Au loin – Hernán Díaz

Je suis tombé sur ce bouquin par hasard, et en lisant le résumé, cela m’a paru original, avec cette histoire de géant suédois perdu dans le grand Far West et faisant la route en sens inverse de la Californie vers New-York.

Et l’impression a été confirmée, on se demande bien ce qui se passe dans cette histoire pour le moins atypique. L’auteur a pris le parti de décrire le monde à travers les yeux de son héros, et comme ledit héros sait à peine où il se trouve, ne parle pas la langue du pays, et qu’au fil de ses aventures il est amené à fuir les hommes… On se retrouve vite dans une sorte de no man’s land où il s’agit simplement de survivre.

Håkan, fils de paysans suédois, totalement inculte, doit émigrer aux États-Unis avec son frère aîné, direction New-York. Mais il se perdent sur le port de Portsmouth, et Håkan embarque sur le mauvais bateau, à destination de la Californie ! À la fois naïf et totalement perdu, ne parlant pas un mot d’anglais, il est tour à tour pris en charge, utilisé, ou fait prisonnier sans comprendre grand chose à ce qui se passe. Et le lecteur à peine plus !

Sa rencontre avec Lorimer, humaniste scientifique lui est salutaire, il apprend des rudiments d’anglais, des connaissances anatomiques et chirurgicales, et acquiert les moyens (un âne et une mule) de vraiment démarrer sa longue route vers l’Est et New-York. C’est quand il va croiser les colons sur la piste que tout va à nouveau basculer : Håkan, véritable force de la nature et doux comme un agneau, va devoir défendre sa peau et tuer pour survivre. Il devient malgré lui un homme recherché pour meurtre : dès lors, approcher des villes devient dangereux, et la quête vers New-York impossible. Débute alors une longue errance, en mode survie, jusqu’à une dernière rencontre qu’il l’emmènera en Alaska. Une fois là, Håkan prendra une nouvelle décision…

L’histoire a donc le mérite d’être originale, mais on reste tout de même largement sur sa faim. Finalement on ne sait rien des contrées traversées : je m’attendais à ce qu’il croise des tribus indiennes, mais les plaines sont mystérieusement désertes. La solitude d’Håkan finit par peser sur le lecteur : son mode de (sur)vie n’offre que peu d’intérêt et est assez répétitif, constituant l’essentiel d’un récit où les rares événements extérieurs auxquels il est confronté manquent singulièrement de contexte et de crédibilité.

Hernán Díaz, né en 1973, a été finaliste du prix Pulitzer de la fiction pour ce premier roman. Il explique :

Est-ce que la question de la nationalité importe encore quand on arrive nulle part ? J’ai été un étranger toute ma vie. Je suis né en Argentine, que j’ai quittée à deux ans pour la Suède, suivi d’un bref retour en Argentine, avant de partir pour Londres, puis New York où je vis depuis vingt ans. C’est une question qui me tient à cœur.

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