Quatre heures vingt-deux minutes et 18 secondes – Lionel Shriver

J’ai entendu parler de ce roman à la petite librairie. L’idée d’une critique de la bien-pensance autour du sport et de la performance n’étant pas pour me déplaire, et connaissant l’auteur par un film choc (voir plus bas), je n’ai pas hésité longtemps.

C’est donc l’histoire d’un couple de soixantenaires dont la femme a toujours fait du sport, mais de manière individuelle et à l’encontre des modes ; hélas, les genoux de Serenata l’empêchent désormais toute pratique suivie. C’est le moment que choisit Remington, qui vient de se faire licencier, pour lui annoncer qu’il va faire un marathon, lui qui n’a jamais pratiqué le moindre sport.

Il va s’en suivre une lente dérive du couple à l’entrée du troisième âge : eux si complices habituellement ne vont plus pouvoir communiquer, d’autant que Remington va aller plus loin avec l’assistance d’un coach en visant un triathlon, jusqu’à mettre sa santé en danger.

L’ensemble est assez drôle, et la critique de tout ce qui circule autour du sport assez bien vue. Entre les messages du type « n’écoute pas ton corps, seule ta volonté compte », l’effet de groupe d’où les autres sont forcément exclus, le business généré et l’argent dépensé, le portrait global est assez acerbe et sans pitié. D’autant que d’autres sujets de société sont abordés dans l’histoire, comme le wokisme ou la religion, avec le même regard critique.

Le ton est assez inégal toutefois, on oscille parfois entre la caricature et de petites phrases bien senties, ce qui fait que l’on décroche parfois, mais l’ensemble vaut largement le détour.

Lionel Shriver, née Margaret Ann Shriver en 1957, est une femme de lettres et journaliste américaine. Elle change son prénom à 15 ans car elle se sent un garçon manqué. Elle est l’auteur de « We need to talk about Kevin », dont j’ai vu l’adaptation au cinéma : un récit très dur sur la relation d’une mère avec son fils qui va commettre l’irréparable dans un lycée. Film choc, comme doit l’être le roman.

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