Archives de catégorie : Cinéma

Le Direktor

ledirektor.jpg Dimanche, il faisait tellement beau que je suis allé au cinéma. Sortir pour s’enfermer, c’est quand même sortir, non ?
Mon choix s’était porté sur « le Direktor » de Lars Von Trier, après avoir entendu l’idée du scénario à la radio: il y avait là matière à faire quelque chose de marrant. Malgré une petite frayeur pendant les 5 premières minutes, où je me suis demandé si le film n’allait pas être trop hermétique, je fus vite rassuré.

Le responsable d’une boite informatique Danoise a, au fil du temps, inventé un directeur fictif pour mieux faire passer des décisions impopulaires et manipuler ses associés-employés. La signature d’un contrat l’oblige à faire apparaître ce personnage fictif. Il embauche alors un acteur au chômage, sans lui expliquer le contexte. Les situations les plus innatendues, farfelues, absurdes vont alors se produire.

Le film a été tourné avec un logiciel (Automavision) pour réduire l’intervention humaine (cadrage, prise de vues). Un budget réduit donc, pas de bande son… La preuve que l’on peut réussir un film sans dépenser des millions. Un peu surprenant au début, l’histoire et les personnages prennent toute leur place au fur et à mesure, et c’est proprement jubilatoire parfois.

Il y a aussi un autre aspect: la boite est Danoise, et le contrat doit être signé avec des Islandais. Et Lars von Triers s’en donne à coeur joie dans la caricature. Les Danois ayant occupé l’Islande pendant 400 ans, la signature du contrat (souvent reportée) donne droit à des scènes délirantes.

Bref, un film qui vaut le détour, plein de fraîcheur et très drôle. On est loin des grosses productions aux scénarios sans surprise, aux images parfaitement léchées, aux acteurs que l’on a déjà vu et revu (même s’il y a Jean-Marc Bar, dans un tout petit rôle, que l’on reconnait à peine).

Une histoire vraie

une histoire vraie Très bon film ce soir sur Arte: « Une histoire vraie » de David Lynch: l’histoire (donc vraie, celle d’Alvin Straight) d’un homme de 76 ans qui, fâché avec son frère depuis 10 ans, apprend qu’il a eu une attaque cardiaque. Ni une ni deux, il construit une remorque, l’accroche a sa tondeuse (finalement, ce sera une John Deer, après un premier départ loupé). Il parcourt ainsi plusieurs centaines de kilomètres; de l’Iowa au Wisconsin, pour renouer avec son frère.

Il tient à faire ce voyage seul, voyage intérieur aussi, au travers d’une Amérique pleine de bonnes intentions (Fordienne, j’ai lu sur une critique !), mais road movie quand même, on est sur la route, et des choses simples arrivent.

A un moment, il se fait doubler par un peloton de cyclistes, dont il rejoint le campement le soir, sous les applaudissements. Un des coureurs, le soir autour du feu, lui demande:

– quel est le bon côté de la vieillesse ?
– je ne vois pas comment être à moitié aveugle et avoir du mal à marcher pourrait avoir un avantage… tout ce que je peux dire, c’est que j’ai appris à peu près tout ce que la vie pouvait m’apprendre.

(citation de mémoire, donc approximative)

Pour une fois qu’un film de David Lynch fait un film simple…

Le mouton enragé

le_mouton_enrage.jpg Excellent film hier soir sur Arte: Le mouton enragé, avec Jean-Louis Trintignant, Romy Schneider, Jane Birkin, Jean-Pierre Cassel. Un film de Michel Deville (1973).

Une comédie cynique sur le monde du pouvoir: l’ascension d’un employé de banque, guidé par un « mentor » ami et écrivain, qui va accéder au pouvoir (richesse, honneurs) en séduisant les femmes. Romy Schneider et Jane Birkin survolent le film, pleines de charme et sensibilité. Dans le monde des hommes, le cynisme est de rigueur, et la comédie amère tourne au drame.

Collusion du monde des affaires et de la politique, arrangements, corruption… la presse non plus n’est pas épargnée.

C’était en 1973.

Le pressentiment

le pressentiment Après avoir lu le livre (voir article), je suis tout naturellement allé voir le film, d’autant qu’il est réalisé (premier film) et interprété par Jean-Pierre Darroussin.

Très bon film, Darroussin est excellent, il joue parfaitement le rôle de anti-héros du personnage principal, avec sa nonchalence et son air désabusé.

Le roman a été transposé à notre époque (il se passait en 1931), et le quartier miséreux que rejoint le personnage passe de la porte de Vanves (Montparnasse) à la rue d’Avron (proche de la porte de Montreuil)… La misère se déplacerait avec le temps? Mais les humains eux ne changent pas vraiment, qu’ils soient riches ou pauvres, contemporains ou non.

On rentre vite dans l’atmosphère du film, dans ce personnage détaché de tout… Il dégage une sorte de sérénité, un renoncement à toutes les mesquineries de la vie.

Un bon moment, pour un film peu distribué, alors s’il passe près de chez vous, n’hésitez pas !

Société médiatique ?

indigenes.jpg Il aura donc fallu un film pour que le président de la République Française se décide à réparer une injustice flagrante de l’histoire. On atteint les sommets (de l’état, c’est le cas de le dire !)… la preuve ultime que notre société est ultra médiatisée… Si ce n’est pas à la TV, cela n’existe pas réellement. C’est vraiment triste et grave en même temps.

A quand un film HYPER EMOUVANT sur la condition des sans-emplois, des travailleurs pauvres (nouveau concept en pleine expension) ? ou alors faut-il attendre 50, 60 ans pour que cela puisse marcher ? Il faudrait demander à nos chers énarques…

Un petit dessin du Canard cette semaine illustre le même propos:

chirac.jpg

Tirez sur le pianiste – François Truffaut

pianiste.jpgUn très bon film passait ce soir sur Arte: Tirez sur le pianiste, avec Charles Aznavour et… Bobby Lapointe !

Des dialogues et un humour très décalé qui surprennent dans une atmosphère de film noir, une apparition de Bobby Lapointe qui chante « Avanie et Framboise »:

Pour sûr qu’elle était d’Antibes
C’est plus près que les Caraïbes
Et malgré ses yeux de braise
Ça ne me mettait pas à l’aise
De la savoir Antibaise
Moi qui serais plutôt pour !

L’histoire d’amours impossibles et d’un destin immuable, avec Aznavour très bon acteur. Superbe !

Film en noir et blanc, 1960, un vrai scénario, de vrais dialogues, et de vrais acteurs… pas d’effets spéciaux… Le top, quoi !