L’obsolescence programmée

les bas nylons Nous avons tous entendu parler de ces « pannes programmées » intégrées dans les appareils dès leur conception… j’y croyais plus ou moins… la semaine dernière, Arte diffusait un reportage très instructif sur l’obsolescence programmée.

Ce n’est pas une légende, mais quelque chose de très concret mis en place au début du siècle, afin de favoriser la société de consommation et assurer les bénéfices des sociétés. Un produit qui ne s’use pas est dangereux pour l’économie ! C’est aussi la naissance des produits jetables… le problème c’est que fait-on des déchets ?

Les ampoules incandescentes seront les premières touchées dès les années 1900 , puis les bas nylons quelques années plus tard. Plus récemment, le fameux Ipod d’Apple utilise ce même concept. Nous suivrons également Marcos et son imprimante qui refuse un beau jour de fonctionner.

Pourtant, des solutions existent : intégrer dans le prix de l’objet tous ces coûts, utiliser des matériaux bio-dégradables, et enfin la décroissance.

L’ampoule incandescente

l'ampoule la plus ancienne du monde Le reportage commence au début du siècle, à la caserne des pompiers de Livermore en Californie, où brille une ampoule depuis 109 ans ! Construite en 1901, c’est la plus vieille ampoule du monde. Une webcam en diffuse d’ailleurs l’image sur internet : ironie de l’histoire, l’ampoule a déjà survécu à deux webcams…

A l’époque, on construisait des ampoules de longue durée (2500 h). Ce produit simple est devenu la première victime de l’obsolescence programmée : fin 1924, « des gens en costumes rayés » se réunissent à Genève, et crée un cartel international nommé Phoebus (il changera de nom plusieurs fois au cours de l’histoire pour échapper aux poursuites) dont le but est de contrôler la production mondiale des ampoules incandescentes, et de se partager le gâteau. Car si les ampoules durent trop longtemps, cela représente un préjudice économique. Le cartel décide donc que leur durée de vie ne devra pas dépasser 1000 heures.

En 1942, en plaine guerre, le cartel est découvert et le gouvernement américain porte plainte contre GE et d’autres fabricants d’ampoules. Après 11 ans de procès, la cour prononce son jugement en 1953. GE et ses associés sont contraints entre autres de lever leurs restrictions sur la longévité des ampoules.
En réalité ce jugement a eu très peu d’effet, les ampoules ont continué à durer 1000 heures. Dans les années suivantes, des centaines de brevets d’ampoules ont été déposés, dont une pouvant durer 100 000 heures. Aucune d’elles n’est jamais parvenue sur le marché.

Très récemment (1981) un fabriquant est-allemand invente une ampoule longue durée. Les acheteurs occidentaux la refuseront, et à la chute du mur de Berlin, l’usine sera fermée et la société liquidée.

Les bas nylons

L’histoire des bas nylons est similaire : Dupont, le géant de la chimie, lance en 1940 une fibre révolutionnaire, le nylon. Les bas, très résistants au début, seront volontairement rendus plus fragile pour réduire leur durée de vie et les rendre plus rentables. Les bas recommencèrent, petit à petit, à devenir de moins en  moins résistants…

La société de consommation et les produits jetables ont alors de beaux jours devant eux. The man in the white suit Les ingénieurs doivent désormais intégrer dans la conception des nouveaux appareils leur mort programmée, ce qui n’est pas sans leur poser de problèmes éthiques. Un film de 1951 d’Alec Guinnes, The man in the white suit (l’homme au complet blanc) retrace l’histoire d’un jeune chimiste inventant un fil qui repousse la saleté et qui ne s’use pas. Il finira poursuivi par les patrons de l’usine mais aussi par les ouvriers qui craignent tous de perdre leurs emplois !

A la fin des années 1950, les consommateurs commencent à se poser des questions : c’est ainsi que les premières lois sur la garantie des produits entre en vigueur. Mais aujourd’hui, l’obsolescence programmée est enseignée dans les écoles de design et d’ingénierie.

L’Ipod

Un jeune artiste New-Yorkais achète un Ipod 500 $, et 18 mois plus tard la batterie tombe en panne. Il appelle Apple pour la faire changer, mais on lui répond d’en acheter un autre.

ipod's unreplaceable battery lasts only 18 months Avec son frère, et munis d’un pochoir, ils taguent toutes les publicités d’Ipod qu’ils voient avec le message suivant : « Ipod’s unreplaceable battery lasts only 18 months ». Ils en font une vidéo et la mettent sur le web. Le site explose, plus de cinq millions de visites.

Une avocate californienne, Elizabeth Pritzker, voit cette vidéo, et décide de poursuivre Apple. De nombreux consommateurs ont vécu la même expérience, et un recours collectif est lancé (les fameuses class-actions). Andrew Westley est l’un des plaignants, qui va les représenter. C’est l’affaire Westley contre Apple.

Les données techniques réclamées par l’avocate montrent que le type de batterie utilisé dans l’Ipod était conçu pour avoir une durée de vie limitée. Il est clair que l’Ipod a bien été construit dans la perspective de l’obsolescence programmée.

Le procès n’ira pas à son terme, et un arrangement sera trouvé : Apple assurera le remplacement des batteries, et étend la garantie à deux ans. Les plaignants sont dédommagés.

Le plus dingue de l’histoire, c’est que Andrew Westley est resté fidèle à Apple, et a plus tard acheté un ordinateur portable haut de gamme de la même marque. C’est à désespérer du cerveau des consommateurs !

Apple, qui se vend comme une société innovante et branchée, est en fait le contraire : sa politique environnementale ne permet pas au consommateur de retourner les articles pour les recycler ou les retraiter. C’est contraire à toute logique, et c’est contraire à son message.

Les déchets

déchets électroniques au Ghana Le reportage nous emmène ensuite au Ghana. Comme d’autres pays du tiers-monde, de nombreux déchets électroniques y sont envoyés par cargos entiers.

Il y a bien un traité international qui l’interdit, mais les marchands le détournent en déclarant ces articles comme des articles d’occasion.

Ainsi, les pays développés gaspillent, et envoient leurs déchets dans les pays pauvres, là où l’on ne consomme pas ces produits, et où jeter n’est absolument pas dans leur culture. Des procès pourraient bien rattraper ces compagnies peu scrupuleuses, dont Apple fait partie.

Le prix des appareils en question devraient intégrer tous les coûts annexes : les émissions de carbone, la matière première, l’impact environnemental et le recyclage. Dans ce cas, les entreprises auraient tout intérêt à concevoir des appareils durant beaucoup plus longtemps.

Les nutriments

Une autre approche serait de faire comme la nature : plutôt que de produire des déchets, elle produit des nutriments. La nature se reproduit : les fleurs flétries, les feuilles mortes ne sont pas des déchets, ils nourrissent d’autres organismes, c’est le cycle permanent.

L’industrie pourrait s’en inspirer,comme le démontre le Dr Michael Braungart, chimiste. Il a conseillé une firme de textile en suisse qui a mis ce concept en application : tous les produits chimiques hautement toxiques ont été remplacés par des produits naturels. La liste a été réduite à 36 produits, tous bio-dégradables. On pourrait manger les textiles sans aucun soucis.

La décroissance

Les 3 piliers de la société de croissance sont la publicité, l’obsolescence programmée et le crédit.

Serge Latouche L’autre alternative, c’est d’en finir avec la société de croissance. Croître pour croître, ce n’est plus possible aujourd’hui. C’est ce que nous explique Serge Latouche, professeur émérite d’Économie à l’université de Paris, et fervent apôtre de la décroissance.

Le bonheur ne dépend pas de notre niveau de consommation, ou alors nous devrions baigner dans une félicité absolue ! Les études montrent qu’au delà d’un certain seuil , le rapport s’inverse entre le niveau de consommation et le sentiment de bonheur (qui est subjectif).

Les détracteurs parlent de revenir à l’âge de pierre… Il s’agirait plutôt de revenir au niveau des années 60. La société de décroissance réaliserait le vision de Gandhi qui disait :

Le monde est assez grand pour satisfaire les besoins de tous, mais il sera toujours trop petit pour satisfaire l’avidité de quelques-uns.

L’imprimante de Marcos

Marcos et son imprimante Le fil rouge du reportage est l’histoire de Marcos, informaticien à Barcelone, qui un beau jour voit son imprimante s’arrêter de fonctionner, avec un beau message lui conseillant de faire appel à un technicien.

Les différents services de réparation auxquels il s’adresse lui conseillent tous d’acheter une nouvelle imprimante, plus rapide, car la réparation coûterait plus cher…

la puce compteuse Mais Marcos est tenace, et commence à chercher des informations sur le web. Après de (très) longues recherches, il tombe sur un site russe où il trouve l’explication de sa panne : les cycles de nettoyage des têtes d’impression provoquent des rejets d’encre, et au fond de l’imprimante un réservoir d’encre usagée a été placé à cet effet. Un petit circuit intégré contrôle ce processus : au bout d’un certain nombre de cycles de nettoyages, l’imprimante est bloquée et s’arrête de fonctionner.

le programme pour mettre le compteur à zéro Heureusement, le russe n’a pas apprécié : défenseur de l’environnement et programmeur, il a écrit un petit logiciel que Marcos s’empresse de télécharger. Un click : le compteur est remis à zéro… et l’imprimante se remet immédiatement à fonctionner !

impression et fin du reportage

Pour info, l’imprimante était de marque EPSON. Pas sûr que les autres fassent mieux, mais…

21 réflexions sur « L’obsolescence programmée »

  1. Article très intéressant. Si seulement l’opinion pouvait réaliser que sans toutes ces pratiques scandaleuses et cette course à la croissance, on pourrait vivre aussi bien en travaillant (et polluant) beaucoup moins !

  2. En effet, j’avais chez toujours ce même problème avec mes ampoules vissables de 60 ou 75 W qui ne duraient que quelques semaines avant de griller alternativenemt à trois lampes différentes.

    A vrai dire j’ai du mal à croire qu’un mauvais contact serait la cause, puisqu’à chaque fois j’avais bien vissé jusqu’au fond. Pire, finalement après des dizaines d’années de cette manière, deux ampoules d’une lampe jumelle ont tout à coup grillé les unes après les autres juste avant le nouvel an et cette fois sans que je parvienne à les dévisser, si bien que tout s’est cassé, y compris l’andouille (ou la douille?). Et curieusement non seulement à une lampe mais au deux en l’espace d’une semaine!

    Apparemment les dernières ampoules sur le marché étaient devenues plus fragiles pour ne pas se laisser dévisser sans débris ou plutôt tenace pour y résister…ma main ne pouvant à peine prendre prise dans la calotte.

    Moralité: je suis sans lampes de bureau. A la place j’ai placé une lampe de chevet dont l’ampoule en forme de bougie tient verticalement, alors que les précédentes étaient pendantes (attraction terrestre en cause?).

    Mais une fois on a sonné à la porte. Une voisine me connaissant comme électronicien réputé me présenta une ampoule (non pendante) dont le filament avait claqué. N’ayant pas de réserve, je lui ai donné une autre ampoule défectueuse qui par contre était pendante. Ainsi avec l’ampoule retournée le filament en retombant a permis un nouveau contact. Le plus marrant, c’est qu’elle ne s’en est pas apercue et que l’ampoule a tenu plus longtemps jusqu’à son décès, je veux dire de la voisine 😉

    Pour les bas en nylon, je ne suis pas une femme certes, mais peut-être ils sont devenus moins résistants pour empêcher les automobilistes de remplacer avec les courroies défectueuses de la dynamo 😉

    En effet, ma fameuse calculatrice HP25 ne marche plus sans que le fabricant ne veuille la réparer, sans doute à cause des accumulateurs (batteries) bizarrement non remplaçables. J’aurais presque pleuré pour autant que j’y tenais à elle qui était chère à l’achat à l’époque dans mes débuts professionnels. J’ais moi-même alors tenté sans succès de remplacer les divers éléments – transistors ou condensateurs – etc.

    Mon imprimante HP-Laserjet 6P de plus n’a pas vécu longtemps puisque tous les caoutchoucs fondent comme de la glace. Depuis je traverse toute la ville pour faire des photocopies dans un magasin avec mon USB-Stick.

    Obsolescence ou pas, je ne peux que supposer, voyant là bien que ce n’est ni courant, ni normal, mais je ne serais guère étonné qu’une astuce sera un jour trouvée pour vendre des voitures avec le plein carburant. Et dès que le réservoir sera vide, il faudra alors s’acheter une nouvelle voiture comme cela se passe avec les bics.

    Donc méfiez-vous des premiers véhicules sortant un jour des usines avec la marque « Bic ». 🙂

    Avec le recul, je me tords de rire en pensant à mon vieux prof de Maths et de physique avec les cours d’électricité au programme qui ne cessait jamais de râlé en classe contre la publicité mensongère des piles qui ne s’usent que si l’on sent sert. J’ai oublié la marque de cette pile, je crois que c’était le slogan de Wonder, mais peu importe…de nos jours nous n’avons plus le choix.

  3. Je ne comprend pas pourquoi Apple aurait besoin de mettre des batteries programmées pour mourir… leurs produits font déjà un tel carton à chaque nouvelle version que les gens délaissent d’eux même les anciens, quel intérêt de faire ça ?
    En plus il est possible maintenant de changer sa batterie d’iphone 4 soi-même sans difficultés et pour moins de 20 euros….

  4. Damien,
    L’affaire Westley-Apple date de 2004, et le procès a bien eu lieu, même si un accord a été conclu… voir ici : http://www.girardgibbs.com/ipodsettlementnotice.pdf

    Mais comme tu dis, vu le carton qu’ils font maintenant avec leurs produits, ce n’est peut-être plus nécessaire…

    En fait, je crois qu’ils ont réussi à intégrer dans le cerveau des consommateurs que leur modèle était obsolète dès qu’un nouveau modèle sortait… encore plus fort et plus redoutable ! 😉

    PS : Le doc repasse ce soir (+ qques redifs) sur Arte : « Prêt à jeter ».

  5. Dommage de l’apprendre trop tard, je viens de louper l’émission sur Arte.

    Mais dans le programme je lis que cela ne continue plus que dans le tiers-monde …lol.

    Vous connaissez cette blague: un cannibale faisant cuire sa grosse marmite est surpris de trouver un chip (puce) flottant dans la soupe. Un autre cannibale lui fait comprendre que de nos jours ce n’est pas étonnant depuis que l’homme est de plus en plus remplacé par l’ordinateur (ou un robot).

  6. Merci Pascal pour cette information qui m’a permis de voir l’émission que j’ai trouvée très intéressante.

    Si l’homme est programmé pour mourir, ce serait bien pour laisser de la place aux descendants sur cette pauvre et petite planète 😉

    Concernant les bas de femmes, il suffirait tout simplement de ne plus les acheter pour ne plus que se raser les jambes … 😉

    Et pour les ampoules, moins on s’en sert, plus longtemps elle dureront forcément et de là k.o. contre l’obsolescence programmée 😉

    En fait ce serait sans doute un peu similaire pour l’alimentation, avec la date limite indiquée sur l’emballage, p.ex. de yaourts, car bien souvent c’est encore digérable au delà. Forcer les gens à manger ainsi plus de yaourts ou de fromage pour les engraisser comme des dindes, c’est ingénieux 😉

    Pour finir, incroyable mais vrai, je n’y avais pas encore pensé, j’ai une petite moto « Daelim » 125 de fabrication sud-coréenne qui moisit chez mon mécano depuis un an, donc irréparable, parce que la bobine du démarreur ne fonctionne plus sans qu’il y ait une pièce de rechange. Pour un collègue ayant la même moto, c’était pareil, apparemment d’après le même âge ou montant de km au compteur.

    Et pour la première fois de ma vie, après avoir eu tant de transformateurs, deux ont grillé les uns après les autres de mon EeePC Asus, l’un d’origine et l’autre coûtant plus de 70 Euro! J’ai maintenant un troisième pour moins de 15 Euro d’Ebay neuf, tout cela en l’espace de deux ans. De plus curieusement les fils d’alimentation se cassent plus souvent, si bien que je dois bricoler en ressoudant etc.

    Bon, faudrait espérer que le plombage de nos dents ne soient pas victimes aussi de l’obsolescence programmée pour se rendre plus souvent chez le dentiste 😉

  7. Pendant l’émission d’Arte il m’a semblé apercevoir l’adresse mail
    du site Russe qui, selon le reportage pourrait  » guérir  » ce problème
    de puce programmée dans mon portable pour qu’il ne dure que
    cinq ans. Qui connait ce site?

  8. Grosse erreur
    En effet General Electric et Philips se sont entendu en 1942 pour proposer sur le marché une ampoule ayant une très faible durée (de l’ordre de 1000 h) le gouvernement Américain a porté l’affaire devant les tribunaux pour collusion et GE et Philips ont été condamnés en 1956…………………….

  9. Merci Philippe, tu as raison, je ne sais pas où je suis allé chercher que le cartel avait porté plainte contre GE en 1942…
    Voilà ce que dit le reportage :
    « En 1942, le cartel est découvert et le gouvernement américain porte plainte contre GE et d’autres fabricants d’ampoules. Ils sont accusés de fixer les prix, de concurrence déloyale, et de limiter la durée de vie des ampoules incandescentes. Après 11 ans de procès, la cour prononce son jugement en 1953. GE et ses associés sont contraints entre autres de lever leurs restrictions sur la longévité des ampoules.
    En réalité ce jugement a eu très peu d’effet, les ampoules ont continué à durer 1000 heures. Dans les années suivantes, des centaines de brevets d’ampoules ont été déposés, dont une pouvant durer 100 000 heures. Aucune d’elles n’est jamais parvenue sur le marché.
    Officiellement, Phoebus n’a jamais existé, même si elle a laissé des traces dans le domaine public. Sa stratégie consistait à changer de nom régulièrement. Ils se sont d’abord appelés International Electricity Cartel, puis ils ont changé à nouveau. Le plus important est que l’idée d’obsolescence comme institution existe encore. »

    Pour le cartel Phoebus, c’est bien en 1924 que l’histoire a commencé :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Cartel_Ph%C5%93bus

    Je corrige l’article…

  10. Bonjour à tous

    A mon très grand regret, je regrette de ne pas avoir noté les coordonnées de l’association Suisse qui réparait l’électroménager voire même des téléviseurs avec des pièces plus fiables que l’origine afin d’une part d’en préserver la durée de vie puis d’autre part d’éviter le gaspillage !

    Je suis preneur de l’adresse ou de son équivalent, en France, région Parisienne.

    Cordialement

  11. Bonjour,
    @Dust77 pour commencer : c’est http://www.labonnecombine.ch/ J’y vais lorsque j’ai un truc en panne, ils sont très bien.

    Les infos sur le Cartel Phoebus données dans « Prêt à Jeter » sont historiquement fausses. Le cartel a été condamné pour entente sur les prix, pas pour avoir limité la durée de vie des ampoules car 1000h est une valeur optimale pour des raisons physiques .

    Je n’ai trouvé aucune trace de ce fameux brevet d’ampoule capable de durer 100’000 heures. Un brevet ne garantit pas que ça marche vraiment, mais c’est assez facile à imaginer : il suffit de faire un filament qui s’échauffe moins. Le problème est juste que cette ampoule produira peu de lumière visible, donc que vous dépenserez plus en électricité pour la même lumière.

    J’explique tout ça dans http://www.drgoulu.com/2011/10/16/la-veritable-histoire-de-lampoule-de-livermore/

    et dans http://www.drgoulu.com/2013/05/01/lobsolescence-est-elle-programmee-2/ je me demande si Pascal n’avait pas raison dès le début de ne pas y croire…

  12. Bonsoir, bonjour,

    @ Dr Goulu

    […1000h est une valeur optimale pour des raisons physiques.]
    Ah bon, alors pourquoi les lampes duraient 2500h avant qu’elles ne durent plus que 1000h ?

    A moins qu’Arte ne fasse partie de la Théorie du Complot mais on voit bien dans le reportage des documents mis à jour indiquant clairement que la durée de vie des lampes (et non ampoules, petite précision) NE DEVAIT PAS dépasser en moyenne 1000h (1500h au max. pour quelques unités, statistiquement parlant).

    Je comprends les doutes sur un tel sujet. Je suis moi-même scientifique et en tant que tel, je n’oublie pas une règle de base : l’observation, la compréhension, la reproduction. Mais il ne faut pas oublier l’Histoire et le documentaire « prêt à jeter » a ce mérite. Nous sommes loin de la technologie dans ce documentaire, il n’est question que de phylosophie économique (Aïe !), de rendement… d’un modèle intauré par des acteurs américains en cheville avec des acteurs du monde entier.
    Ce modèle n’existe pas partout, néanmoins il existe…

  13. @Zakk : alors lis mon article http://www.drgoulu.com/2011/10/16/la-veritable-histoire-de-lampoule-de-livermore/ il y a les réponses à tes questions et tes doutes.

    Aucun problème pour faire durer une ampoule 2000h : tu fais un filament de plus gros diamètre, et plus long pour qu’il garde la même résistance, donc la même puissance. Ton filament va moins chauffer en raison de la section plus élevée et ta lampe va produire environ 20% de lumière visible en moins (et plus d’infrarouges), ou alors tu augmentes ça puissance de 20% pour avoir autant de lumière et tu gonfles ta facture d’électricité d’autant. Donc tu économises une ampoule à 1 Euro grand max. toutes les 2000 heures, et tu paies 120 kWh d’électricité au lieu de 100 pour une ampoule de 50W en 2000h, soit au moins 2 Euros de plus…

    « ampoule » est peut-être un suissisme de « lampe », je ne sais pas, mais je veux dire « le truc qui se visse et qui éclaire »

    J’aime beaucoup ARTE bien qu’ils passent parfois des documentaire qui sont des points de vue partiaux et mal documentés, ce qui est le cas de « Prêt à jeter ». Pratiquement tout le documentaire est tiré d’un seul livre : https://openlibrary.org/books/OL23240246M/Made_to_break

  14. Rien de nouveau.
    Mon père, en 1950, travaillait comme ingénieur chez un grand fabriquant d’automobiles français. Son job consistait à « fragiliser » les composants, de manière à ce que ça casse juste après la fin de la garantie. Les voitures étaient conçues pour faire 3 millions de Km d’après leurs concepteurs, il fallait s’arranger pour que TOUT soit à remplacer après un maximum de 200 mille Km. en commençant par les composants les moins chers à produire, mais laissant le plus de marge aux garages /agents.
    Ainsi va le commerce.

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