La ferme des animaux – George Orwell

La ferme des animaux - George Orwell Il était temps que je lise cette fable de George Orwell, dont Simon Leys dit que c’est son chef-d’œuvre ! J’avais un peu peur de m’ennuyer à la lire, mais non, pas du tout, cette allégorie du communisme est magnifiquement racontée, et l’on prend un plaisir certain à la lire.

Une fois l’homme chassé de la ferme, les grand principes d’égalité annoncés et les lendemains radieux promis… arrive ce qui doit arriver : la prise de pouvoir et le début des privilèges pour une certaine classe, ici les cochons (les animaux les plus proches de l’homme ?).

J’ai particulièrement aimé le côté révisionniste, où l’histoire est modifiée en fonction du présent : le pauvre Boule de neige, héros de la première bataille, vite devenu le bouc émissaire de tous les problèmes (on pense à Trotsky) ; les bêlements des moutons qui empêchent vite toute discussion lors des réunions en scandant sans les comprendre des slogans appris par cœur… mais à qui cela fait-il penser ? Etc…

Et puis la façon dont les grands principes sont petit à petit transformés : « Nul animal ne boira de l’alcool » devient « Nul animal ne boira de l’alcool à l’excès » quand Napoléon découvre la bière… « Nul animal ne tuera un autre animal » devient « Nul animal ne tuera un autre animal sans raison valable » quant les exécutions commencent.

Les 7 commandements initiaux finissent d’ailleurs par se réduire à un seul : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres », et dans le dernier paragraphe, les cochons finissent par ressembler physiquement aux hommes :

Douze voix coléreuses criaient et elles étaient toutes les mêmes. Il n’y avait plus maintenant à se faire de questions sur les traits altérés des cochons. Dehors, les yeux des animaux allaient du cochon à l’homme et de l’homme au cochon, et de nouveau du cochon à l’homme ; mais déjà il était impossible de distinguer l’un de l’autre.

Bref, un bon moment de lecture. Paradoxalement, c’est Benjamin l’âne, qui se révèle le plus lucide sur toute l’histoire (il ne croit en rien, et semble revenu de tout !). On dit que les fables de La Fontaine sont de la même façon une lecture très enrichissante, à tous les âges (André Gide les avaient relues avec grand plaisir durant son Voyage au Congo). Avec celle-ci, l’adage est confirmé.

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George Orwell (1903-1950) a eu une vie incroyable : il a été policier aux Indes, clochard à Paris, ouvrier, combattant en Espagne, speaker à la BBC, et bien sûr écrivain. Malade de la tuberculose, il écrivit 1984 dans ses toutes dernières années, alors qu’il luttait déjà contre la mort. Le petit livre de Simon Leys ci-dessus vous en apprendra beaucoup sur le personnage et sa clairvoyance.

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