Notre besoin de consolation est impossible à rassasier – Stig Dagerman

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier - Stig Dagerman Voilà un tout petit livre, une dizaine de pages, et donc d’une épaisseur propre à le rendre invisible dans une bibliothèque. Si le texte est bref, il est également profondément triste (ou devrais-je dire profond et triste ?).

C’est d’ailleurs le dernier texte que Stig Dagerman écrivit, avant de sombrer dans le silence et de se donner la mort deux ans plus tard, en 1954, à l’âge de 31 ans.

Il commença sa carrière comme journaliste pour des journaux syndicaux où il s’occupait de la section culturelle (son père est un militant anarcho-syndicaliste). Il est considéré comme l’un des écrivains suédois les plus importants des années 1940. Son œuvre traite des grandes préoccupations universelles et de la douloureuse réalité de l’existence, sans pour autant manquer d’humour.

Voici le premier paragraphe de ce texte, que vous pouvez d’ailleurs lire en totalité ici, vous n’êtes pas obligé d’acheter le livre :

Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier.

Et un autre extrait sur la notion du temps, plus optimiste :

Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps. […] Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie.

A noter que les « Têtes raides », dans leur album Banco, en font une lecture. On la trouve en video sur Dailymotion.

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