La France d’hier et d’aujourd’hui – Alain Finkelkraut

France Culture - Répliques - Alain Finkelkraut Il y a 10 jours, Alain Finkelkraut invitait Alain Duhamel et Eric Zemmour à son émission Répliques du samedi matin.

J’avais récemment discuté avec un copain d’Eric Zemmour, où j’exprimais mon désaccord avec ses thèses, ce à quoi le copain me répondait que je ne les connaissais pas. J’avais simplement vu son interview à « On n’est pas couché », ce qui, je veux bien l’admettre, n’est sans doute pas suffisant.

J’ai donc écouté attentivement l’émission de A. Finkelkraut. Je ne partage pas forcément les idées de ce dernier, mais au moins son émission ‘Répliques’ est (selon le sujet) très intéressante, car il mène bien le débat : c’est construit, réfléchi, bien préparé, et chacun peut s’exprimer. Pour le reste, c’est un philosophe nostalgique des Lumières… qui partage certaines craintes de Zemmour.

Mais revenons à l’émission, disponible ici (3 ans en écoute, 1 an en podcast, comme toutes les émissions de FC). Je l’ai podcastée et écoutée en prenant des notes, histoire de bien comprendre de quoi il s’agit. On y parle aussi de Charlie Hebdo en fin d’émission. Vous trouverez en fin d’article un synopsis rapide des idées échangées durant le débat.

On pourrait presque résumer tout ça à une affaire entre optimistes et pessimistes :

  • Zemmour regrette la grande époque de la France, où celle-ci dominait l’Europe, et crie à la trahison des élites (concept fumeux à mon goût). Il y a d’autre part trop d’immigrés en France, de plus leur intégration est impossible puisqu’ils sont musulmans et ne respectent qu’une seule loi, celle du Coran. Il faut donc qu’ils partent.
  • Duhamel se demande pourquoi on devrait dominer l’Europe ? si notre influence a baissé, c’est de notre faute, à nous de nous impliquer. Les élites ? il y en a partout, et de chaque côté. Quant à l’immigration, il y a un problème, mais il n’est pas insoluble (éducation), et il ne faut pas oublier le contexte : la crise économique. Enfin, l’islam est compatible avec la République, car chacun compose entre sa religion et les lois du pays, c’est le principe de la République laïque.

Comme je comprends la chose, Zemmour est ce que l’on appelle un réactionnaire : quelqu’un qui, face à un présent qui l’inquiète, voudrait revenir à un passé révolu. Duhamel étant de son côté un progressiste, prêt à améliorer le présent. On peut comprendre les deux points de vue. Mais affirmer que l’islam n’est pas compatible avec la République me semble objectivement faux, et sans doute l’expression d’une peur.

Nous sommes sans doute nombreux à nous inquiéter de l’évolution de la société, et avec raison : mondialisation, financiarisation de l’économie, pas de répartition des richesses, épuisement des ressources de la planète… Pour ma part, la situation économique est grandement responsable de ces tensions : à l’époque (elle aussi révolue) du plein emploi, l’intégration fonctionnait très bien, musulmans compris.

Les notes prises durant l’émission :

EZ : Le déclin de la France (et son aboutissement avec la raclée prise contre les allemands en 39). La création de l’Europe par la France. La fin de la souveraineté de la France sur l’Europe.  Tout cela par la trahison des élites françaises.
Enfin, il y a trop d’immigrés en France, c’est le pays qui en a le plus en Europe.

AD : Pourquoi serait-on appelé à dominer l’Europe ? oui, la France est l’origine de l’Europe, ça peut être une chance formidable ; si nous n’avons plus d’influence, c’est de notre faute.
Pas de bataille de statistiques, la France a un problème avec son immigration, mais pas plus de problèmes que le reste de l’Europe. Problème complexe, mais européen. Il y a un problème d’immigration, mais à traiter dans son contexte : crise économique, intégration difficile (échec éducation).

EZ : Trahison des élites françaises (1815) qui se tournent vers d’autres pays. La haine de soi.

AD : Je connais la thèse de EZ (trahison des élites), et c’est pour moi une erreur. Il y a des élites dans tous les camps…

EZ : La France est une grande nation, et le restera toujours. Elle mérite donc un patriotisme à la hauteur.

AD : La Fance est le pays d’Europe qui a le plus de grandes entreprises. Donc de bonnes élites, pas plus mauvaises qu’ailleurs. Ce sont les boucs-émissaires de cette crise d’identité, liée aussi à la crise de l’éducation, et sans doute de la formation des élites.

AF : Les types de Charlie Hebdo étaient connus, unité nationale, on chante la marseillaise.
Pour EZ , Charlie Hebdo est une manifestation du « suicide français » : le symbole de 68 et de la perte des valeurs.

EZ : Que ce soit Charlie Hebdo qui ait été visé, cela signifie la fin d’une époque : à la recherche du bonheur, refusant l’autorité, les responsabilités… Ce temps là est fini aujourd’hui.

AD : Ceux qui militaient en 68, pour la plupart, en sont revenus, et demandent plus d’autorité.
Avec Charlie Hebdo, c’est la preuve que le peuple français n’est pas aussi fragmenté que cela. Spontanément. Instinct républicain. Même s’il faut attendre de voir ce qui va se passer.
Votre pessimisme foncier à tous les deux a des racines, mais est disproportionné.

AF : Il y a encore peu, Charlie Hebdo était obligé de se justifier de ne pas être racistes.
Le mot islamophobie remonte à la surface. Il ne faut pas faire d’amalgame.
Question à vous deux : Y-a-t-il un problème de l’islam en France, et comment le traiter.

EZ : Le retour que j’entends est (certes que pour une minorité) de jeunes immigrés qui disent : « c’est triste, mais ils avaient profané, un très grave péché, et la punition c’est la mort ».
L’islam n’est pas qu’une religion, c’est une loi qui doit être respectée. Impossible donc d’assimiler les musulmans, de faire un seul peuple : ils doivent donc partir.

AD : Il existe un terrorisme mondial, y compris en France. Mais l’intégration progressive au sein de la république est possible. Chaque religion doit composer entre ses lois et celles du pays (respect de la loi). Chacun compose entre les deux, et ce dans tous les pays.
Il ne faut pas nier les problèmes, mais il ne faut pas dire qu’il n’y a pas de solutions.
Il faut une réponse ferme en faveur de la laïcité.
Il faut imaginer de nouvelles réponses pour l’immigration (éducation).

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