Pour qui sonne le glas – Ernest Hemingway

C’est après avoir regardé un documentaire sur la guerre d’Espagne, La tragédie des brigades internationales sur Arte, que j’ai eu envie de lire ce livre. J’avais aussi noté « Aventures d’un jeune homme » de John Dos Pasos, mais de ce que je lis à son sujet, c’est un peu daté.

Et c’est aussi ce que l’on peut remarquer avec celui-ci : écrit en 1940, le style est vraiment différent de ce que l’on pourrait écrire aujourd’hui sur un tel sujet. Mais la magie opère, on se laisse tout de même prendre par le récit, malgré une première partie un peu lente.

Les dialogues entre les personnages sont particulièrement directs, est-ce parce que les personnages sont rustres ? ou est-ce l’éventualité d’une mort prochaine qui apporte cette urgence et ce besoin de vérité ? Cette proximité et les questionnements qu’elle soulève sont captivants.

Les personnages prennent corps peu à peu, entre Roberto l’américain venu se battre par idéal et ces paysans espagnols qui se battent pour une République qu’ils connaissent à peine. Roberto est envoyé par l’armée républicaine pour faire sauter un pont, et a besoin de leur aide, mais l’opération est rendue dangereuse car elle doit se faire absolument le matin, ce qui rend la fuite périlleuse.

Le coup de foudre entre Roberto et Maria la jeune et belle espagnole opère dans cette urgence que le danger implique. Les hommes boivent beaucoup de vin et s’expliquent durement… Mais l’on s’ennuie tout de même un peu dans cette première moitié de roman.

Les choses sérieuses commencent lorsqu’une patrouille passe près de leur camp. Les réflexions sur la mort, sur l’acte de tuer d’autres hommes, et peut-être d’aimer le faire, travaillent Roberto… Un autre camp de partisans est attaqué, et massacré sans qu’ils n’interviennent car l’objectif stratégique c’est le pont. On est alors pris par le récit et l’action, jusqu’à ce que le glas sonne…

D’ailleurs, le titre vient d’un texte de John Donne présenté en exergue du roman, dont voici la fin :

La mort de tout homme me diminue, parce que je suis solidaire du Genre Humain. Ainsi donc, n’envoie jamais demander : pour qui sonne la glas ; il sonne pour toi.

J’en ai profité pour regarder le film qui en a été tiré, et qui date lui de 1943, réalisé par Sam Wood. Il est assez fidèle au roman, mais très prude sur la relation entre Roberto et Maria… C’en est d’ailleurs assez amusant quand on compare les scènes décrites ou plus souvent manquantes à ce sujet ! Toujours est-il que le film n’a pas le charme du roman, ni sa profondeur.

Ernest Hemingway (1899-1961) est un écrivain, journaliste, et correspondant de guerre américain. Il participa à la guerre d’Espagne comme journaliste aux côtés des républicains, et écrira ce roman par la suite. Si l’on en croit la page wikipedia, il se fâchera avec son grand ami John Dos Pasos lors de la mort suspecte de l’écrivain José Robles Pazos attribuée aux Staliniens. Son analyse de la guerre d’Espagne, sa compromission locale avec la propagande stalinienne et l’absence d’aide d’Hemingway face à la disparition de son ami, insupportent Dos Pasos.

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