Simon Bolivar : le rêve américain – Pierre Vayssière

Simon Bolivar : le rêve américain - Pierre VayssièreQuand j’avais lu Le général dans son labyrinthe de Gabriel Garcia Marquez, je m’étais dit qu’une biographie de Simon Bolivar devait être passionnante. J’ai donc regardé ce qui existait : rien de disponible en format poche, je me suis donc rabattu sur ce livre, écrit par un historien.

Et c’est un peu là le problème, Pierre Vayssière a choisi une approche thématique (l’homme politique, le chef de guerre, le mythe, etc..), là où j’aurai préféré une simple chronologie de sa vie, particulièrement l’histoire de ses conquêtes, qui n’occupe finalement que soixante dix pages de ce gros volume.

Le reste n’est pour autant ni inutile, ni inintéressant, loin de là : on cerne mieux le personnage complexe grâce à lui : ses origines, ses motivations, la part du mythe dans ce personnage au destin incroyable, surnommé « el Libertador », encore aujourd’hui célébré (et récupéré) dans toute l’Amérique latine ; il a même donné son nom à tout un pays, la Bolivie. Mais pour la partie conquête, je suis resté largement sur ma faim…

Alors comment résumer cette histoire ? Il reste avant tout l’homme qui libéra plusieurs pays de trois siècles de colonisation espagnole : Venezuela, Colombie, Équateur, et même le Pérou (pour ce dernier, il lui faudra franchir la cordillère des Andes dans des conditions proprement incroyables). Hélas, son rêve d’unification fera long feu, et les caudillos locaux, les luttes politiques y mettront fin rapidement.

Héritier du siècle des Lumières par son éducation et ses lectures, témoin des « révolutions atlantiques » aux États-Unis et en Europe, son rêve est d’unifier les pays d’Amérique latine, profitant du déclin de l’Empire espagnol mis à mal par Napoléon. Comme ce dernier (dont il est un fervent admirateur), Simon Bolivar est un républicain convaincu, mais partisan d’un pouvoir fort. Il est issu d’une riche famille créole (élite blanche, dont les origines remontent au pays basque), et se dit libéré de tout préjugé racial (il serait blanc métissé d’indien par son grand-père et en partie mulâtre par sa grand-mère). Il est de nature chétive, mais aussi un grand séducteur aimé des femmes.

Il faut dire que la société sud-américaine fonctionne comme un système de castes, fruit de trois siècles de colonisation ; entre les blancs, les créoles, les esclaves noirs et les indiens, il n’est pas simple de s’y retrouver, et de comprendre qui veut quoi… Comme à Cuba, on retrouve la réticence des grands propriétaires à libérer les esclaves, et Bolivar est issue d’une telle famille. Pourtant, Simon Bolivar réforme, mais plus par opportunisme, comme par exemple en libérant les esclaves noirs à condition qu’ils se battent avec lui, un marché qui ne les tente guère.

Pour conclure, le personnage reste tout de même sympathique, au regard de ce qu’il a accompli, même si le bilan est contrasté. Il est également surnommé « Le Don Quichotte de l’Amérique », ce qui résume assez bien le personnage. Il avait soif de gloire, mais pas de pouvoir.

Pierre Vayssière n’a pas de page wikipedia ! Il est un historien spécialiste de l’Amérique latine, professeur émérite de l’Université de Toulouse II, et selon bibliomonde, franchement marqué à droite :

Pierre Vayssière offre une vision conservatrice de l’Amérique latine. Ses ouvrages proposent une image systématiquement défavorable des mouvements de gauche du sous-continent et au contraire ont tendance à minimiser les méfaits des dictatures et de l’interventionnisme nord-américain.

Dans le cadre de cette biographie, cela a peu d’importance : George Washington avait signé un pacte de neutralité avec Madrid… mais Simon Bolivar se méfiait (déjà) de leur expansionnisme.

2 réflexions sur « Simon Bolivar : le rêve américain – Pierre Vayssière »

  1. « Pierre Vayssière n’a pas de page wikipedia ! Il est un historien spécialiste de l’Amérique latine, professeur émérite de l’Université de Toulouse II, et selon bibliomonde, franchement marqué à droite  » c’est n’importe quoi. Pierre Vayssière est un historien qui agit comme historien c’est à dire qu’il est neutre. Le problème c’est qu’en france, certains médias et certains historiens de gauche ont tendance à faire de la propagande sur l’amérique latine (présenter positivement les mouvements de gauche et diaboliser les dictatures). Le plus grand exemple sur le sujet est le Chili. Pierre Vayssière a fait un excellent livre sur le sujet: « Le Chili d’Allende et de Pinochet dans la presse française: passions politiques, informations et désinformation, 1970-2005 ». Il montre à quel point les journaux de gauche à commencer par le monde ont réécrit l’histoire sur le chili d’allende et de Pinochet. Il ne s’agit pas de glorifier Pinochet et de diaboliser Allende de rétablir la vérité historique. Pierre Vayssière est sans doute le plus grand spécialiste de l’amérique latine en France. Il nous change des propagandistes gauchistes habituelles. Normal que pour eux, il soit marqué à droite alors qu’il ne fait que rétablir la vérité de manière impartiale. Parce que si on écoute les gens du monde, en amérique latine, il y a d’un côté, la méchante droite dictatoriale et de l’autre, la gentille gauche démocratique. Les choses sont bien plus complexes.

    1. Merci pour ces précisions. Comme j’étais surpris de ne pas trouver de page wikipedia pour Pierre Vayssière, je me suis contenté de recopier ce qu’indiquait la courte biographie indiquée sur bibliomonde (ce que j’ai pu trouver en fait).

      Ce que tu dis me fait penser à tous ces intellectuels français qui sont restés bien longtemps maoïstes (là encore Le Monde n’était pas en reste), bien après que quelqu’un comme Simon Leys ait dénoncé les massacres dans la Chine de Mao.

      Je lirai donc peut-être le livre que tu indiques sur « Le Chili d’Allende et de Pinochet dans la presse française… » pour mieux connaître cette période de l’Histoire d’une part, et mieux appréhender la part de conditionnement que certains de nos intellectuels nous servent à loisir d’autre part.

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