La condition humaine – André Malraux

La condition humaine - André Malraux J’avais du lire ce roman à l’école, mais sans en garder le moindre souvenir. Vu le titre, je me suis dit que cela valait peut-être la peine de le relire.

Ce qui frappe d’entrée, c’est la difficulté de lecture : la construction des phrases est assez complexe, il faut parfois les relire pour comprendre ce que Malraux a voulu signifier. Je me suis dit que ça ne devait pas être facile à lire quand on est adolescent, l’Éducation nationale fait de drôles de choix !

Sinon, l’histoire en elle-même et la période historique m’ont plu : nous sommes en Chine, au début du siècle, et la lutte pour le pouvoir bat son plein : d’un côté Tchang Kaï-Chek et son armée nationaliste (Kuomintang) est en marche vers Shanghai, et de l’autre des révolutionnaires communistes sans moyens tentent de faire se soulever les ouvriers locaux. Au milieu, un français, Ferral, œuvre pour préserver les intérêts commerciaux (et coloniaux) dont il est à la tête.

L’histoire comporte plusieurs personnages que nous allons suivre, et qui auront des destins divers… Les révolutionnaires communistes ne feront pas le poids : Tchen, engagé dans la lutte, va donner sa vie pour la révolution en se faisant exploser sous une voiture qu’il croit occupée par Tchang Kaï-Chek. Kyo, qui dirige l’insurrection, va croquer sa capsule de cyanure pour échapper à la torture. Son père, le professeur Gisors, est un intellectuel, intoxiqué à l’opium, que tout le monde vient consulter, et qui représente le sage de l’histoire. Voilà ce qu’il dit sur la condition humaine, puisque c’est le titre du bouquin :

Il faut toujours s’intoxiquer : ce pays a l’opium, l’Islam le haschisch, l’Occident la femme… Peut-être l’amour est-il surtout le moyen qu’emploie l’Occidental pour s’affranchir de sa condition d’homme… […]
D’ailleurs, les hommes sont peut-être indifférents au pouvoir… Ce qui les fascine dans cette idée, voyez-vous, ce n’est pas le pouvoir réel, c’est l’illusion du bon plaisir. Le pouvoir du roi, c’est de gouverner, n’est-ce pas ? Mais, l’homme n’a pas envie de gouverner : il a envie de contraindre, vous l’avez dit. D’être plus qu’homme, dans un monde d’homme. Échapper à la condition humaine, vous disais-je. Non pas puissant : tout-puissant. La maladie chimérique, dont la volonté de puissance n’est que la justification intellectuelle, c’est la volonté de déité : tout homme rêve d’être dieu. […]
Un dieu peut posséder, continuait le vieillard avec un sourire entendu, mais il ne peut conquérir. L’idéal d’un dieu, n’est-ce pas, c’est de devenir homme en sachant qu’il retrouvera sa puissance ; et le rêve de l’homme, c’est de devenir dieu sans perdre sa personnalité…

Quant à Ferral, il va devoir rentrer en France pour essayer (sans succès) de sauver sa situation personnelle, qui seule lui importe. Au final, un roman somme toute assez passionnant, plus pour la période historique et la fameuse condition humaine des différents personnages, que pour le style. Le roman a reçu le prix Goncourt lors de sa sortie en 1933.

André Malraux (1901-1976), est un écrivain, aventurier, homme politique et intellectuel français. En 1924, il est arrêté au Cambodge pour trafic d’antiquités Khmer ! En 1936, il combat aux côtés des républicains espagnols… Il sera ministre de la culture sous De Gaulle, et ses cendres sont au Panthéon.

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