Ici et maintenant – Jim Thompson

Jim Thompson est l’un de mes écrivains de polar préférés, et profitant d’un creux dans ma liste de lecture, j’ai repris celui-ci sur son étagère, en ayant gardé un bon souvenir lors de sa première lecture. J’en parle dans cet article.

Il s’agit du premier roman de l’auteur, et ce n’est pas un polar, mais plutôt une chronique semi-autobiographique de sa vie dans les années 40. Le titre « zen » cache un quotidien d’une tristesse absolue, Jimmie se démène pour tenter de boucler les fins de mois, sans grand succès, vivant dans une petite maison avec sa femme, ses trois enfants, sa vieille mère et sa sœur.

Il travaille comme magasinier dans une usine d’aviation (c’est le début de la guerre) et nous fait partager ses relations avec ses collègues et ses chefs, allant jusqu’à nous expliquer comment sont gérés les stocks de pièces détachées, en quoi le système n’est pas fiable, et comment il décide de l’améliorer. Mais aussi sa peur de voir son passé communiste ressurgir, qui le ferait renvoyer immédiatement. On ne peut pas dire que ce soit passionnant, mais cela dresse le décor et l’ambiance.

Car les maigres dollars qu’il gagne sont absolument nécessaires à maintenir un semblant d’équilibre au foyer, où les tensions s’accumulent… Jimmie a connu une période plus faste en écrivant quelques nouvelles, puis a perdu le fil, l’alcool n’aidant pas à résoudre son mal de vivre dans cette société qu’il ne comprend pas. Comme sa mère, qui ne comprend pas pourquoi il n’écrit pas à nouveau (comme s’il pouvait écrire sur commande)…

Tout cela donne un roman très sombre, chargé d’un poids et d’une tristesse qui accable tout le monde sans espoir d’en sortir. Il se passe peu de choses en fait, si ce n’est le quotidien d’une famille pauvre. Il faudra attendre les dernières pages et même les toutes dernières lignes pour savoir comment cet épisode de sa vie se termine.

Jim Thompson (1906-1977) est un écrivain de romans noirs américain. Il est aussi scénariste de cinéma. Côté français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a été adapté d’un de ses romans, « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer »  ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » et « The killer inside me » (« Le démon dans ma peau » ) comme autres adaptations connues.

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