Archives de catégorie : Littérature

Indécence manifeste – David Lagercrantz

Indécence manifeste - David LagercrantzCadeau offert par des amis, après avoir lu de concert Millenium 4, ce livre est celui avec lequel l’auteur a rencontré son premier succès, en 2009.

Je ne sais pas si on peut vraiment parler de roman policier ici, puisque la victime est Alan Turing, le célèbre mathématicien et cryptologue britannique, dont on connaît l’histoire et la fin (tristes tous les deux). Nous allons suivre l’enquête avec l’inspecteur Leonard Corell, certes, mais avec le sentiment qu’on pourrait lui fournir les réponses à beaucoup de ses questionnements ! Un peu gênant pour un polar…

Mais l’enquête n’est finalement qu’un prétexte pour raconter l’histoire de Turing, l’importance capitale de ses travaux lors de la seconde guerre mondiale, et surtout le traitement réservé alors aux homosexuels à cette époque encore récente. C’est certainement la partie la plus intéressante du roman. L’auteur semble par ailleurs s’être beaucoup documenté pour l’écrire.

Indécence manifeste, le titre du livre, était la terminologie officielle du code pénal pour désigner une pratique homosexuelle toujours interdite dans l’Angleterre très puritaine d’après guerre. Oscar Wilde en fût également victime, et emprisonné deux ans pour cette raison. Turing choisira lui la castration chimique à la place… (aux hormones femelles paradoxalement).

Mais l’auteur s’attache aussi vouloir expliquer le travail de Turing. Pour cela, l’inspecteur Corell va donc s’escrimer à essayer de comprendre le travail de Turing, et donc de concepts mathématiques pour le moins complexes qui dépassent le commun des mortels… Conséquence fâcheuse, on s’ennuie ferme durant ces longues pages.

Mais cela donne envie à l’inspecteur Corell de reprendre ses études ! Nous aurons donc droit au classique happy-end du dernier chapitre, l’inspecteur Corell ayant abandonné la police, étant devenu docteur honoris causa de l’université d’Édimbourg, et inaugurant en 1986 une conférence dédiée à Alan Turing, enfin réhabilité.

David Lagercrantz est né en 1962 en Suède. Après ce livre, il écrira une biographie de Zlatan Ibrahimović, puis Millénium 4.

Et quelques fois j’ai comme une grande idée – Ken Kesey

Et quelques fois j'ai comme une grande idée - Ken KeseyAttention chef-d’œuvre !

Quand j’ai vu ce livre sur la table du libraire, bien mis en évidence avec une petite étiquette « Par l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou », je savais déjà que j’allais l’acheter ! Car Ken Kesey (prononcer Ken Kizi), c’est le personnage principal du roman de Tom Wolfe, Acid test, cette histoire incroyable des années 60, à une époque où le LSD n’était pas encore interdit !

Quant au film de Miloš Forman « Vol au-dessus d’un nid de coucou », c’est un film culte ! Je n’ai pas lu le livre, mais je savais que l’auteur en était Ken Kesey. C’est d’ailleurs en participant en tant que volontaire à des essais sur les drogues modifiant l’état de conscience qu’il découvre le LSD, mais aussi qu’il fréquente le milieu psychiatrique qui lui inspirera son premier roman.

J’avais donc hâte de découvrir ce que Ken Kesey avait bien pu écrire ensuite. Je n’ai pas été déçu, quelle découverte !

D’abord, un mot sur l’objet : la jaquette est magnifique, avec son motif et ses reflets de bronze. La couverture est souple, et l’ouvrage fait presque neuf cents pages, au papier fin, recyclé : tout cela est plein de promesses…

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Confessions d’un barjo – Philip K. Dick

Confessions d'un barjo - Philip K. DickEn lisant la magnifique monographie Philip K. Dick, Simulacres et illusions, j’ai appris que PKD avait écrit aussi des romans de littérature générale (ou romans réalistes), et ne s’était mis à la science-fiction uniquement parce qu’à l’époque (l’après-guerre), les chances d’être publié étaient beaucoup plus fortes.

Chose très vite confirmée, puisque les romans réalistes de PKD furent tous refusés (par tous les éditeurs qui les ont lus) ; il fallut attendre la fin des années quatre-vingt, et parfois plus longtemps, pour pouvoir les lire en langue française.

J’avais ainsi découvert Les voix de l’asphalte en 2007 sur la table d’un libraire, pour un roman écrit en 1952 ! Et j’avais trouvé le roman très bon, avec ce personnage qui a tout pour être heureux, et qui pourtant ressent un profond malaise dans cette société.

Confessions d’un barjo sera le seul  roman réaliste qui sera publié de son vivant, en 1975 (le roman ayant été écrit en 1959). Le titre complet est : «Confessions d’un barjo (Jack Isidore, de Seville, en Californie) où sont chroniqués des faits scientifiquement avérés survenus entre 1945 et 1959».

Ce fameux Jack Isidore est donc bien le barjo annoncé. Pas méchant pour un sou, collectionneur obsessionnel, très calé sur des sujets plus fumeux les uns que les autres (principalement invasions extraterrestres et fin du monde), incapable de s’occuper de lui-même, il se retrouve à vivre dans la maison de sa sœur Fay et son mari Charley.

Fay est une belle femme,  brillante, mais aussi cruelle et égoïste. Quant à Charley, il est porté sur la violence conjugale… Jack observe tout cela avec son regard décalé. Voilà ce qu’en dit PKD :

Cet homme capable de pardonner, de juger objectivement (dans son analyse finale) le cœur et les actes de ses semblables m’apparaît comme une sorte de héros romantique ; je songeais certainement à moi-même lorsque j’ai écrit ce livre et maintenant que je le relis après tant d’années, je suis satisfait de mon modèle intérieur, de mon alter ego, Jack Isidore de Seville, Californie : plus désintéressé que je ne le suis, et profondément meilleur.

Fay de son côté est sans doute inspirée de Anne, la femme que PKD venait d’épouser à l’époque !

J’ai bien aimé ce roman, la lecture est agréable, fluide, passant d’un personnage à l’autre au fil des chapitres. On se demande bien ce qui va se passer entre le frère et la sœur aux tempéraments si différents… Jack, malgré ses obsessions et ses lubies, analyse plutôt bien les comportements humains. Absurde et humour sont présents, mais aussi le drame.

Ce roman a été porté à l’écran par Jérôme Boivin, avec Hippolyte Girardot, en 1992. Hélas, et pour des  raisons inconnues, il n’est jamais sorti en DVD… Et donc aucune chance de le voir, à moins qu’il ne passe un jour sur Arte ?

Philip K. Dick (1928-1982) est un auteur américain de romans, de nouvelles, et d’essais de science-fiction. Il a reçu le prix Hugo pour « Le maître du Haut Château » et le prix John Wood Campbell Memorial pour « Coulez mes larmes, dit le policier ».

Philip K. Dick, simulacres et illusions – Richard Comballot, Philip K. Dick

Philip K. Dick, Simulacres et illusions - Philip K. DICK, Richard COMBALLOTJ’avais entendu parler de ce livre un matin sur France Culture, il venait de sortir, et quelques jours plus tard, je le commandais chez le libraire, malgré le prix de 28 €. Bien m’en a pris, puisque près un an après, il est aujourd’hui épuisé !

Et quel livre ! l’objet est vraiment magnifique… Ce que je ne savais pas, c’est que ActuSF, l’éditeur, avait lancé une campagne de financement participatif pour finaliser le projet sur la plateforme Ulule. Les objectifs ont été atteints, et le projet a pu être réalisé avec toutes les options : couverture cartonnée, jaquette et signet.

Le contenu est également très soigné, avec beaucoup d’images des couvertures des œuvres de PKD au fil des pages, des photos de l’auteur, rendant la lecture agréable. La maison d’édition  nous présente ainsi la monographie (c’est-à-dire une étude détaillée) :

À travers des interviews rares et parfois même inédites, ainsi que des articles écrits spécialement pour l’occasion par des spécialistes français (Étienne Barillier, Jacques Mucchielli, Olivier Noël…), cette monographie se propose de porter un regard neuf sur l’auteur d’Ubik, avec des documents exceptionnels venus du monde entier (et notamment de l’une de ses femmes, Tessa Dick). On y découvre Philip K. Dick tout au long de sa carrière et sur des aspects essentiels et étonnants de son œuvre : son rapport au mystique et à la drogue, les adaptations ciné, l’auteur de littérature générale, etc.

C’est vraiment une somme de connaissance sur Philip K. Dick, et on en apprend beaucoup au fil de interviews et des articles sur le personnage. Il en ressort que le personnage était très érudit, possédant une culture impressionnante. Loin des clichés d’allumé à quoi on le résume souvent. Bref, un livre passionnant et magnifiquement réalisé, un « must have » pour les fans de Philip K. Dick.

On trouve donc dans cette monographie beaucoup de choses, comme :

  • Le premier chapitre est une synthèse biographique de Gilles Goulet, forcément passionnante.
  • Un interview de sa femme Tessa (où l’on voit qu’elle est aussi un peu allumée…).
  • Un chapitre de Olivier Noël (voir son blog Fin de partie) tentant de décrire et d’expliciter « la trilogie divine » (une tâche pour le moins ardue !), qu’il décrit lui-même comme « mes assez singuliers Fragments sur l’idiot cosmique ».
  • On apprend que Robert Silverberg a écrit un hommage à Philip K. Dick, « La Substitution », paru dans un recueil de nouvelles (apparemment moyennes) Compagnons secrets.
  • Un chapitre sur les adaptations de Philip K. Dick à l’écran (en général décevantes, car se servant certes de l’idée du roman ou de la nouvelle, mais ensuite privilégiant souvent le spectaculaire, Hollywood oblige). La plus aboutie est certainement celle de Blade Runner (Dick meurt quelques mois avant la sortie du film).
  • Le dernier chapitre « Philip K. Dick dans ses propres termes », où l’auteur commente lui-même trente de ses œuvres de science-fiction !

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Des larmes sous la pluie – Rosa Montero

Des larmes sous la pluie - Rosa MonteroJ’ai entendu parler de ce livre sur le site dickien.fr, qui traite de l’actualité « dickienne », et française de préférence. Un très bon site pour les fans de Philip K. Dick !

Car Rosa Montero nous livre un roman où le personnage principal est un réplicant, faisant ainsi référence au roman de Philip K. Dick « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques », ou à son adaptation cinématographique « Blade Runner » de Ridley Scott.

Un réplicant est un androïde très évolué, si proche de l’humain qu’il est difficile de les différencier (il éprouve des sentiments, a des souvenirs d’enfance, toutefois implantés…), à ceci près que leur durée de vie est volontairement limitée dans le temps, ce qui amène le réplicant à se poser des questions existentielles, voir à se rebeller : c’est le thème du roman de Philip K. Dick.

Dans ce roman, pas de rébellion, mais un décompte quotidien morbide chaque matin du nombre de jours restant à vivre pour Bruna Husky, réplicante de combat reconvertie en détective privée dans un monde futuriste guère réjouissant (une dystopie).

Avec ces références, j’ai donc entamé ce livre avec un à-priori positif.

Nous sommes en 2109, les planètes du système solaire sont l’objet d’exploitation géologique en utilisant des réplicants, la téléportation ayant permis de s’affranchir des espaces intersidéraux (à quelque risque près : une mutation génétique peut survenir si l’on en abuse !) ; des guerres de territoires, déclenchées depuis la terre, ont eu lieu sur ces planètes par réplicants (de combat) interposés.

Il y a de très bonnes idées dans le roman, comme les « archives centrales des États-Unis de la Terre », que contrôle Yiannis, un ami de Bruna : elles permettent de prendre connaissance de l’histoire de l’humanité, et de voir que ces archives comportent des altérations mystérieuses (un peu comme dans 1984 où il s’agit de « réécrire l’Histoire ») dont le but est d’amener les humains à se dresser contre les réplicants. Et quand plusieurs « reps » se suicident après avoir tué des humains, la tension monte d’un cran entre les communautés. Qui se cache derrière cette manipulation ?

Hélas, j’ai assez vite été déçu, d’abord par le personnage de Bruna Husky, vraiment peu crédible en détective, et qui préfère une bonne cuite le soir que de vraiment enquêter ; même comme androïde de combat, elle ne tient pas la route… Heureusement que ses amis sont là pour faire le boulot, elle reste totalement passive et semble plutôt subir les  événements. Puis par le déroulement de l’intrigue, du niveau d’un polar moyen, avec une fin qui semble bâclée ! Dommage,  il y avait sans doute mieux à faire…

Le titre de ce livre vient de la dernière réplique du réplicant dans Blade Runner :

J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navire en feu surgissant de l’épaule d’Orion. J’ai vu des rayons fabuleux, des rayons c briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli comme des larmes sous la pluie. Il est temps de mourir.

Rosa Montero, née en 1951 à Madrid, est une romancière et journaliste espagnole. Pour les fans, une suite des aventures de Bruna Husky est sortie : « Le poids du cœur ».

Parano dans le bunker – Hunter S. Thompson

Parano dans le bunker - Hunter S. ThompsonVoilà la deuxième partie des « Gonzo papers » (les « tables de la loi » du journalisme gonzo !), publié par les éditions Tristram. Avec ce livre, j’aurai lu tout ce qu’ils ont publiés sur Hunter S. Thompson (voir la liste en fin d’article). Merci à eux pour ces publications…

« Parano dans le bunker » est l’édition revue et corrigé de « La grande chasse au requin », paru il y a trente ans aux Humanoïdes associés, puis chez 10/18, mais épuisé depuis longtemps. Il y avait deux volumes, celui-ci est le premier (« l’ancien testament gonzo ») ; le second volume (« l’ancien testament gonzo »), est publié par Tristram sous le titre « Dernier Tango à Las Vegas».

Je les ai lu dans le mauvais ordre, mais cela importe peu… en fait, l’édition originale américaine, The Great Shark Hunt (La grande chasse au requin), a été publiée en un seul volume de quatre sections. La première édition française (celle des Humanoïdes associés), a fait migrer la deuxième partie en troisième position, puis a découpé le tout en deux volumes. Tristram a choisi de respecter ce découpage, celui par lequel ils ont été initialement en France.

On retrouve dans ces écrits tout le talent de HST, et sa façon bien a lui de faire du journalisme. Car sous les délires se cache une vraie analyse du sujet traité, parfois complètement décalée certes, mais qui permet de dire beaucoup plus de choses qu’un journalisme qui fait bien attention à rester en retrait du sujet, pour prétendre à une objectivité finalement très discutable… HST lui va se jeter dedans, provoquer, rencontrer d’une façon beaucoup plus directe les personnes qu’il interviewe : c’est le principe du journalisme gonzo ! Ajoutez à cela un vrai talent d’écrivain, et vous êtes assuré de ne pas vous ennuyer à la lecture.

Il a une vraie conscience politique, et n’hésite pas à donner son avis (il est d’ailleurs très clairvoyant). On y retrouve des textes qui l’ont rendu célèbre, comme « Le Derby du Kentucky est décadent et dépravé », ou « Les tentations de Jean-Claude Killy » dont il dresse un portrait sans concession ! « Pouvoir freak dans les Rocheuses » raconte sa tentative (presque réussie) de se faire élire shérif à Aspen… Il y a aussi des articles sur le Haight-Ashbury de San Francisco, d’autres sur l’Amérique du Sud… Passionnant.

Voilà quelques extraits :

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L’école de la vie – Lou Andreas Salomé

L'école de la vie - Lou Andreas SaloméCela faisait longtemps que j’avais envie de lire quelque chose à propos de Lou Andreas Salomé, cette femme qui fit tourner la tête à Nietzsche et Rilke… C’est à la radio que j’ai entendu parler de ce livre : Élisabeth Barillé était l’invitée de l’émission « Les racines du ciel » sur France Culture.

Ce petit livre de 90 pages est donc une sélection de textes de Lou Andeas Salomé, choisis et présentés par Élisabeth Barillé. Si le livre est petit, le contenu est assez dense, et la lecture des textes de Lou se révèle assez ardue intellectuellement. En fait j’ai largement préféré les introductions d’Élisabeth Barillé, qui présente clairement chaque texte choisi, son contexte, etc…

On peut sans doute admirer l’indépendance d’esprit de cette femme, sa grande érudition, et son désir de vivre sa vie comme elle l’entend, à une époque où ce n’était certes pas facile pour une femme. Mais je crois que je préférerais et de loin lire une biographie de sa vie que ses propres écrits.

En effet je reste un peu sceptique : les textes de Lou Andreas Salomé sont vraiment très « intellectuels », beaucoup trop à mon goût (ou pour mes capacités). On peut certes deviner l’intelligence de cette femme à lire ses textes, mais j’y trouve aussi beaucoup de certitudes sur des sujets où l’on devrait laisser la place au doute.

Sa rencontre avec Freud, alors que la psychanalyse est encore naissante, sera pour elle une confirmation de ses intuitions. Elle entretiendra une correspondance avec Freud et sa fille Anna, et deviendra elle-même psychanalyste. Que la psychanalyse lui ait plu n’est dès lors pas une surprise.

Ce qui m’a vraiment surpris par contre, c’est que Lou attribue à Nietzsche un fort instinct religieux, alors qu’il me semble plutôt connu pour son athéisme ! Mais de quoi parle Lou quand elle parle de Dieu et de religion ? à force d’intellectualiser, on remplace des mots par d’autres, on déplace le problème, pour y placer ses propres certitudes, mais on ne résout rien.

Voilà quelques extraits, et donc à propos de Dieu et de Nietzsche…

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Millénium 4 – Ce qui ne me tue pas – David Lagercrantz

Millénium 4 - Ce qui ne me tue pas - David LagercrantzVoici la fameuse suite à la trilogie de Stieg Larsson, tant attendue puisque son auteur fut victime d’une crise cardiaque avant la parution de son œuvre…

Après la polémique sur les droits d’auteur (la famille refusa d’inclure la compagne de 30 ans de Stieg Larsson car ils n’étaient pas mariés), je n’avais pas trop envie d’acheter ce livre, même si la part de recettes revenant à la famille sera intégralement reversée au magazine antiraciste Expo, fondé par Stieg Larsson. Finalement, je l’ai emprunté à des amis, et je l’ai lu en trois jours.

Alors que vaut ce quatrième opus ? on retrouve bien l’ambiance de Millénium, avec les deux héros que sont Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander. L’intrigue tourne autour de l’intelligence artificielle, de l’espionnage industriel et de la NSA. Lisbeth en ayant terminé avec son père, c’est avec sa sœur qu’elle va en découdre… et comme celle-ci disparaît à la fin du roman, il y aura certainement une suite à ce quatrième tome (on ne tue pas la poule aux œufs d’or !).

J’ai bien aimé dans l’ensemble, ça se lit très facilement, comme tout bon polar. Pour le style, j’ai trouvé qu’il  y avait beaucoup de personnages secondaires que l’auteur prend le temps de décrire, pour disparaître aussitôt, alourdissant inutilement l’histoire, qui manque tout de même un peu d’action. Une autre chose un peu énervante est sa manie de couper abruptement la narration à un moment crucial, pour y revenir plus tard et ainsi ménager le suspens. Un peu trop systématique à mon goût.

Quant à la crédibilité… Lisbeth qui hacke le réseau intranet de la NSA, l’enfant autiste qui craque une clef RSA… tout semble permis ! D’ailleurs, je n’ai pas vraiment retrouvé le personnage de Lisbeth, plus humaine dans ce roman, et également moins présente, à ma grande déception.

David Lagercrantz, né en 1962, est un journaliste et auteur de best-sellers suédois, également connu pour avoir écrit une biographie de Zlatan Ibrahimović.

La folie Almayer – Joseph Conrad

La folie Almayer - Joseph Conrad Retour à Joseph Conrad, avec son premier roman, celui qui le consacra comme écrivain… auprès des connaisseurs et des critiques essentiellement ! Car lors de sa sortie, le livre se vendît peu auprès du public, et encore aujourd’hui, ne fait pas partie de ses œuvres majeures.

Pourtant Conrad a pris le temps de peaufiner son premier récit : commencé en 1889, et à cette époque encore officier de marine, il va trimballer le manuscrit par delà les mers, et risquer de le perdre plusieurs fois. Le roman est finalement publié en 1895, et si Conrad n’en reçoit que très peu d’argent, il sait désormais qu’il deviendra un écrivain, et consacrera les trente années qu’il lui reste à vivre à écrire.

Le thème choisi par Conrad est celui de la déchéance d’un Européen en Indonésie. Quand le roman commence (mais la narration n’est pas chronologique, Conrad fait de fréquents aller-retour dans le passé, un style qu’il emploiera souvent dans ses romans), Kaspar Almayer fait le point sur sa vie en attendant désespérément le retour du capitaine Tom Lingard, assis sur sa véranda auprès d’entrepôts pourrissants au bord d’un fleuve, dans la jungle de Bornéo.

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Vladimir Vladimirovitch – Bernard Chambaz

Vladimir Vladimirovitch  - Bernard ChambazBouquin offert par mon libraire (« sans aucune garantie, je ne l’ai pas lu… ») avant que je ne déménage ; sur la marge, il est écrit « Exemplaire offert »…

C’est donc l’histoire d’un type qui a la particularité d’avoir un célèbre homonyme, plus connu sous le nom de Vladimir Poutine. Voilà le point de départ du roman, et ce « double » va nous raconter sa vie et celle de l’autre, qu’il consigne dans ses carnets (rouge, gris, noir) : difficile d’échapper à l’omniprésence d’un tel homonyme.

Alors bon, je n’ai pas appris grand chose sur Poutine, la plupart des informations sont connues (son enfance de petite frappe, son ascension au KGB puis dans la hiérarchie du Parti, son opportunisme, sa nostalgie de la grande Russie), même si ces cahiers sont la partie la plus intéressante du livre, malheureusement minoritaire.

J’ai trouvé le portrait est relativement complaisant, pas un mot par exemple sur l’enrichissement supposé qui ferait de Poutine l’un des hommes les plus riches du monde aujourd’hui. Mais comme se plaît à le répéter Hubert Védrine, on aurait pu avoir pire à la tête de la Russie…

La plus grande partie du roman concerne l’autre Vladimir, le simple homonyme donc, et offre peu d’intérêt à mon goût, si ce n’est la description en pointillé de la vie quotidienne d’un Russe contemporain, avec ses petits problèmes (comme tout le monde).

Bernard Chambaz, né en 1949,  est un romancier, historien et poète français. Il reçoit le prix Goncourt du premier roman en 1993 pour L’Arbre des vies. Son père, Jacques Chambaz, fit partie du bureau politique du PCF de 1974 à 1979, ceci explique peut-être ce roman.