Le livre d’Ebenezer Le Page – Gerald Basil Edwards

J’aime cette collection « Les grands animaux » de la maison d’édition « Monsieur Toussaint Louverture ». Aussi quand la libraire de Concarneau m’a conseillé ce roman, je l’ai pris.

C’est l’histoire d’une vie, la sienne, que nous raconte Ebenezer Le Page, alors qu’il est âgé de 80 ans et sent que la fin approche. C’est un pur habitant de Guernesey, l’île anglo-normande qu’il n’a jamais quitté. Il a vu passer la 1ere guerre mondiale, y a échappé tout en voyant des amis partir pour défendre l’Angleterre, et certains ne pas revenir… La seconde guerre mondiale verra les allemands occuper son île chérie qui va ensuite se transformer avec le tourisme à l’époque moderne. Les noms de lieux et de rues sont en français, héritage du duché de Normandie, et les habitants parlent un patois où le vieux français se fait sentir.

Ebenezer a du caractère, c’est le moins que l’on puisse dire, a mené une vie solitaire, athée au milieu de cathos, anglicans et méthodistes ; il assume son indépendance, sans prétendre être ni intelligent ni parfait, et est souvent assez réactionnaire, dans le sens où « c’était mieux avant ». Les cancans de l’île sont racontés avec force détails, histoires de familles, de mariages, de fâcheries, de générations… Y compris son histoire d’un amour qui n’aboutira pas avec la belle Liza Quéripel, ou la mort de son ami d’enfance Jim qu’il n’oubliera jamais (il oublie peu de choses il est vrai), ou encore la difficulté à vivre de son cousin Raymond, travaillé par des amours interdites… À travers tout cela, c’est la vie de l’île qu’il nous raconte, avec son franc-parler, ses jugements sans appel, sa franchise aussi, et son humour jamais très loin.

La fin est particulièrement émouvante, quand Ebenezer se met en quête de trouver un héritier, lui qui n’a plus de famille hormis des cousins au troisième ou quatrième degré. Il va les voir pour les jauger, sans qu’aucun ne trouve grâce à ses yeux. Mais il finira par trouver la bonne personne, et cette rencontre finale est vraiment très belle.

Gerald Basil Edwards (1899-1976), né à Guernesey, est un auteur britannique dont cet ouvrage est le seul livre. Il l’écrit à la fin de sa vie, alors qu’il vit en ermite, sans réussir à le faire publier. C’est un ami qui y parviendra quelques années après sa mort, et le livre connaîtra le succès.

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