Lointain souvenir de la peau – Russel Banks

Lointain souvenir de la peau - Russel Banks Ce livre était sur la table du libraire, et il avait aimé : il met une petite fiche dans ce cas… et comme de mon côté je garde un a priori positif pour cet auteur dont le premier livre que j’avais lu, «Continents à la dérive», m’avait marqué… je me suis donc décidé à embarquer celui-là sans attendre deux ans pour le format poche.

Nous allons faire connaissance du Kid, un jeune homme d’une vingtaine d’années, bracelet électronique à la cheville, qui vit sous un pont avec d’autres personnages peu avenants, rebuts de la société. Car ils ont tous ceci en commun : condamnés pour agression sexuelle sur mineur.

Le Kid va rencontrer un professeur d’université (sur-diplômé et donc sociologue entre autres) qui va lui proposer de l’aider, s’il accepte en échange de répondre à ses questions, persuadé que ce problème doit être traité différemment par la société.

L’auteur est assez malin pour ne pas nous raconter tout de suite ce qu’a fait le Kid, et on hésite à le trouver sympathique malgré sa franchise déconcertante. Qu’a-t-il vraiment fait ? La première partie du roman est passionnante, décrivant comment la société américaine exclut ces personnes et ne leur laisse finalement aucune chance réelle de pouvoir vivre décemment.

Dans la seconde partie, « le Professeur » se révèle avoir lui aussi un passé pour le moins inhabituel, et l’avenir du Kid passera un peu au second plan pour nous embarquer dans une histoire sans grand intérêt et peu crédible.

C’est quand même un bon bouquin, le sujet est difficile et admirablement traité. On prend conscience des dérives de la société américaine, de son rapport ambigu au sexe, et de son puritanisme qui exclut sans rémission : le Kid n’a aucune chance de pouvoir se réintégrer, quelque soit sa faute, même si elle n’a été que potentielle. On est proche de « Minority report », le roman de Philip K. Dick…

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Russel Banks est un écrivain progressiste américain, né en 1940. Il est membre de l’Académie américaine des arts et lettres, et a pris position contre l’intervention en Irak et le Patriot Act. « Continents à la dérive » reste pour moi son meilleur bouquin, j’avais aussi beaucoup apprécié « Sous le règne de Bone ».

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