Le saut du varan – François Bizot

Après avoir lu Le portail, j’ai enchaîné avec « Le saut du Varan », également prêté par la journaliste française. Il s’agit cette fois d’un roman, le premier et le seul à ce jour de François Bizot.

L’histoire se passe au Cambodge, dans la région de Siem Reap et des temples d’Angkor. Le corps d’une jeune fille khmer est retrouvé dans la brousse, et l’ambassade francaise envoie un enquêteur sur place. Nous sommes en 1970, et la région est déjà en plein trouble, la zone du meurtre difficilement accessible.

Boni, le policier, rencontrera sur place Rénot, un ethnologue français, personnage atypique et plein de surprises. Ils vont alors s’enfoncer dans la jungle, accompagnés de deux jeunes filles khmer et d’un guide.
L’aventure les emmènera très loin, dans un village reculé, isolé de la civilisation, au coeur des anciennes traditions khmer ; Boni en ressortira profondément transformé.  La fin du roman est parfaitement amenée, inattendue, et disons terriblement réaliste.

On retrouve le ton de l’auteur, son amour de ce pays et de son peuple, ainsi que ses doutes dans ce que l’on appelle le progrès. C’est toujours admirablement écrit. Excellent roman.

Le portail – François Bizot

L’histoire sombre du Cambodge est à la fois complexe et récente. Bien sûr j’avais entendu parler des Khmers rouges, et de leurs massacres, mais sans plus. En lisant son résumé dans le guide Lonely Planet, j’étais surtout surpris par le fait qu’elle ne s’est terminée qu’en 1998, soit il y a une dizaine d’années.

Presque sans surprise, on retrouve les américains intimement mêlés à ces pages sombres de l’Histoire : en favorisant le coup d’état du général Lon Nol (1970) et mettant ainsi en place un régime corrompu à outrance, en envahissant le Cambodge avec les Sud-Vietnamiens, en bombardant le Cambodge et les populations civiles, ils ont une lourde part de responsabilité dans la naissance du mouvement Khmer rouge. Et ce qu’il en résulta relève réellement de l’horreur, comme seuls les hommes sont capables.

Une journaliste française rencontrée à Siem Reap m’a prêté ce livre de François Bizot, anthropologue francais, spécialiste du bouddhisme de l’Asie du Sud-Est, et qui se trouvait à Angkor à cette époque.

Fait prisonnier en 1971, soit au tout début du mouvement, il sera le seul rescapé du camp de rééducation khmer rouge. Il sera interrogé par Douch, et libéré grâce à lui. Oui, il s’agit bien de celui qui allait, plus tard, devenir le bourreau de la prison de  Tuol Sleng (S-21), et qui est jugé en ce moment même à Phnom Penh pour crime de guerre contre l’humanité.

C’est l’histoire poignante que raconte ce livre, publié en 2000, ainsi que l’évacuation de l’ambassade de France de Phnom Penh, où François Bizot jouera le rôle d’interprète (1975).

Remarquablement écrit, dans un francais très riche (l’homme est très érudit), il permet de comprendre un peu ce qui s’est passé. Douch à cette époque est encore un idéaliste épris de vérité, et leurs dialogues, leur relation sont étonnantes et riches d’enseignements.

Au-delà de l’histoire factuelle, on ressent surtout l’irrémédiabe blessure qu’à vécu François Bizot, tant on ne ressort pas indemne d’une telle aventure. Voici un extrait du prologue du livre qui donne une idée du style et de sa profondeur. La préface de John Le Carré est également magnifique.

J’ai écrit ce livre dans une amertume sans fond. Un sentiment désespéré le traverse. Je ne crois plus qu’aux choses ; l’esprit sait y pressentir ce que leur apparence renferme d’éternel. La philosophie la plus éclairée n’est-elle pas celle qui enseigne à se méfier de l’homme ? De cet optimum, de cette créature suprême, qui forme l’aristrocratie naturelle du mode vivant ? De celui qui porte – quand par exception il devient vraiment lui-même – l’excellent, mais aussi le pire ? Vainqueur  des monstres et monstre lui-même à jamais…

Alors je m’interroge : les religioms que j’étudie seraient-elles l’art d’apprendre à tuer dans son corps le dragon ? Et cette présence diabolique, enfouie en nous et qui ressort toujours, est-elle le péché originel dont on m’enseigna l’existence quand j’étais enfant ?

Je hais l’idée d’une aube nouvelle où les homo sapiens vivraient en harmonie, car l’espoir que cette utopie suscite a justifié les plus sanglantes exterminations de l’histoire.

Pourrons-nous jamais, d’un tel constat, tirer la leçon et nous en souvenir, effrayés, à chaque arrêt sur nous-mêmes ? Notre drame sur terre est que la vie, soumise à l’attraction du ciel nous empêche de revenir sur nos erreurs de la veille, comme la marée sur le sable efface tout dans son renversement.

François Bizot est né à Nancy en 1940. « Le portail » a reçu plusieurs prix littéraires, et a également inspiré un film, « Derrière le portail » de Jean Baronnet (2004).

Temples d’Angkor – 3

Avant hier, troisième et dernière ballade aux temples d’Angkor. Cette fois, je loue un tuk-tuk (25$) pour y aller, car ils sont un peu éloignés (30 kms pour le premier, le second étant sur le chemin du retour). Il s’agit de Beng  Malea,  un temple envahi par la jungle, où Jean-Jacques Annaud a tourné des scènes du film « Les deux frères », et du groupe de Ruolos, qui comprend trois temples.

Honnêtement, j’ai ressenti une impression de déjà vu : des temples en ruine, avec ou sans la jungle autour qui reprend le dessus… je commence à saturer.
Le seul intérêt est d’y aller le matin de bonne heure, avant qu’il ne fasse trop chaud et qu’il y ait trop de monde. Dans ces moments là, l’atmosphère d’un site peut vous charmer… plus tard, la magie n’opère plus vraiment.

Les photos

Continuer la lecture… Temples d’Angkor – 3

Plastic guns

Il n’y a pas qu’en France que des décisions hâtives sont prises « à chaud »… voilà une petite news du Cambodge qui m’a bien fait rigoler.

La fille du chef de la police de la région de Siem Reap s’est fait enlevée il y a peu à la sortie de l’école, sous la menace d’une arme. Les ravisseurs ont alors demandé 150 000 $ de rançon. Comme ici tout se négocie, le chef de la police a récupéré sa fille pour 80 000 $. Happy end me direz-vous… Mais l’histoire ne s’arrête pas là :

Les ravisseurs avaient utilisé un jouet d’enfant comme « arme ». Aussi sec, la décision a été prise d’interdir la vente (dans tout le pays) de ces jouets pour enfants. A l’Olympic Market de Phnom Penh, 436 jouets de ce genre ont été confisqués. Les vendeurs qui ne respecteraient ces nouvelles consignes risquent des poursuites… Enfin, le 17 mars prochain, une grande fête sera organisée au cours de laquelle ces jouets seront brûlés en place publique.

A quand l’interdiction du savon ? il me semble que des détenus ont déjà scultpé des pistolets avec ce matériau… On sentira tous mauvais, mais si la sécurité est à ce prix…

Temples d’Angkor – 2

Deuxième ballade aux temples d’Angkor hier mardi. Le ciel était couvert le matin, il y avait même eu des éclairs dans le ciel la veille au soir… Mais probablement pas totalement réveillé (départ à 6h du mat’, car ici il vaut mieux profiter des premières heures de la journée), je suis parti tranquillement en vélo, vêtu d’un simple tee-shirt. Ce n’est que sur la route (8 kms pour arriver aux premiers temples) que je me suis dit « tiens il pourrait bien pleuvoir… » (l’instinct breton sans doute). Et ça n’a pas manqué, la pluis s’est mise à tomber alors que j’arrivais à Prasat Kravan.

J’avais à peine posé le pied à terre qu’une petite vendeuse me proposait déjà un « rain-coat » ! Ils sont forts quand meme…

Ayant un puncho dans mon sac à dos (ce dernier étant à l’hotel), je me suis abrité sous les petites cabanes en bambou utilisées par les vendeurs de souvenirs et autres cartes postales (en compagnie de quelques cambodgiens), et ai simplement attendu la fin du plus gros de la pluie, soit une petite heure. Apres j’ai continué la ballade/visite, un peu mouillé mais bon, ça me servira de leçon.

Les temples visités cette fois-ci m’ont plus impressionnés que ceux de la premiere journee : la jungle ici montre sa puissance, et a nettement pris le dessus… Banteay Kdei et surtout Ta Prohm en sont deux magnifiques exemples.

Les photos

Continuer la lecture… Temples d’Angkor – 2

Temples d’Angkor – 1

Samedi dernier, première journée de visite des temples d’Angkor. Il faut payer un droit d’entrée pour y accéder : au choix pour une journée (20$), trois jours (40$) ou une semaine (60$). J’ai choisi cette dernière formule, même si je n’ai pas l’intention d’y passer sept jours pleins ; comme ça, j’y vais quand je veux durant la semaine.
Pour info, ces droits d’entrée sont gérés par une société privée : on sait à peu près où vont 28% de ces recettes (administration du site, protection et conservation des temples). Le reste disparait dans les comptes opaques du ministère des finances. Il faut dire que la corruption est ici érigée en système, et n’a rien à envier à l’Afrique !

Bref, voilà quelques photos de cette première visite, limitée à Angkor Vat, le plus célèbre des temples (j’ai été plutot déçu en ce qui me concerne), puis la partie centrale d’Angkor Thom, qui comprend le Bayon (impressionnant, dans le genre hymne au Big Brother de l’époque).

Pour paraphraser un sketch de Robert Lamoureux (à propos de Rome) :

Angkor ? c’est quand même très très abimé !

Les photos

Continuer la lecture… Temples d’Angkor – 1

Asie du Sud-Est : le départ

carte asie du sud-est Voilà, le départ, c’est pour demain : quatre mois de voyage en Asie du Sud-Est, en commençant par le Cambodge et les temples d’Angkor. Suivront le Vietnam du Sud au Nord, puis le Laos, et enfin la Thaïlande.

Pour l’instant, le programme est le suivant : arrivée à Bangkok mercredi midi, et première soirée avec des collègues Thaïlandais que j’avais formé il y a quelques années à Paris. Idéal pour se mettre dans l’ambiance. Dès le lendemain (à 6h du mat’ !), je prend le bus pour la frontière Cambodgienne, puis direction Siem Reap, la ville proche des temples d’Angkor. Je devrais passer une bonne semaine là, il y a beaucoup à voir et à faire (et à ne rien faire). Ensuite, tout est ouvert et se décidera en fonction des rencontres et des informations glanées ici et là.

Continuer la lecture… Asie du Sud-Est : le départ

Samy et le Piano Bar

Accéder à l'album Dimanche 22 février 2009 marquera l’histoire de Vitré, ville d’art et d’histoire comme chacun sait. Car c’est ce soir là qu’eut lieu la soirée d’adieu (également appelée départ en retraite) de Samy au Piano Bar.

La surprise avait été parfaitement orchestrée par Christine, et nous étions nombreux à l’attendre à 18h30, à sa plus grande surprise. Pour ce qui s’est passé ensuite, il fallait être là… sinon, jetez un oeil aux vidéos ci-dessous pour vous faire une idée de l’ambiance, puis regardez les photos sur l’album (click sur l’image ci-dessus).

Continuer la lecture… Samy et le Piano Bar

Chapprouve

Anne Loucks ne manque ni d’humour, ni d’imagination. Elle a également un chat appelé Simba. Jusque là tout va bien.

Lassée de devoir cliquer « J’accepte » lors de l’installation de logiciels, vous savez, ces contrats de licences que personne ne lit, elle a décidé que dorénavant, ce serait Simba qui en prendrait la responsabilité.

c'est moi Simba

Mais comment faire ? voilà le mode d’emploi (on peut également utiliser un chien, ou un enfant, celui du voisin de préférence).

Simba approuve le contrat de licence Pour le savoir, consultez l’article traduit par Framasoft disponible ici.

Si vous préférez l’anglais ou l’article original, c’est ici.

C’est vraiment très drôle ! bon, juridiquement, il y a quand même un risque d’inculpation, au moins au titre de complicité, voir d’instigateur. Simba ne serait alors qu’une pauvre victime ayant agit de bonne foi, abusée par des stratagèmes fallacieux.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…