Notre part des ténèbres – Gérard Mordillat

Notre part des ténèbres - Gérard Mordillat Dernier roman de Gérard Mordillat, paru en 2008, et le premier que je lis de cet auteur. Une histoire très contemporaine, puisqu’il s’agit d’une fermeture d’usine, avec tous les ingrédients auxquels nous sommes malheureusement habitués : spéculateurs, banquiers et politiques sans scrupules œuvrant main dans la main pour leur plus grand profit, qu’il soit financier ou mené par l’ambition personnelle.

Les salariés sont laissés sur le carreau après de belles promesses, mais cette fois-ci ils ne vont pas se laisser faire. Ils occupent d’abord l’usine, mais celle-ci est incendiée une nuit par des inconnus… ils vont alors monter une opération de grande envergure pour régler leurs comptes :

Le fond de placement FII a obtenu d’excellents résultats financiers, et a invité à bord d’un paquebot pour la nuit du réveillon, ses meilleurs clients et amis, jusqu’au ministre de l’intérieur lui-même (sa femme est l’héritière de la banque Margaux… elle-même impliquée dans la transaction). Bref, dans tout ce petit monde se trouvent tous les acteurs ayant participé de près ou de loin à la fermeture de l’usine, sans oublier Depardieu et Clavier, sous contrat pour montrer leurs binettes, et dont on se demande bien ce qu’ils viennent faire dans l’histoire : les noms des autres personnages sont fictifs, quel besoin d’y incorporer ces deux-là ? J’aurai préféré le nom du ministre !!

Bref, les salariés vont réussir à prendre le contrôle du « Nausicaa », et au lieu du feu d’artifice prévu à quelques centaines de mètres du port du Havre, vont l’emmener dans le mer du Nord, histoire de rencontrer une vraie tempête et… mystère… quelles sont leurs intentions ? personne ne le sait, le lecteur non plus, pas plus que les salariés eux-mêmes (une fois le livre terminé, on se pose encore la question). Au gouvernement, on met en place une cellule de crise, armée, GIGN, tout le tremblement…

Si l’idée de départ est séduisante (la révolte), on a beaucoup mal à croire à cette histoire, tant les ficelles pour monter le scénario sont grosses, comme l’utilisation de missiles sol-air par les salariés pour tirer sur les hélicos du GIGN… idem pour les personnages, gentils salariés contre patrons ou politiques dépravés, et pas plus de profondeur dans le description du problème social : l’auteur se contente d’essaimer de temps en temps des dépêches d’agence de presse annonçant ici une catastrophe, là des tortures, des bénéfices records pour telle compagnie ou un scandale ailleurs. Trop caricatural pour être réellement intéressant.

Gérard Mordillat est né en 1949 à Paris. Fils d’ouvrier, soutien de longue date du PCF et maintenant du Front de gauche, passionné de littérature et de cinéma. Il a tenu la rubrique littéraire de Libération qu’il quitte après son premier roman, « Vive la sociale! », qui deviendra un film quelques années plus tard. On dirait bien qu’il a écrit ce dernier bouquin en pensant que ça ferait un film, ça expliquerait la présence de Clavier et Depardieu ? en tout cas, l’idée n’était pas de décrire sérieusement une situation sociale inquiétante.

Quant à l’éditeur qui ajoute sur la couverture « le roman de l’insurrection qui vient », on rigole franchement !

Une réflexion sur « Notre part des ténèbres – Gérard Mordillat »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *