Sur le voyage

carte du voyage Il est plus que temps de faire un petit bilan de mon voyage, ça fait quand même plus de six mois que je suis rentré maintenant ! J’avais pensé à faire cet article dès le retour, mais j’ai toujours repoussé, par peur d’énoncer des poncifs ou des généralisations oiseuses… Enfin, essayons quand même de partager cette expérience.

Au moins sur les aspects pratiques, le bilan est facile à faire ! Pas mal de trucs ne se sont pas passés comme je le croyais, certaines choses que j’avais préparé n’ont servies à rien. Cela je peux le partager facilement, et peut se révéler utile à d’autres.

Pour le reste, ce seront des impressions personnelles, et tout dépend forcément de ce que l’on cherche en voyageant. Un endroit peut vous plaire et ne plaira pas à un autre, et parfois sur une simple impression, un contact agréable ou pas. ll est donc dangereux d’en faire des généralités ou d’en tirer de grandes conclusions.

Le voyage est finalement avant tout une expérience personnelle, et c’est très bien comme ça.

La préparation

Le site VoyageForum est là, et il a réponse à tout ! Une véritable mine de renseignements, en français bien sûr, et si vous ne trouvez pas votre réponse, on répond à vos questions très rapidement. Ce sont soit des personnes qui ont voyagé, mais aussi beaucoup de français résidents à l’étranger, et qui connaissent bien le pays où ils se trouvent. Idéal pour préparer son voyage, et mesurer l’ambiance du pays.

Attention toutefois à la surcharge d’information, j’avais lu beaucoup de choses sur la route entre la frontière thaïlandaise et Siem-Reap, à tel point que je me disais que ce serait vraiment « chaud » : arnaques, route impraticable… Finalement tout s’est bien passé, la route était nettement meilleure qu’attendu (les travaux avancent)… et surtout elle était sèche. Le même parcours sous la pluie peut effectivement devenir très problématique. Quant aux arnaqueurs, ils étaient là bien sûr, mais tout se fait gentiment, et il suffit généralement de ne pas être trop pressé.

Le sac à dos

heureusement, on ne le porte pas souvent ! Mon sac à dos était trop lourd : quinze kilos, dont cinq de bouquins… c’était idiot, et un sac plus allégé facilite grandement les déplacements, même si on le porte pas si souvent que ça… mais à l’arrivée dans une gare routière, il peut être utile de faire mine de partir avec son sac sur le dos, histoire de faire baisser le prix du transport en moto vers l’hôtel !

J’ai trimballé un duvet sans jamais m’en servir : il y a toujours un hôtel ou une pension, et pour un trekking éventuel il est toujours possible d’en louer un. Trekking que je n’ai pas fait d’ailleurs, les 37° de température moyenne m’ont vite découragé de tout effort physique supplémentaire ! Et j’ai également promené une paire de chaussures de randonnées, tout aussi inutiles. En fait, je les mettais quand je passais d’une ville à l’autre… parce que j’avais du mal à les rentrer dans le sac ! sinon…

Finalement, le seul truc que l’on est content de trimballer pour rien, c’est la trousse à pharmacie. Concernant le paludisme, j’avais juste emporté une boite de Malarone à prendre en cas de crise. La prise de comprimés en préventif est très discutée… et discutable. C’est d’abord devenu prohibitif, et puis cela ne vous empêche pas de l’attraper. Pour un court séjour peut-être…

Moralité : réfléchissez bien avant le départ si ce que vous mettez dans le sac est bien indispensable…. si vous ne pourrez pas le trouver sur place : c’est souvent le cas, et nettement moins cher.

L’appareil photo

L’arme fatale… à son utilisateur ! c’est devenu tellement facile de mitrailler avec un appareil photo numérique pourvu d’une bonne carte mémoire que l’on en devient un peu esclave. On arrive vite à visiter un lieu avec dans la tête la préoccupation de réussir un bon cliché, de trouver le bon angle, au point d’oublier de se laisser imprégner par les lieux. L’expérience d’un car de japonnais ou coréens en est la représentation la plus aboutie, avec toujours le souci de poser devant le monument.

Quand j’étais parti en Inde en 1984, j’avais sciemment fait l’économie de l’appareil photo, afin de ne pas être étiqueté immédiatement comme touriste, et me disant que les souvenirs seraient aussi bien dans ma tête que sur la pellicule. Je pense que finalement l’idée n’était pas si mauvaise, en tout cas elle me laissait l’esprit libre. Mais aujourd’hui, comment imaginer revenir d’un tel voyage sans photos ? Il y a sûrement un équilibre à trouver, mais franchement, j’ai le sentiment d’en avoir abusé.

Les bouquins

Tristes tropiques - Claude Lévi-Strauss Concernant les bouquins, on trouve aussi dans les grandes villes des librairies proposant de faire un échange ou d’acheter un livre d’occasion, en langue française. Les goûts des autres voyageurs offrent d’ailleurs un choix très satisfaisant, chacun s’attachant fort naturellement à choisir un bon bouquin avant de partir !

Un autre solution est le livre audio, que l’on peut trouver facilement sur internet, et qui avec un balladeur audio offre de loin le meilleur rapport qualité-poids, ainsi qu’un choix très vaste.

J’avais également pris les guides dont je pensais avoir besoin, soit pour quatre pays (dont celui de la ThaÏlande de Lonely Planet qui est très épais). Ayant raccourci mon séjour, et annulé la case « Laos », j’ai trimballé ce guide dans mon sac tout le long du voyage sans m’en servir. Là encore, on trouve facilement sur place le guide du pays où vous allez. Ce sera plus certainement le guide du routard en langue française que le Lonely Planet, mais vu l’usage que je fais des guides, ça ne change pas grand chose : c’est surtout une base de référence pratique quand on arrive dans une nouvelle ville. Très vite on échange des infos (lieux, hôtels, etc…) sur place, et le guide est de moins en moins utilisé.

Le balladeur

Là aussi, je me suis pas mal trompé : j’avais emmené toute une collection de musique (sur le balladeur et sur la clef usb). J’en ai en fait très peu écouté. Marcher dans la rue là-bas avec un balladeur audio dans les oreilles relèverait de la bêtise, tant l’environnement vous sollicite. De plus on ne le maîtrise pas, et il est préférable d’y accorder son attention; c’est d’abord fortement recommandé en tant que piéton pour rester en vie, et puis l’on n’est jamais déçu du spectacle permanent qui s’y offre.

Le seul usage que j’en ai fait, et avec délectation, c’est d’écouter Michel Onfray et sa contre-histoire de la philosophie de l’Université Populaire de Caen, lors des longs transports en autobus de ville en ville. Le regard perdu devant le spectacle permanent de la vie derrière la fenêtre du car, on se concentre sur les leçons de philosophie énoncées avec talent par Michel Onfray. De cette manière, aucun trajet ne m’a paru trop long. Parcourir le siècle des Lumières, l’arrivée du matérialisme, la révolution française puis l’utopie libérale, la naissance du socialisme et de l’anarchisme tout en traversant la Cambodge ou le Vietnam n’est pas sans intérêt.

Astuce : pour ce genre de fichiers audio ne transportant que la voix, il est intéressant de les convertir en format mono – 24000 Hz – 32 kps : on divise ainsi la taille du fichier par quatre.

La clef usb

Il était hors de question de trimballer un ordinateur portable (fût-il ultra-portable), et j’avais opté pour la « framakey », une solution sur une simple clef usb qui permet de retrouver partout vos applications préférées et votre environnement (carnet d’adresse, favoris). Sur le papier, idéal. Dans le monde réel, dès le premier net-café, je me suis chopé un virus, rendant le lancement des applications impossibles. J’ai pu la régénérer une fois, et quelques semaines plus tard, je prenais un autre virus…

Il faut dire que les net-cafés là-bas sont soit hyper protégés (et n’acceptent pas que vous lanciez un programme de votre clef usb), soit de vraies passoires infectées de nombreux virus. Impossible de démarrer sur la clef usb (autre solution) car leur système permettant de compter le temps que vous avez passé sur le pc ne fonctionnerait pas. Bref une vrai catastrophe, et ne tentez pas de discuter informatique avec les personnes qui s’occupent de ces pc, ils sont juste là pour encaisser la plupart du temps. Une solution à la Google (Gmail, Google docs) reste sans doute la plus efficace.

Le Cambodge

sourires naturels Mon meilleur souvenir, c’est le Cambodge, qui sort à peine de l’époque terrible des Khmers rouges. La gentillesse de ce peuple, le dénuement dont ils sortent avec peine, les rendent très attachants. Ils se projettent encore peu dans le futur, vivent au jour le jour (ont-ils vraiment le choix ?), et préfèrent le hamac à la suractivité occidentale. Croiser une personne inconnue et échanger un sourire est encore naturel, et ce simple échange vous donne énormément de joie.

Le pays va vite changer. Les routes se construisent à grand train (chinois). La corruption est partout, le gouvernement infesté d’anciens khmers rouges qui ont tourné la veste à temps. Les ONG sont omniprésentes, et on apprend avec surprise qu’ils doivent payer le gouvernement pour obtenir l’autorisation de déminer. Ceux qui feront ensuite le déminage seront eux payés une misère pour risquer leur vie. Pendant ce temps, le responsable se déplace en 4×4 et dort dans un bel hôtel. Il en ressort une impression de « business », la machine à fournir des fonds fonctionne bien, et le système perdure, parfaitement intégré à l’économie locale.

le triumvirat du Cambodge

Le Vietnam

Mon avis sur ce pays est un peu mitigé. Si les paysages sont magnifiques et variés, j’ai eu un plus de mal avec les Vietnamiens (du nord !). Ces derniers sont de durs négociateurs, et je me demande si toutes ces années de communisme ne leur ont pas un peu atteint le cerveau. Ils ne pensent qu’à vous prendre le plus d’argent possible, et sans même se donner la peine de sourire. J’ai par contre passé quelques jours dans une petite ville du Sud (Ben Tre), hors des sentiers touristiques, et le contact était fantastique, même si la barrière du langage empêchait d’échanger plus que des sourires.

message subliminal

Même si cela ne voit pas (à part les immenses panneaux et les multiples drapeaux nationaux), c’est toujours un régime communiste aux commandes, et il y a toujours une fracture entre les gens du nord et ceux du sud (qui ont perdu la guerre). Les premiers sont déplacés dans le sud avec des avantages (un bout de terre, une maison), et ceux du sud ne peuvent vraiment compter sur l’État pour les aider. Et on ne quitte pas le pays comme ça, il faut de solides garanties pour qu’on vous laisse sortir.

Les apparences sont pourtant trompeuses, et on peut ne voir là qu’un pays parfait pour le tourisme. Comme me disait un Vietnamien en passant devant un carrefour empli de drapeaux nationaux : «pour aimer autant la couleur rouge, il faut être fou !». Le message est assez facile à décoder.

La Thaïlande

J’étais déjà venu plusieurs fois dans ce pays, le plus développé des trois, et qui offre tout ce que l’on peut espérer côté tourisme. Tout est prêt, disponible, pas cher, c’est presque trop facile, c’est du tourisme industriel, finalement sans surprise.

Honnêtement, j’ai un peu loupé ce pays, après deux mois de voyage, je commençais à saturer des déplacements, des hôtels, des sollicitations constantes et répétitives :  se promener dans les rues et se faire alpaguer constamment pour un restaurant, un massage, un souvenir, un tuk-tuk… j’en passe et des meilleures… à la longue, on finit par se demander ce qu’on fait là. De plus la saison pluie a commencé un peu plus tôt que prévu, autant de signes pour décider de rentrer.

Impressions

Le but du voyage, c’était avant tout de me changer radicalement les idées. Ça a été le cas, et ne serait-ce que pour cela, c’était super. Les trois pays sont à des stades assez différents de développement, avec leur propre histoire (plutôt chargée, au moins pour les deux premiers), et offrent donc de vraies différences.

La vie n’est vraiment pas chère. Il est donc facile de vivre confortablement pour un budget somme toute limité, ce dont ne se privent pas les occidentaux. Certains viennent même y préparer leur retraite. D’autres en profitent pour y faire ce qu’ils ne pourraient pas faire chez eux. L’image que l’on donne n’est pas forcément très reluisante : oisif, on se promène au milieu de gens qui triment pour assurer leur quotidien. Parfois en total décalage.

c'est beau, ça brille Côté religion, un doute m’assaille (!). Le bouddhisme est omniprésent, les moines pullulent et le moindre village perdu au fond de la campagne a son temple, construit avec de l’argent provenant de donations faites par les villageois, pourtant très pauvres. Car il est primordial que leur temple soit au moins aussi beau que celui du village voisin. Même s’il y a beaucoup de tape-à-l’oeil (tout ce qui brille n’est pas d’or), le contraste est parfois saisissant, et les marchands sont dans le temple, bien présents, profitant à fond de croyances fortement ancrées. Un petit moulage du bouddha vendu 0,99 baths en est une belle illustration : les moines font commerce sans vergogne.

la télé est partout La télévision est également révélatrice. Présente dans tous les cafés, les programmes de divertissements sont les mêmes que ceux qu’il y a chez nous, avec à peine un peu de retard, légèrement adaptés aux spécificités culturelles locales. Voir « la nouvelle star » version cambodgienne est plutôt inquiétant… Le chemin vers la société de consommation est le même pour tous, la propagande n’est cette fois pas que politique. La mondialisation est aussi culturelle, pour vendre les mêmes produits à tout le monde.

Je suis bien entendu très content d’avoir fait ce voyage. J’ai découvert de beaux pays, des gens calmes et souriants; la vie y est très abordable, et la nourriture excellente. Il faisait un peu chaud, j’aurai du choisir mes dates en tenant compte de ce critère, pour mieux en profiter… partir en décembre par exemple. L’Asie du sud-est est sans conteste un bel endroit pour faire un magnifique voyage.

Toujours est-il qu’une fois passé la phase « dépaysement », on se demande un peu ce qu’on fait là : on fait fonctionner l’industrie du tourisme, ok. On participe en fait activement à la mondialisation, amenant avec nous le mode de vie occidental, bousculant les modes de vies locaux. Et les forêts continuent de brûler, aussi bien au Cambodge qu’au Vietnam (qui n’en avait pourtant pas besoin), développement oblige.

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