Vingt-Quatre Heures d’une femme sensible – Constance de Salm

constancedesalm.png L’idée de petit roman écrit en 1824 est décrite ainsi par Constance de Salm : « en faisant éprouver, dans le court espace de vingt-quatre heures, à une femme vive et sensible, tout ce que l’amour peut inspirer d’ivresse, de trouble, de jalousie surtout« . Mais elle ajoute également : « mon intention n’a pas été seulement de faire un tableau complet de cette multitude de vives sensations, qui sont, en quelque sorte, le secret des femmes, mais aussi de montrer jusqu’à quel point elles peuvent les égarer, et leur donner par là une utile et grande leçon« .

C’est donc par une série de lettres, écrites dans un français très classique, que vous allez suivre les états d’âme d’une femme amoureuse, mais en proie au doute. C’est très bien fait, l’histoire est plaisante, et l’épilogue inattendu. Il n’est pas très épais, et se lit rapidement.

Mais c’est dans la postface de Claude Schopp que l’on découvre la vie de cette Constance, princesse de Salm au destin et à l’histoire étonnante. On parle beaucoup de Simone de Beauvoir ces temps-ci, mais Constance a aussi lutté pour les droits des femmes, et plus précisément leur accès à la culture, à la suite de la Révolution française.

Constance de Théis est née à Nantes (quoique d’une famille Picarde) en 1767. D’une intelligence précoce, elle parle plusieurs langues à quinze ans, pratique les mathématiques et manifeste une vocation poétique. Elle accueille la Révolution avec enthousiasme :

Qu’ils étaient beaux les sentiments d’alors ! / Que l’on se trouvait grand / Que l’on se sentait libre, / Quand, d’une nation partageant les transports, / On croyait sans effort / Entre tous les pouvoirs établir l’équilibre / Et par de nouveaux droits effacer d’anciens torts ! / Que l’on se trouvait grand : quand on pouvait se dire : / « Nul ici-bas n’est plus haut que moi : / Je ne reconnais d’autre empire / Que celui de l’honneur, la raison, et la loi ».

Mais son origine aristoratique la rend suspecte et elle devra se cacher durant la Terreur. Rendue célèbre par une tragédie lyrique, Sapho, elle est la première femme admise au Lycée des arts. Ce lycée se composait de savants, d’académiciens, d’écrivains, d’artistes…
En 1795, elle leur lit Epître aux femmes, qui devint le porte-étendard de la révolte des femmes en matière artitisque. A cette époque, elle s’appelle Constance Pipelet, mariée (en 1789) par sa famille à un chirurgien. Mari volage et jaloux, ils divorcent en 1799, grâce à une loi apportée par la révolution : « le mariage est dissoluble dans le divorce » !

Elle se marie à nouveau et devient Comtesse de Salm, puis princesse (le roi de Prusse ayant fait prince Joseph de Salm, son mari). Le couple sera heureux plus de quarante ans. Elle sera de toutes les sociétés savantes de l’époque, et tiendra un salon littéraire, recevant des écrivains comme Alexandre Dumas ou Stendhal.

Elle meurt en 1845. Poétesse et dramaturge, c’est son seul roman, tout le reste est en vers. On la surnommait la Muse de la Raison.

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