Merci Patron – François Ruffin

Merci Patron - François Ruffin Je ne peux que vous encourager à aller voir ce documentaire, j’y ai passé un très bon moment, et je n’étais manifestement pas le seul dans la salle : applaudissements à la fin de la projection, et de nombreux rires pendant. Jubilatoire !

François Ruffin, qui a collaboré longtemps à l’émission « Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet sur France Inter, habillé d’un magnifique tee-shirt « I ♥ Bernard », nous explique tout d’abord comment Bernard Arnault, PDG de LVMH, a mis au chômage beaucoup d’ouvriers du Nord de la France, en restructurant, démantelant, externalisant, etc… (on connaît la musique).

J’ai bien aimé le ton « second degré » de ce début, comme par exemple quand il tente de faire dire du bien de Bernard Arnault à une syndicaliste qui a retrouvé un boulot (mieux payé) d’ambulancier depuis son licenciement : « C’est quand même un peu grâce à lui que vous avez trouvé ce poste, non !?! »…

Puis commence la véritable histoire, celle du couple Klur, tous deux licenciés de l’usine qui fabriquait des costumes Kenzo (groupe LVMH), délocalisée en Pologne (mais on apprend au passage que la Pologne devient chère, et que la Grèce semble offrir un nouveau potentiel de marges…). Ils sont au bout du rouleau, leur maison est sur le point d’être saisie…

C’est là que Ruffin intervient, et va les aider à écrire une lettre à Bernard Arnault pour lui demander de les aider, sinon ils envoient des lettre aux médias pour leur raconter l’histoire… La somme demandée est d’environ 35 000 €.  Et ça marche ! On apprend d’ailleurs que le responsable sécurité/intelligence économique de LVMH, c’est un certain Bernard Squarcini !! Bref, un type est envoyé pour négocier, qui non seulement accepte le paiement mais promet en plus un CDI chez Carrefour à Monsieur Klur… Champagne !

Mais cet arrangement est assorti d’une clause de confidentialité très sctricte. Alors comment retrouve-t-on aujourd’hui cette histoire sur les écrans ? c’est là qu’on atteint les sommets de la rigolade, et la mystification totale de l’équipe LVMH… Allez voir ce documentaire pour le savoir ! 😉

Enfin… si vous trouvez une salle près de chez vous ! À Rennes, il passe au TNB. Et comme l’expliquait un article du Canard la semaine dernière, n’attendez pas trop de promotion pour ce documentaire dans les grands médias : LVMH est propriétaire des « Échos » et du « Parisien », et le magazine « Elle » (propriété du  groupe Lagardère) est trop « publicité dépendant » de LVMH. Frédéric Taddeï, sur Europe 1, avait bien invité Ruffin, le 23 févier, la veille de la sortie du film. Invitation rapidement annulée par la direction, à la stupeur de l’équipe (voir aussi le communiqué de la SNJ ici). Et comme cela commençait à jaser sur les réseaux sociaux, c’est finalement Jean-Michel Aphatie qui invita Ruffin le lendemain, pour que « l’auditeur ne soit pas dupe, et que la contradiction soit vigoureusement portée à l’encontre de Ruffin ». Autre manière de faire, « Le journal du dimanche » (groupe Lagardère) réussit l’exploit de dire du bien du film sans citer LVMH…

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