
J’ai déjà lu deux livres de cet auteur, qui a la particularité d’être amérindien et plus précisément né dans la réserve indienne Pieds-Noirs de Browning dans le Montana. Autant vous le dire tout de suite, j’ai adoré ce récit véritablement étonnant.
Car si dans les deux romans transparaissaient les origines indiennes de l’auteur, par ses personnages principaux eux aussi indiens et évoluant dans le monde moderne, dans celui-ci, nous allons plonger à l’intérieur d’une tribu Blackfeet vivant dans le Montana, dans les années 1870, à l’époque où les blancs ne cessent de gagner du terrain de façon inéluctable, malgré les traités signés.
Se battre contre eux est sans espoir, tant ils sont nombreux et cruels, et il ne reste à la tribu d’autre choix que de tenter désespérément de continuer à vivre selon leur mode de vie tant que c’est encore possible. Nous allons suivre l’évolution d’un jeune garçon de 15 ans, jusqu’à ce qu’il devienne un père de famille au milieu de tous ces bouleversements.
C’est une véritable immersion, et il faudra que le lecteur devine le sens de certains mots, notamment celui des animaux (cornes-noires, remue-la-queue, ours-vrai, quatre-jambes, mordeurs-de-bois, etc…), ou des saisons comme des lieux : tous les noms donnés représentent leur essence, c’est à la fois beau et poétique.
On est vite transporté dans l’histoire, la vie de « Chien de l’Homme Blanc » qui prendra ensuite le nom de « Trompe-le-Corbeau » après un raid chez les Crows pour leur voler des chevaux. Puis il apprendra à soigner avec le secours d’un homme-aux-multiples-visages, aura des visions et découvrira son animal-pouvoir, Oiseau Corbeau. Tout ce récit nous transporte dans le monde des indiens Blackfeet, et c’est magnifique !
En guise d’extrait, voilà juste le premier paragraphe :
Maintenant que le temps avait changé, la lune-des-feuilles-qui-tombent blanchissait dans le ciel noir et Chien de l’Homme Blanc se sentait inquiet. Mâchant un bâton de viande séchée, il regarda Faiseur de Froid rassembler ses forces. Au nord, les nuages sombres s’amoncelaient en cercles, entamant leur danse avec une lente fureur délibérée. La nuit s’avançait, et il se tourna vers les marécages qui bordaient la Rivière des Deux Médecines. Les feux allumés en vue du repas illuminaient l’intérieur des tipis des Mangeurs Solitaires. C’était le moment de la soirée où les chiens eux-mêmes se reposaient et où les chevaux paissaient tranquillement le long des berges herbeuses.
James Welch (1940-2003), est un romancier et poète américain, né dans la réserve indienne des Pieds-Noirs, dans le Montana. Son succès ouvrira la voie à plein d’autres auteurs amérindiens.