La plaisanterie – Kundera

Kundera nous ayant quitté il n’y a pas longtemps, j’ai eu envie de le relire, et j’ai trouvé dans ma bibliothèque celui-ci, que j’ai donc lu il y a très longtemps. J’avais gardé un bon souvenir de cet auteur.

La plaisanterie, c’est celle que Ludvik fait à une jeune fille pour faire son intéressant, en lui envoyant une carte postale (sans enveloppe) avec ce texte : L’optimisme est l’opium du genre humain ! L’esprit sain pue la connerie. Vive Trotski ! Ludvik.

Sauf que dans la Tchécoslovaquie de l’après-guerre, communiste jusqu’au bout des ongles, le texte ne passe pas du tout. Ludvik, jeune étudiant brillant et membre actif du Parti (bien qu’intérieurement, il n’est pas dupe de la propagande), va se faire exclure du Parti et de l’université, et enrôlé de force dans l’armée avec les « noirs » (les déviants politiques et autres ennemis de classe).

Bien des années plus tard, Ludvik revient dans sa ville natale, pour y retrouver Helena la femme de Pavel, celui qui l’a exclut du Parti : il l’a séduite et compte bien se venger ainsi. Mais tout ne se passera pas comme prévu, il va croiser de vieux amis : Jaroslav, un musicien attaché aux traditions populaires, et aussi Kotska, resté croyant malgré le communisme. Sans oublier la coiffeuse Lucie, qui va réveiller chez Ludvik un pan oublié de son passage à l’armée…

Le roman est divisé en chapitres où le narrateur change, et le passé nous sera ainsi restitué par chacun d’eux. La version de Ludvik sera ainsi contrebalancée par le récit des autres personnages, montrant combien la même histoire peut être différente selon l’un ou l’autre, tout comme l’idée que l’on peut se faire de la personnalité des autres, fussent-ils nos amis.

Ludvik n’apparaît pas comme quelqu’un de très sympathique au final, et si le roman n’est pas noir, il est au moins gris ! Entre les relations des gens entre eux, et le monde sclérosé dans lequel ils vivent, on comprend qu’il était temps que le Printemps de Prague arrive dans ce pays.

Milan Kundera (1929-2023) est un écrivain et dramaturge tchécoslovaque naturalisé français. Il a reçu le prix Médicis étranger en 1973 pour « La vie est ailleurs », et le grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre en 2001.

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