Le chapeau de Vermeer – Timothy Brook

LE chapeau de Vermeer - Timothy Brook C’est à la radio que j’ai entendu parlé de ce livre. L’auteur était l’invité de « La fabrique de l’histoire » sur France Culture. Je l’ai trouvé passionnant, et cela m’a donné envie de lire son livre, « Le chapeau de Vermeer », qui raconte le début de la mondialisation au XVIIème siècle.

Tout commence par une chute de bicyclette que fait l’auteur à Delft, la ville de Vermeer. Il visite alors la ville, et nous présente le tableau « La vue de Delft » pour évoquer la Compagnie hollandaise des indes orientales (la VOC) qui va jouer un rôle important dans le développement du commerce et l’enrichissement du pays, en concurrence avec l’Espagne et le Portugal.

Timothy Brook se sert ensuite d’autres tableaux de Vermeer comme autant de prétextes pour nous expliquer la naissance du commerce mondial au XVIIème siècle, à travers les découvertes, les conquêtes, ou le simple développement du commerce, particulièrement entre l’Europe et la Chine.

C’est passionnant et raconté de manière très agréable. Ainsi le chapeau de feutre sur le tableau de Vermeer « L’officier et la jeune fille riant » sera l’occasion de parler de la conquête du Canada par Samuel Champlain, car ce sont les fourrures de castor qui permettront de faire un feutre de qualité. Sur « La liseuse à la fenêtre », ce sera le vase en porcelaine bleu et blanc de Chine qui servira de prétexte à parler de la Chine.

Une grande partie est d’ailleurs consacrée à l’empire Chinois, puisque l’auteur est à la fois historien et sinologue. À cette époque, la dynastie Ming est réticente à s’ouvrir au monde occidental : en effet, l’ouverture au commerce extérieur permettrait l’enrichissement individuel, et ce dernier entraînerait alors la corruption (raisonnement qui en vaut bien d’autres…). De plus, si la porcelaine chinoise a un immense succès en Europe, peu de choses de l’Occident intéressent finalement les Chinois ! Or pour faire du commerce, il faut être deux… Ce sera l’argent (le métal), que les Espagnols extraient en grande quantité des mines d’Amérique du Sud (grâce aux esclaves indiens), qui servira de monnaie d’échange (c’est le cas de le dire), car la Chine a besoin du métal pour frapper sa monnaie.

Nous verrons donc comment un juriste hollandais permettra que l’Espagne ne puisse interdire le commerce à une autre nation, ou comment le tabac connaîtra une inexorable expansion sur toute la planète… Que les explorateurs doivent tout de même financer leurs expéditions, et participer ainsi au développement du commerce. Ou encore par quelle ruse les espagnols acquirent un bout de territoire de Manille : ils demandèrent au rajah un lopin de terre pas plus grand qu’une peau de bœuf, et celui-ci accepta. Ils découpèrent alors la peau de bœuf en fines lanières pour obtenir une longueur d’une douzaine de kilomètres, puis demandèrent au rajah de respecter sa promesse ! (stratagème emprunté à l’Énéide).

Voilà, tout cela fait une lecture passionnante et enrichissante, et limpide de surcroît ! Un livre à recommander sans aucun doute, un vrai plaisir de lecture.

Timothy Brook, né en 1951 à Toronto, est un historien et sinologue canadien. Il est considéré comme un grand spécialiste de l’histoire mondiale, « connectée ». Il a également écrit « La carte perdue de John Selden », qui a l’air d’offrir le même genre de plaisir.

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