La génération de l’utopie – Pepetela

Livre recommandé par François Busnel dans la petite librairie, avec cette histoire relatant la désillusion de jeunes Angolais après la révolution et l’indépendance acquise dont le titre m’a tout de suite interpelé. Et je n’ai pas été déçu, c’est passionnant de bout en bout.

Sara, Aníbal, Malongo, Vítor et Elias sont étudiants angolais à Lisbonne, quand les premiers mouvements de libération armés apparaissent en Angola (1961). Le milieu étudiant est en ébullition à la Maison des Étudiants de l’Empire, sous l’œil du PIDE, la police politique du gouvernement Salazar.

Sara, étudiante en médecine, sort avec Malongo, joueur de foot semi-pro, plus intéressé par la fête et les filles que par la politique. Sara est très lucide et clairvoyante (sauf en amour) mais est tenue un peu à l’écart en tant que femme de ce qui se trame dans les coulisses de la Maison des Étudiants. Anibal, qui après une licence d’histoire et de philosophie, effectue son service militaire obligatoire, va devoir fuir rapidement pour éviter de partir se battre contre son pays natal. Vitor lui, échoue à ses examens et étudie peu, s’intéresse à la politique mais sans vraiment s’impliquer, et souffre du racisme montant à Lisbonne. Quant à Elias, qui ne fait pas vraiment partie du groupe, il vit dans un foyer protestant en dehors de Lisbonne ; c’est un intellectuel, politisé, et justifiant la violence nécessaire à la révolution.

Le roman se divise en quatre parties qui englobent une période de 30 ans, du début de la lutte armée (1961), jusqu’aux accords de paix après la guerre civile entre différents groupes révolutionnaires comme le MPLA et l’UNITA (1991), en passant par l’indépendance après la chute du gouvernement Salazar et la révolution des œillets (1975). Nos cinq personnages, avec chacun son parcours, se retrouveront tous à Luanda, la capitale de l’Angola, à la fin de l’histoire.

Roman passionnant, retraçant l’itinéraire de ces jeunes pleins d’espoir pour leur pays natal, et qui verront peu à peu leurs belles idées d’indépendance, de justice et d’égalité se fracasser face à la réalité. Cinq destins très différents, et une fresque pour laquelle on se passionne, car si elle est historique elle sait rester au niveau des individus qui la composent.

Pepetela, de son vrai nom Artur Pestana, est né en 1941 à Benguela et est un écrivain angolais. Après des études au Portugal il s’exile à Paris et à Alger. En 1960 il s’engage dans la guerre d’indépendance avec le MPLA et en 1975 il est nommé Vice-Ministre de l’Éducation. Professeur de sociologie et écrivain, il a publié une quinzaine de livres. En 1997, le Prix Camões, le plus important prix littéraire de la langue portugaise, lui a été décerné pour l’ensemble de son œuvre.

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