Le dernier jour d’Yitzhak Rabin – Amos Gitaï

Le dernier jour d'Yitzhak Rabin - Amos Gitaï Ce film retrace l’enquête qui suivit l’assassinat de Yitzhak Rabin par Yigal Amir, un étudiant juif religieux d’extrême droite, en 1995, mettant ainsi fin à l’espoir d’une paix possible entre Israël et la Palestine (les accords d’Oslo).

Mêlant les images d’archives et une reconstitution des interrogatoires réalisés par la commission d’enquête, le film est proche du documentaire. Il ne tire pour autant pas de conclusions sur les potentiels instigateurs de l’attentat, la commission d’enquête se limitant (sur ordre) à savoir s’il y a eu des négligences du service de sécurité. Au spectateur de se faire sa propre idée pour le reste…

Il semble bien que des rabins extrémistes aient prononcé un « Din Rodef » (un équivalent de la Fatwa des musulmans) contre Yitzhak Rabin au nom du « Grand Israël » que les accords d’Oslo remettaient en cause en accordant aux Palestiniens le contrôle de certaines parties du territoire. Dans une scène, on voit que ces extrémistes religieux ne reconnaissent pas vraiment l’autorité du gouvernement de la démocratie israélienne. Ils se placent au-dessus, et seuls les textes sacrés comptent.

La scène avec la psychiatre qui livre aux religieux son analyse « professionnelle » en qualifiant Rabin de schizoïde, et comme tel incapable de percevoir la réalité et donc de prendre les bonnes décisions est assez révélatrice du mélange des genres permettant toutes les justifications.

Le rôle du Likoud (parti politique sioniste israélien de tendance nationaliste), et de son leader Benyamin Netanyahou (actuel premier ministre) n’est pas non plus à négliger, car il appelait à la division avec un discours de haine et de violence. On voit bien à l’heure actuelle la politique qu’il applique, et l’absence de progrès d’un quelconque processus de paix.

S’il y a bien eu des lacunes du service de sécurité, rien ne permet de dire qu’ils aient été volontaires. La zone où Yitzhak Rabin a été abattu n’avait pas été « stérilisée » comme cela aurait du être le cas, et le chauffeur n’avait pas été informé du parcours d’urgence à utiliser pour sortir, perdant ainsi un temps précieux pour emmener Yitzhak Rabin à l’hôpital (8 minutes pour faire 500 mètres à cause des rues bloquées par la police).

J’ai trouvé ce film passionnant, et s’il dure 2h30, je ne les ai pas vraiment vu passer. La clef de toute cette histoire, ce sont les extrémistes religieux, minoritaires mais voulant décider pour tout le peuple. Mais qui sera vraiment surpris ? La question sous-jacente, c’est de savoir si Israël est vraiment une démocratie (la seule de la région).

Amos Gitaï est un cinéaste israélien né en 1950 à Haïfa. Il entame en 1968 des études d’architecture qu’il doit interrompre en 1973 pour aller servir sous les drapeaux lors de la guerre du Kippour, où il sera blessé. Cinéaste prolifique, il devra s’exiler en France entre 1983 et 1993 suite à son film « Journal de campagne » retraçant l’invasion du Liban en 1982.

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