iPad, iBooks, iPod et le syndrome de Stockolm

iPad is iBad for freedom Apple a donc sorti son IPad il y a quelques jours…une tablette tactile, présentée par Steve Jobs comme le « chaînon manquant » entre l’iPhone et le MacBook. La presse a largement relayé l’information, et la sortie officielle est prévue pour mars 2010 (juin en Europe).

A cette occasion, quelques manifestants ont tenté d’alerter les invités sur le modèle d’Apple. Traduction non littérale de la pancarte :

Vous entrez dans une zone restreinte contrôlée par Apple où le logiciel libre, le partage et l’installation libre d’applications depuis Internet n’existent pas, sachant de plus qu’Apple peut à tout moment décider de modifier ou supprimer le contenu de votre appareil. Votre ordinateur est notre ordinateur.

iPas La Free Software Fondation considère de son côté que «c’est un énorme pas en arrière dans l’histoire de l’informatique». Non seulement Apple vous limite à ses applications de l’Apple Sore, mais en plus surveille l’utilisation que vous faites des films achetés, grâce aux MPT, comprenez Mesures Techniques de Privation (les fameux DRM ou Digital Rights Management sont devenus Digital Restriction Management).

Flop probable ou succès garanti ?

caractéristiques techniques de l'iPad Techniquement, ces tablettes offrent un intérêt très discutable : autant choisir un ordinateur portable que ce truc très limité : OS non multitâche, web sans flash, restriction des applications à ce que propose l’AppStore, pas de webcam…

Et le tout au tarif habituel d’Apple, c’est-à-dire plus cher que ce qu’offre la concurrence.

Les consommateurs que nous sommes se laisseront-ils charmer par la campagne marketing ? par le look Apple ? C’est possible, ce ne serait pas la première fois…

iBooks

Quant à l’utilisation comme e-book (lecture de journaux, de livres), ce qui semble être la cible principale du produit, son écran est de type LCD, comparable à celui d’un portable. C’est très surprenant : ce type d’écran génère rapidement une fatigue visuelle, et de nouvelles technologies équipent ce genre d’appareil, basés sur le papier électronique. À priori un très gros handicap pour emporter la mise.

Par contre Apple en profite pour présenter une nouvelle plate-forme de vente de livres en ligne : iBooks (pour l’instant réservé aux US !). On voit que le modèle marketing a plus d’importance que la qualité technique du produit.

L’iPod et le syndrôme de Stockholm

Des études marketing montrent que les clients d’Apple sont de vrais fans de la marque, loyaux et fidèles. Ils défendent leur iPhone chéri avec énormément d’énergie, ce dernier ayant pourtant de sérieuses limitations techniques, tout l’iPad. Strand de consulting compare leur comportement à celui du syndrome de Stockholm, où des otages une fois libérés et ayant subis de fortes pressions psychologiques, se mirent à défendre leurs ravisseurs.

Voilà quelques exemples types de réponses de ces fans inconditionnels, c »est assez rigolo et par la même occasion fournit une belle liste de limitations de l’iPhone :

  1. Le premier iPhone n’était pas 3G : pourquoi voulez-vous le 3G ? on peut très bien utiliser l’iPhone sans 3G, et ce réseau n’est pas particulièrement développé, ce n’est donc pas un problème.
  2. On ne peut pas envoyer de MMS : ça ne sert à rien, personne n’en envoie.
  3. On ne peut pas « faire suivre » un SMS : personne n’utilise cette fonction, c’est pourquoi elle n’a pas été incluse.
  4. L’appareil-photo est de piètre qualité : l’appareil-photo est parfaitement adapté et l’iPhone prend de magnifiques photos.
  5. Ce n’est pas un vrai Smartphone, il n’est pas multi-tâches : l’iPhone a toutes les fontions nécessaires et l’OS est techniquement supérieur à celui des autres Smartphones.
  6. L’iPhone ne peut pas faire de multi-tâches, et par conséquent un grand nombre d’applications sont inutilisables : l’absence de multi-tâches est une décision délibérée pour rendre l’interface plus rapide.
  7. On ne peut pas changer la batterie de l’iPhone : combien d’utilisateurs se balladent avec une batterie de rechange ? aucun ou si peu…
  8. Apple décide des applications que vous pouvez installer sur l’iPhone : c’est parfait, ainsi Apple vous garantit que vous n’installerez pas de mauvais programmes sur votre téléphone.
  9. L’univers de l’Apple Store est fermé : Apple sait ce qui est bon pour les utlisateurs.
  10. L’iPhone ne supporte pas Java, et les jeux doivent donc être développés spécifiquement pour lui : Java est lent et s’intègre mal aux téléphones portables. Les jeux pour l’iPhone sont meilleurs pour la même raison.
  11. L’Apple Store contient de nombreux petits programmes commerciaux simplistes : l’Apple Store fournit un grand choix de programmes qui offrent à l’utilisateur une grande liberté de choix, et les petits programmes lui rendent la vie plus facile au quotidien.
  12. Il est difficile d’utiliser l’écran tactile pour l’envoi de SMS rapides : l’écran tactile rend l’utilisation de l’iPhone plus facile et vous vous y habituerez rapidement.
  13. L’iPhone est un téléphone offrant peu de technologie et avec un design lisse : Apple a porté la combinaison du design et de l’interface a un niveau jamais atteint, et donc les spécifications techniques importent peu.
  14. La qualité du téléphone est faible, les appels souvent coupés et le réseau de mauvaise qualité : c’est un bon téléphone, les problèmes sont dus aux opérateurs réseaux et pas au téléphone.
  15. On ne peut acheter l’iPhone qu’à partir des opérateurs choisis par Apple : Apple a passé beaucoup de temps à sélectionner les meilleurs opérateurs.
  16. L’iPhone vise une niche de marché et ne sera pas capable d’évoluer : Apple a réussi un téléphone pour les personnes qui aiment ce design et sa simplicité d’utilisation.
  17. L’iPhone n’accepte pas de cartes mémoires : les iPhone offrent déjà suffisamment de mémoire et les utilisateurs peuvent choisir entre deux modèles.
  18. On ne peut pas installer son propre navigateur : le navigateur d’Apple est déjà tellement supérieur que vous n’avez pas besoin d’en changer.
  19. On ne peut pas utiliser l’iPhone comme un modem pour son ordinateur portable : les gens qui ont un iPhone n’ont pas besoin de portable quand ils se déplacent.
  20. Il n’y a pas de radio sur l’iPhone : vous n’avez pas besoin de radio puisque l’iPhone fournit iTunes, et iTunes offre un choix illimité de musique.

On navigue entre la mauvaise foi et l’argument marketing primaire… En résumé, Apple continue sur son modèle habituel : un produit assez fermé, voir volontairement bridé, en retard sur les technologies existantes, mais avec le look Apple accompagné d’une solide campagne publicitaire. Après tout, si ça marche, que peut-on leur reprocher ?

C’est plutôt aux consommateurs de se réveiller, et de faire un choix plus réfléchi.

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