Abraham et fils – Martin Winckler

Cadeau d’un ami… L’auteur est connu, j’avais il y a longtemps tenté de lire « La maladie de Sachs » pour m’arrêter assez vite.

J’ai donc été dans un premier temps agréablement surpris par cette histoire attachante, dans les années 60, de ce père médecin (forcément !) qui débarque dans une petite ville de province avec son jeune fils Franz, qui vient de sortir d’un coma et a perdu la mémoire de sa vie passée. Cela fera partie du mystère entretenu par le narrateur avant de nous en livrer les clefs.

Un narrateur aux multiples visages, puisque c’est parfois Franz qui prend sa place ; sinon, l’auteur reprend ses droits en nous avertissant dès le début qu’il connaît plein d’histoires, qu’il aurait pu en raconter une autre… Il interviendra parfois ainsi, sortant du récit sans ce que soit très pertinent à mon goût. « Les histoires, c’est la spécialité de la maison » est d’ailleurs la dernière phrase de ce roman.

Malheureusement, on s’ennuie assez vite dans celle-ci, pleine de beaux sentiments : le père bon médecin aux principes humanistes, le gentil fils plein de curiosité dans son monde en partie imaginaire, à la lisière de celui des adultes… Raconter des histoires c’est bien, avoir quelque chose à raconter c’est autre chose.

Les chapitres s’enchaînent à un rythme soutenu, ils ne font jamais plus de trois ou quatre pages, coupant parfois une action en son milieu. Chacun est affublé d’un titre assez convenu. À de demander si ce roman ne s’adresse pas aux adolescents…

Les journées se suivent et se ressemblent, le docteur Farkas et Claire son assistante se rapprochent, Franz et Luciane grandissent, les anecdotes se succèdent… Le sujet de la mort de la mère et du comas de Franz ne sont toujours pas abordées par le père qui s’y refuse. On apprend tout de même qu’il s’agit d’un attentat en Algérie…

Franz doit porter des lunettes, Franz va à la piscine, Franz est un grand lecteur de BDs et de romans d’aventures… Ah, le docteur Farkas lit le Canard enchaîné chaque semaine, preuve ultime que c’est un homme bien ! 😉 On finit donc par s’ennuyer un peu, il faut attendre le dernier tiers du livre pour qu’une histoire de résistants et d’une famille juive cachée dans la maison commence et apporte un deuxième souffle à cette histoire qui en avait bien besoin.

On passe alors du récit des adultes impliquées à l’époque dans l’histoire et cherchant à rétablir la vérité, à celle de l’enfant lisant le journal de la famille juive qu’il a trouvé caché dans le grenier. Pas mal, mais au final une énigme finalement assez banale, facilement résolue par le Sherlock Holmes local, père & fils réunis…

Franz est tout de même touchant avec ses interrogations d’enfant sur la vie, sur la mémoire… La mémoire qui est finalement le sujet de ce roman.

Martin Winckler, né en 1955 à Alger, de son vrai nom Marc Zaffran, est un médecin français connu sous ce pseudonyme comme écrivain. Il devient célèbre avec « La maladie de Sachs » (1998) qui reçoit le prix du livre Inter. À lire sa page Wikipedia, on se rend compte que ce roman est en partie autobiographique, le petit Franz étant le petit Marc. L’auteur nous promet d’ailleurs une suite…

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