Cambodge – page 2

Phnom Penh

12/12/2023 – J’arrive vers midi à Phnom Penh après une route sans problème, goudronnée, génial ! Je suis à l’hôtel Onederz très bien placé en plein centre, le long du Mékong, où j’ai pris un chambre avec A/C ça va faire du bien ! Je paie 59 € pour deux nuits, mais globalement ça les vaut : la chambre est fonctionnelle avec une bonne clim’, une belle salle de bains, même si les meubles se limitent à un lit et une table de chevet, et que la décoration est inexistante (murs blancs). Onederz est une chaîne d’hôtels, sortes de ruche pour routards (quelques chambres, beaucoup de dortoirs), super bien organisée, avec 3 ou 4 personnes à l’accueil en permanence, Il y a même une petite piscine au 4e étage, mais sans rapport avec le nombre de chambres et toujours pleine de monde (même le matin, on en trouve qui ont manifestement dormi là, après une nuit de fête).

Le midi, en attendant que la chambre soit prête (14h) je vais déjeuner au Noodle Home, recommandé sur le guide LP. Bonne adresse, une mama chinoise très amicale (main sur l’épaule) m’installe à une table, les pâtes fraîches sont faites sur la rue, et je me régale d’un plat de « yellow fried noodles » avec des légumes et du poulet. Ensuite, comme j’ai encore 30 minutes devant moi, je prends un café le long du fleuve. Et là, au moment de payer, le type m’annonce que 1 $ vaut 4110 Riels, alors que jusqu’à présent, partout le taux était de 1$ = 4000 Riels, ce qui facilitait les calculs. Les prix sont toujours affichés en dollars, et on te rend toujours la monnaie en Riels. Disons qu’à la capitale, la vie est plus chère !

Puis je rentre me reposer à l’hôtel, et le soir je sors un peu le long du fleuve, il y a de l’animation et du monde sur l’esplanade qui longe le fleuve, dommage que les terrasses des cafés soient de l’autre côté du boulevard, avec un trafic automobile intense, et la pollution qui va avec. Je prends une bière à 0,75$ en « Happy hour » : ça fait combien si je paie en Riels ? 😆

13/12/2023 – Levé à 7h du matin, petit-déjeuner en dehors de l’hôtel, puis je prends un tuk-tuk avec l’appli Grab (indispensable) pour aller aux Killing Fields. J’avais regardé le prix sur Grab et cherché un tuk-tuk en bas de l’hôtel mais ils me demandaient tous beaucoup plus cher. Je préfère utiliser Grab et laisser un pourboire, au moins je sais que je ne me fais pas arnaquer. Il y a beaucoup de trafic, et c’est assez loin : je sors le masque car quand on est bloqué à un feu à côté d’un camion, on se prend la pollution à plein gaz !

Les Killings fields, c’est intéressant, mais beaucoup moins fort que la prison S21 que j’avais visité en 2009. J’en garde un souvenir encore très présent, ce qu’ont fait les khmers rouges est vraiment terrible.

Au retour, je me fais déposer au « Russian market ». Les allées sont très étroites, la chaleur est étouffante, et on y trouve de tout. Je regarde un peu les tee-shirts (3$), mais la qualité laisse à désirer, et surtout c’est trop tôt dans le voyage, je ne vais pas commencer à alourdir mon sac-à-dos dès maintenant ! Je déjeune dans le marché, il y a plusieurs petits restaurants avec une bonne ambiance, celui où je vais est tenu par deux sœurs hyper efficaces !

Retour à l’hôtel avec un tuk-tuk local : il me demande 4$, je regarde Grab, c’est 2$, il descend à 3$, je lui propose 2,5$, il accepte. Le soir, je me promène à nouveau le long du Mékong, il y a plein de groupes de femmes qui viennent faire de la gym avec un prof qui amène la sono et une musique bien rythmée. L’ambiance est géniale ; si j’ai bien compris, c’est gratuit si tu veux te joindre au groupe, par contre si tu reviens, tu donnes un peu de sous au prof. Tout ça sur un beau coucher de soleil, c’est cool. De l’autre côté de la rue, il y a plein de bars et restaurants, mais j’ai vraiment du mal avec le trafic et la pollution de Phnom Penh. Je retourne dîner au Noodle Home qui m’a bien plu hier et qui est dans une rue adjacente un plus calme, puis je rentre à l’hôtel.

14/12/2023 – Levé de bonne heure encore, et je prends un excellent muesli à l’hôtel, accompagné d’un café. puis je file au musée national en tuk-tuk (5000 R). Le bâtiment est magnifique, et une fois à l’intérieur je me souviens l’avoir visité en 2009. L’entrée est à 10$, mais ça les vaut; les statues sont magnifiques.

Mike, le conducteur de tuk-tuk qui m’avait emmené aux Killing Fields hier, m’envoie un message WhatsApp pour me dire qu’il sera en retard, pris dans le trafic ?? En fait, la veille, on avait évoqué qu’il m’emmènerait au ferry de Koh Dach, une île au nord de Phnom Penh, ma prochaine étape. Mais on avait convenu de se rappeler le soir, et comme il habitait de l’autre côté des Killing Fields, je ne l’avais pas recontacté (et lui non plus). Il n’était pas très content, disant que l’on avait un accord. Je lui explique ma position, et que j’ai changé mon emploi du temps en allant au musée ce matin, et que s’il le souhaite toujours, je pars à midi pour Koh Dach et qu’il peut donc toujours m’emmener au ferry. Je n’aurai plus de réponse de sa part.

Je dois encore changer de l’argent, et finit par me retrouver au grand marché de Phnom Penh, dans un grand bâtiment Art-Déco construit par les français et ma foi bien entretenu.

Le marché central de Phnom Penh, construit dans les années 1930

Dans le dôme central, il y a des vendeurs de bijoux (l’endroit est assez surveillé !), et à l’entrée un type fait du change. Il a une belle boite en verre avec à l’intérieur plein de billets en plein de devises, tous bien rangés… J’ai toujours des euros à changer, je lui demande le taux pour des USD ou des Riels et après un rapide calcul, je choisis les Riels. Il essaie alors de m’avoir en me transformant d’abord mes euros en USD, puis en Riels ! Il va très vite, et me propose une liasse de Riels. Je refuse, et lui explique qu’avec un change directement d’euros vers les Riels, je dois avoir telle somme. Il me fait un signe comme quoi je fais bien marcher mon cerveau, et me rajoute la différence ! On échange de grands sourires avant de se quitter, mais il avait bien essayer de m’arnaquer… 😎

Koh Dach

Je prends donc à midi un tuk-tuk pour aller au ferry. L’endroit est complètement paumé, il n’y a pas de quai, et quand le ferry arrive, le chauffeur saute sur un scooter et disparaît. Il me fait tout de même un signe de tête affirmatif en passant à côté de moi quand je lui montre le ferry. Puis plus rien ne se passe, il fait chaud, je commence à me poser des questions… Un type arrive en scooter et attend comme moi. Communiquant par gestes, je lui demande ce qui se passe, et il me montre le chiffre « 2 » sur son smartphone ! Il est 13h30, ça fait déjà une demie-heure que je suis là, j’en conclue que le départ est à 14h… Et effectivement, le pilote revient à 13h55, encaisse le prix de la traversée (500 R, soit environ 10 centimes) et on traverse le fleuve Tonle Sap, le poumon du Cambodge. Nous sommes 4 passagers !

Une fois arrivé sur l’île de Koh Dach, je marche un peu pour rejoindre le « Koh Dach View Boutique Hotel ». Il n’y a personne à l’accueil, qui est un vrai foutoir avec des objets qui traînent partout. J’appelle « Hello ! », pas de réponse, puis j’aperçois un type dans un hamac près de la piscine ; je crie « Hello » un peu plus fort, toujours pas de réaction. Finalement, c’est une femme qui sort d’une pièce au fond et qui réveille le type. Ah les cambodgiens et la sieste, c’est toute une culture !

Je lui dis que j’ai réservé via Booking, il me demande quelle chambre je veux, sans consulter l’ordi sur le bureau, ni son tel !? En fait, il a l’air complètement perdu. Je lui lis la description de la chambre sur Booking, avec vue sur la rivière, etc… Il me dit alors que c’est la chambre 20, mais qu’elle n’est pas prête, il doit la préparer. Et il disparaît ! Son fils arrive, voit ma réservation Booking (il a l’air un peu plus « connecté »), et court rejoindre son père une fois que je lui ai expliqué la situation. 🙄 Je me demande où je suis tombé ! Bon, finalement on me donne ma chambre, elle est superbe, l’hôtel est chouette avec sa piscine au milieu. Je paie 73 € pour deux nuits, c’est plutôt cher, mais ça les vaut, sauf que je vois vite que les gérants sont totalement largués, absolument pas professionnels, et qu’à ce rythme l’hôtel va dépérir doucement mais sûrement.

Je m’installe et me repose un peu, puis j’emprunte un vélo à l’hôtel (gratuit) pour aller me promener un peu sur l’île, mais je ne vais pas très loin, le vélo est trop petit pour moi, la selle ne se remonte pas, et même rouler sur du plat se révèle fatiguant ! Je dîne à l’hôtel (il n’y a guère le choix de toutes façons), il y a là un couple de français et leur fille, avec qui j’échange quelques mots. La fille travaille à Phnom Penh, mais n’a manifestement pas très envie de discuter, les parents sont un peu plus ouverts. Apparemment, ce n’est pas très facile de travailler avec les cambodgiens dixit les parents. Je me dis que ce ne doit pas non plus être très marrant de travailler avec la fille !

15/12/2023 – Ce matin, je loue un scooter pour me promener sur l’île. Je mets de l’essence tout près de l’hôtel, et la nana m’arnaque manifestement, car je serai amené à remettre de l’essence avant midi, et pour la même somme je verrai la jauge aller jusqu’à la moitié alors qu’elle n’était allée que jusqu’au quart le matin. D’ailleurs la veille, quand j’étais retourné au Noodle Home (à Phnom Penh), je suis pratiquement certain que la serveuse m’a arnaqué au moment de payer (1$ la petite bouteille d’eau), j’aurais du demander la carte et vérifier le prix (y compris celui de mon plat), mais je n’ai pas eu le réflexe. Bref, si la plupart des cambodgiens sont souriants et honnêtes, il y en a quand même quelques uns qui profitent du touriste (la serveuse du resto était chinoise d’ailleurs) et du change Dollar vs Riels, jeu auquel ils sont très habiles et très rapides. Et quand tu demandes des explications, ils ne comprennent soudain plus un mot d’anglais, et t’abreuvent de khmer ! J’essaierai d’être un peu plus attentif à l’avenir, sans pour autant me prendre la tête vu les sommes dont on parle.

Je me promène donc sur l’île, c’est très champêtre et cela me repose de Phnom Penh, c’était le but. Je vais sur la petite île à l’Est de Koh Dach visiter la « Silk Island Garden » (2$ l’entrée), avec toutes les étapes du ver à soie jusqu’au métier à tisser de la fabrication des écharpes et autres foulards. Il y a bien sûr un magasin à la fin de la chaîne : 70$ l’écharpe en soie, 15$ pour celle en soie/coton. Je n’achète rien, c’est cher (mais le prix doit être correct j’imagine) et le lieu me paraît très artificiel, un attrape-touriste je trouve. L’après-midi je fais le tour de la grande île : il n’y a vraiment pas grand chose à faire à Koh Dach, même si c’est sympa de se perdre dans les chemins, les habitants sont authentiques : ils peuvent te sourire ou ne pas te calculer du tout.

Le soir, je suis le seul client de l’hôtel, mais il y a des cambodgiens qui viennent manger au resto. Ils sont très amicaux et bizarrement parlent anglais, il semble que l’un d’entre eux soit étranger ? Je déguste mon « fish curry » commandé le matin. Un chat miaule et monte sur les tables pour quémander de la nourriture, je l’écarte mais ils revient, et les patrons/gérants ne disent rien ; mais les clients cambodgiens à côté réagissent et s’excusent auprès de moi, chassant le chat et appelant le patron pour qu’il agisse : il est toujours aussi à l’ouest ! Puis je file dans ma chambre bouquiner, en souhaitant une bonne soirée aux cambodgiens, qui enfilent les bières les unes après les autres.

16/12/2023 – Au petit-déjeuner, je demande au fils de me préparer la note. Il revient avec une note assez fantaisiste, avec des plats à 25$, et je lui dit que ça ne va pas : c’est le père qui revient et s’excuse, c’est la note des cambodgiens ! Le fils revient ensuite avec la bonne facture. Ah j’aimerais bien savoir comment ils ont récupéré la gestion de l’hôtel ces deux-là ! Le lieu devait être exceptionnel au départ, et c’est encore pas mal, mais… Au moment de partir, le patron me dit que c’est mieux d’attendre le ferry ici, puisqu’on le voit de la terrasse qui est au bord du fleuve ; il sera toujours temps d’y aller quand on le verra entamer la traversée, et en plus il m’emmènera en scooter ! Pas de doute, ils sont sympas mais… comme j’ai lu sur le site Booking « It’s a downhill… ». Je reprends donc le ferry dans l’autre sens.

Mon problème est que je vais à Kampong Cham (vers le nord, le long du Mékong), et que j’aimerais éviter de retourner à Phnom Penh (au sud) pour attraper le bus. Le fils de l’hôtel m’avait indiqué un arrêt de bus, mais l’adresse se révèle fausse et ne gère que les colis (les bus au Cambodge font beaucoup de transport de colis en même temps que les passagers). Je prends un tuk-tuk et finalement arrive au bon endroit, à l’agence « Viram Buntham Express », assez près de l’hôtel Onederez où j’étais il y a 3 jours ! Pas de place avant le bus de 15h30 (9$ le ticket), alors je me promène dans le quartier ; je suis tout près de l’hôpital Calmette et retrouve l’hôtel Calmette où j’étais allé en 2009 : on voit encore le nom sur la façade, mais l’hôtel n’existe plus. Des images me reviennent, le patron était un vieil homme de type chinois, très respectable et sympathique, et l’hôtel était d’époque, avec de beaux escaliers en bois, etc… Au cours de ce voyage, je constaterai partout la même chose : revenir 15 ans plus tard dans un endroit est un peu illusoire, tout a changé et je ne reconnaîtrai rien la plupart du temps !

Je déjeune d’une soupe (pho) de poulet, on m’en amène d’abord une au bœuf que je refuse (personne ne parle anglais, je commande d’après les photos du menu), servie avec des pâtes : je ne mangerai que les pâtes et le bouillon, car les morceaux de poulets sont vraiment peu appétissants. Mais le bouillon était bon par contre. Prix 2,5$.

Puis je prends le bus pour Kampong Cham.

Kampong Cham

17/12/2023 – Je suis arrivé hier soir vers 18h, la nuit était tombée, et un tuk-tuk m’a emmené à la Phalla Riverside Guesthouse, un peu à l’écart du centre ville, et tenue par Thomas, qui a longtemps vécu en France. Je paie 42$ pour 3 nuits, c’est correct, par contre le matelas du lit en mousse n’est pas très épais. L’accueil est sympa, Thomas m’offre une bière et je rejoins la table où se trouve pas mal d’hôtes français (beaucoup de jeunes et un « expat »), l’ambiance est sympa. Puis je mange une soupe au bœuf (j’ai faim !) que Thomas va me chercher de l’autre côté de la rue, chez sa sœur qui tient un petit resto local.

L’expat’ s’appelle Dominique, et vit en Thaïlande à Chiang Mai. Et s’il est ici, c’est parce qu’il était marié à une Cambodgienne, dont il a eu un enfant, et qui l’a quitté pour revenir dans sa ville natale. Elle ne veut plus le revoir, lui est là « pour le gamin », et serait prêt à s’installer ici. Son rapport aux femmes n’a pas l’air très clair, il est très macho et assez grossier sur le sujet, et il a l’air de picoler pas mal (il est au whisky-coca quand nous sommes tous à la bière). Au fur et à mesure de la conversation, je me rend que c’est encore une caricature d’expat’ avec sa dose de complotisme habituel : il n’y a plus de démocratie en Europe, c’est la faute des ricains si Poutine a déclarer la guerre à l’Ukraine… Le type est bien informé, parce qu’il trouve toujours un angle d’attaque basé sur des faits réels, mais c’est toujours pour arriver à des conclusions qui valident la théorie du complot. À un moment, je lui sors un truc assez cassant sur ce que je pense de ce genre de raisonnement, et un froid s’installe entre nous. Je ne vais pas tarder à aller dans ma chambre, alors que lui et Thomas doivent aller en ville pour dîner.

Lever de soleil sur le toit de la guesthouse

Le matin, je me lève avec le soleil car hier soir Thomas m’a vanté le lever de soleil sur le toit de la guesthouse ! Après un bon petit-déjeuner (avec un vrai café cambodgien), je vais à pied au centre-ville (2,5 kms), et je retrouve sur le chemin une ambiance cool typiquement cambodgienne, ça fait du bien après Kampot et Phnom Penh. C’est dimanche, et les moines sont de sortie pour faire la quête hebdomadaire, on donne ce qu’on peut en fonction de ses moyens, du bol de riz à de l’argent sonnant et trébuchant :

À la terrasse d’un café, je discute longuement avec Ludwig, un allemand de mon âge, qui est au Cambodge pour 6 mois et semble bien connaître le pays. On parle notamment des méfaits des chinois à Sihanoukville dont j’ai déjà entendu parler : la ville est désormais à éviter hélas ! Ils ont tout bétonné, il y a une guerre entre deux mafias chinoises, bref ça craint. Tout va bien jusqu’à ce que Ludwig aborde le sujet du Covid : retour des « big-pharmas » à l’action derrière tout ça, en fait c’est un test de ce qu’ils pouvaient faire sur une population. Les morts du Covid, il n’en connaît pas, et les autres, ce sont des vieillards qui de toutes façons seraient morts d’autre chose. Je prétexte une course à faire et me sauve très vite.

Le soir, je me promène le long du Mékong, sur la « promenade des anglais » comme l’appelle Thomas. Il y a plein de monde qui sort à ce moment là, y compris les éternels groupes de femmes faisant de la gymnastique. Un père me présente ses deux enfants adolescents et leur demande de me faire la conversation pour qu’ils pratiquent l’anglais… Ambiance cool !

18/12/2023 – Premier matin où je ne me réveille pas tôt, c’est-à-dire à 8h, presque une grasse mat’ ! Hier j’ai beaucoup marché, et j’ai lu assez tard dans la chambre, car il y avait du bruit dans celle d’à côté, des cambodgiens apparemment, avec une petite fille très bruyante.

Sitôt le petit-déjeuner terminé, un copain de Thomas vient me chercher avec son tuk-tuk pour visiter le coin. Je pars avec un couple de touristes français qui sont en voyage pour 10 mois (Asie – NZ- Polynésie – Canada). Le guide (qui se fait appeler « beau gosse ») nous emmène sur son circuit : un village « éco-tourisme » , puis deux pagodes sur deux collines qui se font face : la colline de hommes et celle des femmes. Il y a bien sûr une légende qui se révèle plutôt favorable aux femmes, puisqu’elle acquièrent le droit de choisir leur mari et non l’inverse. À chaque fois, le guide nous dépose et nous laisse se débrouiller, service minimum et sieste maximale. Ensuite, il évite le temple le plus réputé en nous expliquant que c’est très cher, qu’il faut payer 10$ pour le visiter, qu’il y a des policiers partout, etc… Avec les deux français, on se demande si c’est la vérité ou si c’est simplement parce que « beau gosse » a faim, car il est déjà midi ? bref, il nous emmène directement dans un resto où l’on ne parle que khmer, où l’on va très bien manger d’ailleurs, et pour un prix très correct. L’après-midi on va sur l’île de Koh Pen qui offre peu d’intérêt (une pagode, des champs) et je dois demander pour qu’il nous montre le pont en bambou reconstruit chaque année. Mais on ne le verra que de loin, « beau gosse » a manifestement envie de rentrer. Il nous ramène à l’hôtel, chacun paie 10$ le tour. Bon, ça ne m’encourage pas à recommencer ce type de visite guidée : l’ensemble est assez bidon, le guide nous en apprend très peu, le village « éco-tourisme » c’est un tour des boutiques, etc… Autant louer un scooter et se débrouiller tout seul !

Je demande ma lessive à Thomas, et un tee-shirt a disparu. Après avoir tout vérifié, Baptiste, un français a récupéré son linge hier, et il l’a sans doute pris pour l’un des siens. Sauf que Baptiste et Chiara sa copine, avec qui j’avais discuté le premier soir, sont partis ce matin pour Kratie ! Thomas lui envoie un message WhatsApp : il y a bien eu méprise, c’est un tee-shirt Décathlon, et il a le même !! Coup de chance je vais aussi à Kratie demain : j’envoie les coordonnées de mon hôtel à Baptiste, qui va aller y déposer mon tee-shirt car ils seront déjà partis quand j’y arriverai. 😎

Je retourne en ville le soir, après une petite pluie d’orage qui ne dure pas. Je m’offre un rasage pour 1$, très bien fait, avec beaucoup de douceur. Puis je vais boire une bière, et un australien s’assoie à ma table et commence à me raconter une histoire, il a des écouteurs filaires dans les oreilles, et me paraît un peu bizarre, un peu speed. Il m’avoue avoir été trop loin avec les filles au Cambodge, puis est interrompu par un appel WhatsApp qui dure quelques minutes, puis il reprend son histoire et je me demande s’il va chercher à m’arnaquer ou bien s’il est camé ? Je profite d’un autre appel qu’il reçoit pour finir ma bière et partir rapidement.

Je dîne le soir sur une petite place avec plusieurs petites roulottes de cuisine. Au menu fried noodles with beef, suivi d’un excellent jus de fruit frais, le tout pour 3$.

Le conducteur du tuk-tuk qui me ramène à la guesthouse parle un peu français et connaît Thomas. Il me parle de l’époque des khmers rouges, il avait 8 ou 10 ans, il fallait travailler très dur, sans avoir assez à manger, et surtout se taire. Il ajoute qu’aujourd’hui, il faut toujours se taire, c’est dangereux de dire ce que l’on pense : au gouvernement, ce sont toujours d’anciens khmers rouges, ou leurs fils… Thomas me parle aussi beaucoup de la corruption qui règne, des chinois qui se paient tout à coup de bakchichs offerts aux politiques, comme à Sihanoukville : en échange d’une belle enveloppe, les chinois ont pris le contrôle de la ville.

Kratie

19/12/2023 – Je prends un minibus à 8h pour aller à Kratie. Je suis assis à côté du chauffeur, qui n’arrête pas de discuter avec une passagère : ça rigole beaucoup, l’ambiance est bonne, on longe le Mékong, la route en bon état. À l’arrivée, le chauffeur me demande mon hôtel et me dépose devant, sympa ! Le River Dolphin Hotel est un peu désuet, mais ça va, la chambre est correcte, avec A/C. Je récupère mon tee-shirt à l’accueil comme prévu, cool ! Le manager à l’accueil parle bien anglais, et a l’air hyper pro ! Je déjeune à l’hôtel d’un « vegetarian red curry », peu épicé, puis vais me reposer dans la chambre. Je ressors à 16h, et demande un tuk-tuk pour aller en centre-ville. J’avais lu cette info sur le net, et je me l’étais fait confirmer à l’arrivée. Heureusement, car quand je le demande c’est une autre personne et elle m’aurait bien fait payer.

Je me promène dans le centre-ville, et trouve un bar avec un « roof-top » pour profiter du coucher de soleil sur le Mékong. Il y a de la bonne musique dans le bar, tenu par des jeunes, l’ambiance à Kratie a l’air cool, et le moment vraiment très chouette.

Un coucher de soleil magnifique !

Je dîne au « Street Three » restaurant (ici les rues s’appellent street 1, puis steet 2, etc… simple et efficace). Le resto d’un très bon rapport qualité/prix, proposant des plats khmers un peu revisités, et je choisis un Lok-Lak au tofu-champignons. Bonne musique d’ambiance, un bon endroit avec des serveuses sympas. Sur le chemin du retour vers l’hôtel, je m’arrête dans un petit resto avec quatre tables sur le trottoir, pour boire un jus de fruit frais. Le patron s’assoie à côté de moi, il parle 3 mots d’anglais, mais on arrive tout de même à échanger un peu, c’est cordial et très sympa. Je me dis que depuis Kampong Cham, j’ai enfin retrouvé les vrais cambodgiens (souriants, calmes, gentils), et ça fait bien plaisir.

20/12/2023 – J’ai loué un scooter à l’hôtel ce matin, et je vais prendre mon petit-déjeuner à Street Three car ils proposent un vrai café du Mondolkiri plus une confiture de mangue maison… 😛 La musique esst vraiment bien, je leur demande ce que c’est, et la fille me répond que ce sont leurs playlists qu’on peut trouver sur Spotify (Street Three Morning, Street Three Evening, Street Three Safe fot Work…). Puis je vais changer des euros à la Canadian Bank, qui me refuse un billet avec une déchirure de 2mm au milieu que je n’avais même pas vu. Il faut vraiment faire attention aux billets déchirés ou tâchés, les banques sont très sévères à ce sujet. Le taux est de 4380 R, je vais à un bureau de change dans la rue, qui m’accepte le billet, et où le taux est de 4100 R.

Puis je pars pour Kampi, à une quinzaine de kilomètres au nord de Kratie. C’est le lieu où l’on peut louer un bateau et aller observer les dauphins de l’Irrawaddy, mais j’y vais pour me promener et je compte pas participer au dérangement de ces animaux, c’est mieux de les laisser tranquille je trouve. La route est horrible, avec pleins de trous et encore plus de poussière, j’ai dû remettre un masque, sinon ce n’est pas jouable. Je m’arrête à mi-route car le guide LP me signale une belle vue du haut d’une colline où se trouve un temple, mais des arbres masquent la vue ; l’endroit est quand même sympa, avec plein de statues du panthéon bouddhistes sur la colline. Arrivé à Kampi, il faut payer 2000 R pour garer le scooter, et 1000 R pour entrer dans la zone installée sur les bras du fleuve. L’endroit est par contre très beau et l’ambiance est cool.

Puis je reviens à Kratie. Sur la route, on peut voir de belles maisons typiquement cambodgiennes, tout en bois :

Je reprends le scooter en milieu d’AM avec dans l’idée d’aller me promener sur l’île en face Kratie, mais le ferry ne prends que les piétons, et il faudrait louer un autre scooter une fois arrivé de l’autre côté. Je laisse tomber. Je pars vers le sud le long d’un petit affluent au Mékong, et me promène dans de beaux paysages champêtres, avec les paysans en pleine activité, tous m’offrant de magnifiques sourires. Je passe un très bon moment, très paisible.

Retour en ville et je prends une bière de marque « Cambodia » dans un café de la street three, la terrasse d’hier étant fermée pour travaux. Je gagne une bière de plus pour 1000 R que je prends (il y a un jeu sur le dessous de la capsule, on peut gagner une bière, ou une ristourne comme ici, ou rien). Je vois un client qui rigole, je vais à sa table et on discute. Il s’appelle Alan, il est américain, 62 ans, et cela fait des années qu’il est en Asie (Chine). Il donne des cours à l’université quand il ne voyage pas (c’est un ancien avocat, un « lawer », et il a tout plaqué il y a des années pour ne pratiquement plus jamais revenir aux USA depuis). Il est très sympa, parle clairement, et on a une bonne discussion sur plein de sujets : le type est intelligent, et d’un bon niveau, sans pour autant se croire au-dessus des autres. Une bonne rencontre.

Puis je vais dîner sur une petite place de pâtes avec des nems et des fruits secs, très bon (5000 R). Je termine par un jus d’avocat-lait de coco (5000 R) délicieux, une boisson que je vais souvent reprendre quand je pourrai. Je suis assis sur un muret pour le déguster, des enfants viennent me voir, les deux plus grands me posent les questions habituelles qu’ils apprennent à l’école, les plus petits font leur numéro pour attirer mon attention… Tout cela est très sympa et on rigole bien. C’est ma dernière soirée à Kratie, demain je continue le long du Mékong vers le nord.

Stoeng Treng

21/12/2023 – Départ donc le matin de Kratie, et notre départ en minibus est un peu retardé car un hollandais peu souriant ni très communicatif fait tout une histoire car son vélo ne rentre pas dans le coffre du minibus. Il refuse qu’on le démonte ne serait-ce que la roue avant, prétend qu’il avait prévenu avant de réserver, etc… Ça dure au moins une demi-heure, un jeune russe assez speed commence à lui dire qu’il retarde tout le monde sur un ton assez sec… Finalement le chauffeur rentre le vélo sur la première rangée de sièges (et le vélo prend donc la place de trois passagers !).

Je me retrouve au côté du russe qui finalement se révèle assez sympa, une fois calmé, et on discute : il me dit travailler en « remote » à Kampot, il est « writer ». Avec le recul, je regrette ne pas lui avoir demandé ce qu’il écrivait. Car il me sort une théorie comme quoi le Cambodge n’est pas un pays pauvre : au contraire, le pays est riche. Je lui demande alors où va l’argent, pourquoi certaines routes sont encore à l’état de pistes, il me répond que cela va s’améliorer… On n’est pas forcément d’accord, mais la discussion est cool. Il parle un américain très rapide, mais compréhensible (il a vécu longtemps à Boston, et n’est pas retourné en Russie depuis longtemps). Une fois arrivé à Stoeng Treng, on se quitte devant mon hôtel, lui continue vers le Laos avec sa copine qui n’a pas décroché un mot durant la conversation.

Me voilà donc à la Savet Guesthouse où je dois payer d’avance 36$ pour deux nuits. La chambre n’est pas prête, il est 10h du matin, je vais boire un café en ville. Il fait 25°C, c’est cool… Le café est bon, et je reviens vers midi à l’hôtel, et regarde un peu dans mon guide LP ce que l’on peut faire ici : pas grand chose en fait, il y a des chutes d’eaux mais à 65 kms ! Bon, j’ai oublié mon tube de dentifrice à Kratie, je vais dans une pharmacie mais la personne m’explique qu’il faut aller au marché pour en trouver. Aussitôt dit aussitôt fait, une femme me vend un tube d’une marque thaïlandaise, « dentifrice aux herbes », 4$. Elle est manifestement très contente d’en vendre à un occidental, et me prend en photo présentant le dentifrice à la caméra ! 😆 Je déjeune d’un noodles+vegetables+tofu (3$) et rentre à l’hôtel me reposer.

Je ressors vers 16h30, et discute 5 min avec John, un australien très cordial qui arrive du Laos, et reste 3 ou 4 jours ici avant d’y retourner (une histoire de visa). Il me partage ce qu’il a repéré à aller voir dans le coin éventuellement. Puis je marche 3,5kms vers le Mékong pour le coucher de soleil. Hélas il se couche derrière un pont, mais des enfants viennent me tourner autour, avec 3 mots d’anglais, ils sont tout excités de voir un touriste !

Puis retour vers la ville, 3,5 kms dans l’autre sens : j’aurai bien marché aujourd’hui ! je bois une bière « Cambodia » bien méritée et en gagne une autre pour 1000 R. Je suis en veine !

22/12/2023 – Il n’y a pas de petit-déjeuner à l’hôtel, je vais donc à 200 m de là sur les conseils du garçon à l’accueil. Le patron est un allemand assez âgé venu s’installer et se marier ici. Il est difficile à suivre, passant de l’anglais à l’allemand sans s’en rendre compte (et du mauvais anglais en plus). Il fait un peu peine à voir. Il ne propose pas de petit-déjeuner occidental, ce sera une bonne omelette aux légumes, et une chope allemande (sic!) de bon café, servi par sa femme. Pas mal finalement mais un peu cher (5$). Le type me raconte qu’ils ont passé 2 ans sans clients avec le Covid, que tout était fermé, à Phnom Penh aussi, bref une période très difficile. Puis il commence à me parler de l’Allemagne, en négatif forcément, je laisse vite tomber la conversation et heureusement il n’insiste pas. Après je loue une moto et pars de l’autre côté du fleuve me promener, mais pas grand chose à voir : une ruine, une pagode….

Retour à l’hôtel après déjeuner (chinois : beef noodle soup). Quand je ressors vers 16h, je croise John l’australien qui a loué un vélo ce matin et est complètement claqué ! On boit une bière ensemble sur la terrasse sur le toit de la guesthouse. Cela fait 12 ans qu’il est en Asie, il est revenu seulement 2 fois en Australie depuis. Il donne des cours d’anglais, et fait ça « online » depuis le Covid ; ça ne paie pas beaucoup, mais suffisamment pour vivre ici. Là il voyage depuis trois mois (Cambodge-Laos) sinon il est basé à Bangkok.

Je reprends la moto et pars pour un autre coucher de soleil, cette fois à 10 kms, toujours sur le Mékong. Hélas, cette fois ce sont quelques nuages qui gâchent le spectacle. Je reviens à l’hôtel rendre la moto, et en ressortant pour aller dîner, je vois un type en moto devant l’hôtel, et à son accent, je devine qu’il est français. On discute : cela fait 5 mois qu’il est sur la route, parti de France, via l’Europe du nord puis la Grèce, la Turquie, etc… Il a alors un accident et sa moto était HS. Il prend alors un billet d’avion pour l’Inde, rachète une moto, reprend la route… Là, il vient de se faire refuser au poste frontière du Laos (on est à 50 kms), tout ça à cause de sa moto qu’il a achetée d’occase à Siem Reap. Elle est immatriculée au Vietnam et c’est cela qui coince. J’apprendrai qu’il y a parfois des histoires comme ça à une frontière (pour d’obscures raisons entre le Laos et le Vietnam dans ce cas), et qu’il n’y a rien à faire. Il a d’ailleurs tout essayé, dormi une nuit sur place pour amadouer les douaniers, sans succès. Le français cherche donc une solution : vendre sa moto ici et prendre un bus, il doit être à Paksé demain…

Je pars dîner d’un excellent fried noodle-vegetable-beef-egg suivi d’un délicieux smoothie avocat-lait de coco. Quand je reviens à l’hôtel, je revois le français devant l’hôtel : finalement il a trouvé un minibus qui lui emmène sa moto à Siem Reap (30$), et le type à qui il l’a achetée va la mettre en dépôt-vente. Et lui part demain matin en bus pour le Laos. Ensuite, il compte continuer son voyage : un an en tout, l’Amérique du Sud après l’Asie au programme. L’aventure c’est l’aventure ! 😎


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