Trémeur – samedi

Accéder à l'album Trémeur, c’est dans les Côtes d’Armor, et c’est là que nous avions décidé de passer le réveillon de la nouvelle année. Nous arrivons donc tous le samedi 29. Le gîte est assez grand pour nous (nous serons 24 le soir du réveillon), et nous prenons rapidement nos marques.

Pour cette première soirée, Eric nous prépare son fameux couscous (très bon cru cette année), et l’apéro dure « un certain temps ». Quand le paysan de le ferme nous verra allumer le barbecue à 22h pour les merguez, il en restera bouche-bée…

Kafka sur le rivage – Haruki Murakami

kafkasurlerivage.png Ce roman était bien en évidence sur les tables de la FNAC de Rennes. Après avoir lu quelques paragraphes, je le prenais.

Beau et étrange roman qui vous emmènera dans l’univers de ce jeune garçon de quinze ans qui s’enfuit de chez lui pour échapper à une malédiction paternelle. Le rêve et la réalité se confondent, et de chapitre en chapitre, on alterne entre deux histoires, ou plutôt deux visions (naturelle/surnaturelle) de la même histoire.

L’habileté de l’auteur à manier les mots, à vous emmener dans cet univers en fait un roman très prenant. Sur fond d’apprentissage de la vie, d’une certaine forme de sagesse pour comprendre et vivre dans ce monde, d’accomplissement et de découverte de soi, voilà probablement un roman initiatique pour toute une génération. Superbe !

Kafka est accueilli par Oshima, un bibliothéquaire. Grâce à son immense culture, celui-ci pourra répondre à toutes les questions que l’adolescent se pose, jouant le rôle d’un sage et d’un ami. Ainsi lui explique-t-il :

Ce que l’on nomme l’univers du surnaturel n’est autre que les ténèbres de notre propre esprit. Bien avant que Freud ou Jung fassent au XIXè siècle la lumière sur le fonctionnement de l’inconscient, les gens avaient déjà instinctivement établi une corrélation entre l’inconscient et le surnaturel, ces deux mondes obscurs. Ce n’était pas une métaphore. D’ailleurs, si on remonte encore plus loin, ce n’était même pas une corrélation. Jusqu’à ce qu’Edison découvre la lumière électrique, la majeure partie de la planète était plongée dans un noir d’encre. Aucune frontière ne séparait l’obscurité physique, extérieure, de l’obscurité intérieure de l’âme. … Il était sans doute impossible aux gens de l’époque de penser en terme différents ces deux mondes de ténèbres. Aujourd’hui, il en va autrement. Les ténèbres extérieures se sont dissipées, mais les ténèbres intérieures demeurent. Ce que nous appelons ego ou conscience est la partie émergée de l’iceberg : la partie la plus importante reste plongée dans les ténèbres et c’est là que gît la source des contradictions et des confusions profondes qui nous tourmentent.

Haruki Murakami est né à Kyoto en 1949. Après des études de théâtre et de cinéma, il ouvre un club de jazz à Tokyo avant de se consacrer à l’écriture. Pour échapper au conformisme de la société japonaise, il s’expatrie en Grèce et en Italie, puis aux Etats-Unis. En 1995, après le séisme de Kobe et l’attentat de la secte Aum, il rentre au Japon.

Zoli – Colum McCann

zoli.png Cette fois, c’est en lisant une critique dans le Canard enchaîné que j’ai eu envie de lire ce livre. La critique était excellente, et j’avais gardé ce titre en tête. Je n’ai pas été déçu.

C’est l’histoire passionnante d’une femme tzigane (les Roms) qui va parcourir le siècle et l’Europe, à travers les bouleversements de l’histoire. Son enfance d’abord, élevée par son grand-père (le reste de la famille a été assassiné par des fascistes tchéchoslovaques en 1930).

J’étais douée pour me rappeler les mots, et les phrases entières, alors on me faisait veiller tard pour que j’écoute bien.

Dans cette culture orale, son grand-père s’arrangera pour qu’elle apprenne à lire et écrire. Avec d’autres, ils essayent de vivre en nomades comme ils l’ont toujours fait, et d’échapper aux persécutions. Le nazisme passe. Puis viennent les communistes qui leur ouvrent les bras dans un premier temps. Se tournant vers l’écriture et la poësie, elle écrit les histoires anciennes de son peuple qu’elle connait si bien, les chante. Un poëte communiste le remarque et veut en faire une icône du parti.
Mais l’Histoire n’attend pas. Les communistes veulent maintenant les sédentariser, un traducteur veut publier ses textes… chose interdite chez les Roms. Zoli sera bannie de son peuple, et devra fuire seule à travers l’europe, fière et libre malgré les persécutions et une immense solitude.

Colum McCann nous emmène dans une réflexion sur ce peuple méconnu, sa culture, et sa difficulté à pouvoir vivre comme ils le souhaitent, à se sentir étranger partout. Et bien sûr à réfléchir sur notre propre difficulté à accepter la différence. L’épopée de cette femme forte et indomptée est magnifiquement narrée.

Colum McCann est Irlandais, né en 1965 à Dublin, et vit à New-York. Il a écrit quatre romans, repris chez 10/18.

Anniversaire d’Eric

Accéder à l'album Début décembre, c’était l’anniversaire d’Eric. Voilà quelques photos, je n’ai même pas tous les cadeaux en photo. En quelques mots, Eric refait sa garde robe à neuf, va bientôt lire L’homme qui n’aimait pas les femmes, un livre sur lequel Dominique avait fait un article sur le blog (suivre le lien), et dont j’avais entendu parlé (en bien) sur France Culture le matin même. Décidément, cette trilogie semble valoir le détour ! Eric peut aussi maintenant voir et revoir La foi du siècle, un double DVD sur l’histoire du communisme publié par Arte, qui « … explore le mystère d’une machine totalitaire qui a séduit une part de l’humanité…« .

Un bel anniversaire !

Le dernier footing de l’année

footing.jpg Pour passer le réveillon, nous avions loué avec les amis un gîte dans les Côtes d’Armor. Le 31 décembre au matin, Nathalie, Hubert, Patrice, Philippe et moi sommes partis pour le footing habituel, comme on fait à chaque fois que l’on se retrouve.

Mais le terrain nous était inconnu… Déjà, la veille, le premier footing avait duré 1h40, soit un peu plus que prévu. Mais nous pensions avoir pris quelques repères, et partîmes avec l’idée de faire le tour du lac de Jugon-les-lacs.

Problème : après 50 minutes de course, nous avions à peine rejoint l’extrémité du lac ! Plus question d’en faire le tour, on décide alors de rentrer… à la grande joie de Patrice ! Seulement voilà, on a pris à gauche à un moment donné… là ou l’on aurait du prendre à droite. Cette petite erreur peut vous emmener loin de votre but. Lorsque l’on a pu arrêter une voiture, nous filions exactement à l’opposé, en direction de Jugon-les-lacs.
cliquer pour agrandir Hubert est alors parti seul devant, suivant la route (Mégrit, Trémeur, le gîte) afin de revenir avec la voiture. Nathalie et Philippe suivent à leur rythme. Quant à Patrice et moi, nous repartons par les chemins en espérant nous y retrouver.
Hubert retrouvera Nathalie et Philippe à Trémeur, et Patrice et moi rentrerons par nos propres moyens, en se débrouillant plutôt bien si l’on regarde la carte. Sur la carte (cliquer pour agrandir), en bleu le circuit aller. En orange, le détour et le chemin que l’on a pris avec Patrice pour retrouver le chemin du retour. En vert le parcours par la route qu’ont suivi Hubert, puis Nathalie et Philippe.

Au final, 2h17 de course, entre 22 et 25 kms de parcouru… Je n’avais jamais couru aussi longtemps, en fait. Une belle manière de clore l’année « footing ». Par contre, le soir, sur la piste de danse, les jambes étaient lourdes !

NB : la photo est tirée des archives du Lambon, il n’y avait pas de photographe ce jour là. La preuve, Patrice est devant !

Les vidéos du réveillon

Voilà quelques vidéos du réveillon, merci à Eric qui a pensé à les filmer, moi j’oublie tout le temps.

D’abord la chanson de la galette saucisse, chantée avec entrain par les grands comme les petits. Puis le spectacle que nous ont préparé les enfants : une chorégraphie sur l’air de « Tomber la chemise ». Et enfin deux morceaux sur la piste de danse, où l’ambiance bat son plein.

La chanson de la galette saucisse

Le spectacle préparé par les enfants

« We are the champions » sur la piste de danse

« Tomber la chemise » sur la piste de danse

Les voix de l’asphalte – Philip K. Dick

Les voix de l'asphalte L’autre jour, en passant chez Virgin, je vois ce bouquin sur une table. « Tiens, je ne le connais pas celui-là… ». Et sur la page arrière (la quatrième de couverture), je lis : « Dans ce roman inédit jusqu’à ce jour, et miraculeusement retrouvé, Philip K. Dick, plus visionaire que jamais, nous livre la radioscopie d’une amérique urbaine suffocante à travers le portrait mental d’un jeune homme au bord de la crise« . Evidemment, je le prend.

Ce n’est pas un roman de science-fiction, comme en a beaucoup écrit Dick. Plutôt un roman noir, d’abord par les pensées du jeune homme en question, Stuart Hadley, mais aussi par la vision de la société américaine décrite.

Stuart Hadley se pose des questions, ne trouve pas de sens à sa vie. Il est marié, a un bon boulot, il va être papa… tout pourrait aller pour le mieux. Et pourtant il ressent un malaise profond. Nous sommes à la fin des années cinquante, le maccarthysme vient de passer, c’est le début de la guerre froide. Stuart ne se retrouve pas dans les valeurs que la société prône : argent, travail, consommation, famille.

Il va alors s’égarer une première fois auprès de la société des Gardiens de Jésus, et de son leader dont il entend une conférence. Les Gardiens de Jésus annoncent que la fin du monde est proche : Stuart se dit que cela explique pourquoi la situation actuelle est si catastrophique : les choses commencent à se dérégler !
Puis il y rencontrera un femme, cultivée, mystérieuse. Elle publie une luxueuse revue crypto-fasciste .

Je vous laisse lire et découvrir ce qui se passera ensuite… et ce qu’il adviendra de Stuart. En préface, il y a un mot de Philip K. Dick, écrit en 1982, qui éclaire l’histoire :

J’habite un petit appartement du barrio mexicain et j’utilise une machine à écrire mécanique Olympia que j’ai achetée en 1964, le canapé de mon séjour est cassé, les chats l’ont saccagé, comme ma chaise. Tout le monde me dit que je devrais habiter les beaux quartiers d’Orange (ici, c’est le comté d’Orange) et que je devrais posséder une Mercedes-Benz. Je n’ai qu’un seul costume à moi ; Dieu sait comment je vais me débrouiller pour la première de Blade Runner. En gros, tout ce que je fais de mon argent – hormis les dépenses de base, l’alimentation, le strict nécessaire – , c’est aider des organisations humanitaires comme le American Friends Service Comittee. Ce que je veux dire, c’est que tout le monde me fait culpabiliser et me met mal à l’aise parce que je ne veux pas d’une maison à étage, et que je ne veux pas d’un nouveau traitement de texte. J’avais une petite amie qui roulait en Porsche Turbo, mais ça m’a fichu la trouille, et elle m’a fichu la trouille. J’ai à côté de moi une boite en carton dont je me sers pour ranger le matériel de ma machine à écrire – j’en étais vraiment venu au point où je me disais qu’il y avait un truc qui clochait en moi, à force de ne pas vouloir acquérir les attributs prouvant au monde mon status social, mon succès. Pourtant, ça fait trente ans que je suis un authentique écrivain et… je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin de ça, que je n’ai rien à prouver à personne, et surtout pas à moi-même. Ecrire des romans et des histoires, c’est dur, comme travail, mais ce qui compte, c’est le travail proprement dit – pas seulement le travail produit, mais aussi l’acte de travailler ; la besogne en elle-même. Le fait que je tape sur du papier bon marché acheté au Market Basket Supermarket ne joue ni en ma faveur ni en ma défaveur dans le grand tableau des résutlats, là-haut, au ciel, autrement dit, dans mon propre coeur.

Vtt à Broons

Accéder à l'album Première sortie Vtt à Broons, c’était le 03 novembre. L’occasion de voir qu’Eric ne connait pas encore sa campagne. Au moins, on sait maitenant dans quelle direction ne pas aller ! On a finit par trouver un bois (forêt de la Corbière) avec des circuits balisés. La prochaine sortie, avec les cartes, devrait permettre d’en savoir plus.

Sinon, la nature avait revêtie ses couleurs d’automne, et rien que pour ça, la ballade valait le coup. Pendant ce temps-là, Cocotte désherbait l’emplacement de la future pelouse. Ah la vie à la campagne !

Le liseur – Bernhard Schlink

leliseur.jpg Bernhard Schlink est né en 1944 et vit à Berlin. Professeur de droit, il commença sa carrière littéraire par des romans policiers, avec un personnage principal appelé Selbs, qui vient de « selblst » : « soi-même ». En 1995, il publie Le liseur, roman partiellement biographique. Le roman connaîtra un succès mondial.
C’est l’histoire d’un adolescent de quinze ans qui fait par hasard la connaissance d’une femme de trente-cinq ans, dont il devient l’amant. Quand il la rejoint chez elle, un rite s’installe : il lui fait la lecture à haute voix de romans qu’il choisit. Puis un jour, la femme disparait.
Bien des années plus tard, alors étudiant en droit, il suit un procès et la reconnait parmi les accusée. Il ne l’a jamais oubliée, et il va peu à peu comprendre son secret.

Remarquablement écrit, c’est une réflexion profonde sur la vie. Voilà trois extraits pour vous faire une idée :

Je pense, j’arrive à une conclusion, je traduis cette conclusion en décision, et je m’aperçois que l’acte est une chose à part, qui peut être conforme à la décision, mais pas nécessairement. Plus d’une fois, au cours de ma vie, j’ai fait ce que j’avais pas décidé, et ce que j’avais décidé, je ne l’ai pas fait. C’est un je-ne-sais-quoi qui agit; qui part rejoindre une femme que je ne veux plus voir; qui fait à un supérieur la remarque qui va me coûter ma carrière; qui continue à fumer quand j’ai décidé d’arrêter, et qui cesse de fumer quand j’ai admis que je suis et resterai fumeur. Je ne veux pas dire que pensée et décision sont sans influence sur les actes. Mais les actes n’exécutent pas simplement ce qui a été préalablement pensé et décidé. Ils ont leur source propre et ce sont les miens de façon toute aussi autonome que ma pensée est ma pensée.

Mais quelle énergie il y avait en moi ! Quelle confiance d’être un jour beau et intelligent, supérieur et admiré ! Quelle espérance, mise dans mes rencontres avec des personnes et des situations nouvelles !
Est-ce cela qui me rend triste ? Ce zèle et cette foi qui m’habitaient alors et arrachaient à la vie une promesse qui ne put jamais être tenue ? Quelquefois, je vois le même zèle et la même foi dans les visages d’enfants et d’adolescents, et je les vois avec la même tristesse que je me revois moi-même à l’époque. Cette tristesse est-elle la tristesse tout court ? Est-ce elle qui nous accable lorsque de beaux souvenirs se détériorent, parce que le bonheur dont on se souvient ne tenait pas seulement à la situation, mais à une promesse qui n’a pas été tenue ?

J’ai longtemps cru qu’il existait un progrès dans l’histoire du droit, une évolution en dépit de petits reculs et de terribles régressions, vers plus de beauté et de vérité, plus de rationalité et d’humanité. Depuis que cette croyance s’est révélée chimérique, j’aime à me représenter autrement le cours de l’histoire du droit : l’image avec laquelle je joue est celle d’un cours certes orienté vers un but, mais le but où il parvient, après toutes sortes de convulsions, de confusions et d’aberrations, n’est autre que son point de départ, d’où il lui faudra repartir à peine arrivé.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…