Le testament français – Andreï Makine

Le testament francais - Andreï Makine Très beau roman que celui-ci, que m’avait conseillé Jeff, le marin rencontré au Cambodge. J’ai suivi son conseil, et ne le regrette pas. Il se trouve que le roman a reçu le prix Goncourt et Médicis en 1995 (ainsi que le Goncourt des lycéens !). Ceci explique certainement cela.

Un enfant russe passe ses vacances au fin fond de la Sibérie, chez sa grand-mère Charlotte, fille d’une mère française ayant émigré en Russie il y a bien longtemps. Au cours des longues soirées d’été, elle va lui raconter ses souvenirs parisiens, piochant parfois dans une vieille valise mystérieuse une coupure de presse, une photo de l’époque.

Ces évocations enflammeront l’imaginaire de l’enfant… ainsi l’inondation de 1910 transforme Paris en nouvelle Atlantide, émergeant des eaux… Que Charlotte dise « Oh, Neuilly à cette époque n’était qu’un simple village… », et la voilà composée d’une douzaine d’isbas (maisons traditonnelles russes construites en bois), des quelques paysans et d’un troupeau qui se dirige lentement vers l’étable…

L’imagination du lecteur se laisse également emporter…

L’enfant va grandir, s’imprégnant ainsi de culture française, pour s’en affranchir à l’adolescence et peu à peu trouver sa véritable identité russe, à travers ce siècle mouvementé où l’histoire familiale s’entrechoque avec la grande histoire.

La Russie, tel un ours après un long hiver, se réveillait en moi. Une Russie impitoyable, belle, absurde, unique. Une Russie opposée au reste du monde par un destin ténébreux.
Oui, si à la mort de mes parents, il m’arriva de pleurer c’est parce que je me sentis Russe. Et que la greffe française se mit à me faire, par moments, très mal.

C’est remarquablement écrit, l’évocation de l’identité française comme celle de la Russie avec ses grandes steppes, l’immensité de ses horizons, parfaitement transcrites, pleines de poésie. Le récit parfaitement maîtrisé réserve une surprise finale, fermant le cercle… et donnant presque envie de recommencer au début.

Andreï Makine est un écrivain français né en Sibérie en 1957. En 1987, à la faveur d’échanges culturels entre la France et la Russie, il demande et obtient l’asile politique, puis la nationalité française en 1996.

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