naïveté ! Il s’est simplement amusé à peindre l’homme contemporain, tel qu’il le comprend et, pour son malheur et pour le vôtre, tel qu’il l’a trop souvent rencontré. Que la maladie soit désignée, c’est bien assez ; quant au moyen de la soigner, Dieu seul le connaît !

Que dire de plus ? lisez ce livre, et regardez nos contemporains : la situation ne s’est pas améliorée me semble-t-il…

Mikhaïl Lermontov (1814-1841), a eu une vie courte et mouvementée, alternant actes de bravoure et blagues de potache. Il meurt au cours d’un duel, dans des conditions très similaires à celle du duel auquel participe Petchorine dans ce roman (mais Petchorine gagne le duel). Sa mort aurait été commentée en ces termes par le Tsar: « Une mort de chien pour un chien. »

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