Le nazi et le barbier – Edgar Hilsenrath

Le nazi et le barbier - Edgar Hilsenrath Auteur recommandé de façon assez enthousiaste par le libraire et une cliente, celle-ci venant chercher « Orgasme à Moscou », son dernier roman. Je répondis que j’attendrai le format poche, et le libraire me proposa alors sur celui-ci.

Le sujet de ce roman est assez délicat : c’est l’histoire, racontée à la première personne, de Max Schulz, né en Allemagne au début du XXème siècle. Quand le régime nazi arrive au pouvoir, il s’engage dans les SS par opportunisme, et participe au génocide du peuple juif. Puis, quand le vent tourne, grâce à un physique proche des caricatures antisémites de l’époque (nez crochu, etc…), il prend l’identité de son ami d’enfance (juif) qu’il a lui-même assassiné durant la guerre. Il se trouve ensuite en Terre promise, et combat pour l’indépendance de l’État d’Israël.

Le ton général du roman est à la caricature, la farce, et volontairement outrancier. L’auteur, juif allemand, ayant connu les ghettos, peut sans doute se le permettre. Il n’en reste pas moins vrai que plaisanter sur un tel sujet est loin d’être évident, et l’on se demande quel est le message (s’il y en a un), si ce n’est de  braver la morale bien pensante qui interdit toute plaisanterie sur la Shoa. Maigre consolation…

Personnellement, je n’ai pas trop aimé : ni le ton, ni l’histoire abracadabrante, et encore moins la façon dont le narrateur d’adresse au lecteur. La blague devient vite très lourde, l’humour scatologique lasse, et la véritable Histoire passe complètement à la trappe.

Ce roman, écrit en 1969, fut d’abord publié aux États-Unis (1971) et longtemps refusé par les éditeurs allemands, puis finalement publié en 1977 par un petit éditeur. Il est publié en France en 2010. Vu le sujet abordé, et la manière de le traiter, on peut comprendre que les éditeurs allemands aient réfléchi à deux fois…

Edgar Hilsenrath est né en 1926 à Leipzig. Il est déporté dans le ghetto roumain de Mogilev-Podolsk en 1941. Libéré en 1944, il pat en Palestine, puis rejoint sa famille en France avant d’émigrer aux États-Unis. Son chef d’œuvre (et premier roman) est sans doute « Nuit », qui s’inspire de ses années de ghetto, mais sans doute très dérangeant, car décrivant l’homme réduit à l’état de bête.

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