De sang froid – Truman Capote

De sang froid - Truman Capote Voilà le premier bouquin que j’ai lu pendant le voyage. Un terrible fait d’hiver survenu dans les années 50 aux Etats-Unis attire l’attention de Truman Capote. Ce dernier se rend sur place, consulte les rapports, interroge les témoins (puis les accusés), et écrira à partir de ces matériaux une oeuvre de non-fiction, un roman réalité, « a non novel novel ».

Nous sommes  en plein Middle West, et la première partie du roman décrit admirablement l’Amérique « idéale » de cette époque : une petite ville, des fermiers, (certains) riches mais travailleurs, honnêtes, aux valeurs morales fermement établies, et très croyants. Seul l’ennui semble pouvoir émerger de ce monde fermé. Et puis l’horreur qui survient : un quadruple meurtre, une famille entière, sans mobile apparent.

Truman Capote s’attache a un récit journalistique. L’enquête, difficilement, finira par aboutir, et les auteurs du crime, Perry Smith et Dick Hickock, seront finalement arrêtés. Il décrit alors leur profil psychologique, leur enfance, ces personnalités fragiles, terriblement amochées par la vie. On ne ressent finalement qu’une immense peine pour ces deux personnages, paumés, et qui ont commis l’horreur, sans trop savoir pourquoi. Puis vient le procès, dont le titre du roman révèle l’issue. On s’interroge finalement sur la fragilité d’une personnalité, sur notre société et ce qu’elle peut générer.

Truman Capote (1924-1984), de son vrai nom Truman Streckfus Persons, est considéré comme un grand écrivain américain. Il n’écrira qu’une quinzaine de nouvelles, et De sang froid sera son chef d’oeuvre. Norman Mailer dira de lui :

Truman Capote est aussi acerbe qu’une vieille fille de soixante ans, mais à sa façon c’est un petit mec qui a des couilles… et l’écrivain le plus parfait de ma génération : il écrit les meilleures phrases, où chaque terme, chaque rythme est soigneusement pesé.

A propos de « De sang froid », Truman Capote écrira :

Perry et Dick ont été pendus mardi dernier. J’étais là parce qu’ils me l’avaient demandé. Ce fut une épreuve atroce. Dont je ne me remettrai jamais complètement.

Déçu tant par sa carrière que par sa vie, il devient très dépendant de l’alcool et de la drogue. Malgré des cures de désintoxication (sans succès), il meurt à Hollywood en 1984 d’une surdose médicamenteuse.

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