Boussole – Mathias Énard

Livre offert pas des amis, un prix Goncourt ça rassure, et qui parle de l’Orient, ça devrait être bien.

Franz Ritter, musicologue épris d’Orient (mais aussi et surtout de Sarah), passe une nuit blanche et revient sur ses voyages et son amour impossible avec la fameuse Sarah, chercheuse et spécialiste des rapports entre l’Orient et l’Occident.

L’occasion d’évoquer les personnages célèbres ou les illustres inconnus qui ont participé à ce « melting pot » au fil du temps, qu’ils soient musiciens (Litz), ethnologues, écrivains (Flaubert), poètes (Hafez)… En passant par la Turquie, la Syrie, l’Iran…

Franz tisse une toile passionnante où tout s’entremêle, et dont il est finalement difficile de dire qui a influencé qui, tellement les influences sont multiples et croisées. La grande Histoire est aussi présente, les empires, la religion, jusqu’à l’époque récente où l’EI détruit les tambours et les trompettes comme symboles de la musique occidentale, alors que leur origine remonte à l’empire ottoman…

Parmi les personnages évoqués, j’ai noté avec surprise Gurdjieff, dont j’ai lu quelques bouquins quand j’étais jeune et à la recherche d’ésotérisme… S’il était orientaliste, c’était aussi probablement un escroc, ou à tout le moins un manipulateur. Je me souviens de son livre « Rencontre avec des hommes remarquables« , dont a été tiré un film de Peter Brooks (que je visionnerais bien). Je n’étais par contre pas allé au bout de « Récits de Belzébut à son petit-fils« , un peu trop mystique à mon goût ! Pour compléter le sujet, à l’époque j’avais aussi lu « Fragments d’un enseignement inconnu« , d’Ouspensky : c’était un disciple de Gurdjieff, et il y détaille son enseignement…

Est aussi mentionné, et cette fois à plusieurs reprises, Annemarie Schwarzenbach. Je ne l’ai pas compris tout de suite, mais il s’agit de Christina, la compagne de voyage d’Ella Maillart dans La Voie cruelle. Sa vie n’a pas été simple (addiction à la morphine), mais c’était une grande voyageuse et dotée d’une grande sensibilité. Elle a écrit plusieurs récits, comme « Où est la terre des promesses ? avec Ella Maillart en Afghanistan » ou « Hiver au Proche-Orient » qui méritent sans doute d’être lus… Je le note dans ma liste !

S’il y a deux ou trois moments où j’ai trouvé que le fil de la narration se détendait un peu, l’ensemble reste passionnant, et l’auteur fait preuve de beaucoup d’érudition.

J’ai bien aimé l’anecdote de la boussole qui indique l’Est, ce qui trouble beaucoup Franz, jusqu’à ce qu’on lui explique qu’il y a en fait deux aiguilles, la vraie cachée sous un double-fond, et la fausse décalée de 90° ! J’aimerais bien avoir une boussole semblable, mais qui indique l’Ouest… je veux dire la Bretagne !! 😉

Mathias Énard, né en 1972 à Niort, est un écrivain et traducteur français, qui a reçu le prix Goncourt pour ce roman en 2015. Formé à l’école du Louvre, il a suivi des études d’arabe et de persan, et passé plusieurs années au Moyen-Orient. Le style littéraire de Mathias Énard est souvent décrit comme « érudit ».

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