Lou Andreas-Salomé – Cordula Kablitz-Post

Lou Andreas-Salomé - Cordula Kablitz-Post Lou Andreas-Salomé a été une femme exceptionnelle  : belle, grande intellectuelle, philosophe, psychanalyste… Très attachée à son indépendance, et capable de rendre fou amoureux des hommes comme Nietzsche (sans espoir) ou Rilke (avec succès), ou de se faire respecter par Freud lui-me qui l’appelait la « Compreneuse ».

J’avais fait un article sur un petit livre L’école de la vie, une sélection de textes de Lou Andreas-Salomé rassemblés par Élisabeth Barillé : j’avais trouvé le niveau intellectuel de ses textes plutôt élevé, et leur lecture peu aisée !

Ce biopic retrace les grandes étapes de sa vie, sous une forme classique, faite de flashbacks sur les étapes marquantes de sa vie, alors que très vieille et malade, elle écrit ses mémoires. Mais on retrouve pas le personnage brillant intellectuellement que l’on peut imaginer, le film se limite presque exclusivement à ses rapports avec les hommes qu’elle croise dans sa vie.

Difficile peut-être de rendre compte du niveau intellectuel de la dame, sans faire un film indigeste, en tout cas au grand public… On se contentera donc de son désir d’indépendance et de la difficulté qu’elle aura à vouloir vivre en pure amitié intellectuelle avec les hommes qu’elle rencontrera, et de sa facilité à les quitter dans ce cas.

Comme le montre le film, à la fin de sa vie Lou va brûler pas mal de documents, les jugeant trop personnels, ne regardant qu’elle ; d’autant que les nazis sont susceptibles de venir perquisitionner à tout moment ! On ne sait donc pas tout sur sa vie, loin de là, et ce biopic n’a manifestement pas l’intention de s’attaquer aux zones d’ombre de Lou. D’autres hypothèses ont été faites, comme l’essai de Françoise Giroud (lire ce résumé ici) où le personnage décrit est très différent et beaucoup plus complexe.

À partir de là, difficile de faire un film complet et objectif, parce que tout simplement on ne sait pas ! Lou Andreas-Salomé a volontairement effacé les traces, et comme c’était apparemment une personne très individualiste, le mystère risque de durer encore longtemps !

Dans ce film, encore adolescente, le pasteur Heinrich Gillot lui enseigne théologie, philosophie, littérature… et finit par la demander en mariage (en lui sautant littéralement dessus), alors qu’il est nettement plus âgé qu’elle (et marié de surcroît). Elle est assez choquée, et refuse bien entendu… Cela semble être le point de départ de son aversion pour le mariage (comme le présente le film donc).

Elle qui veut vivre libre, sans se retrouver liée à quiconque par un contrat de mariage qui immanquablement restreindrait sa liberté (à cette époque, on ne peut que la louer), se voit sans cesse demander en mariage par ceux qu’elle considère comme ses amis intellectuels : Paul Rée, Friedrich Nietzsche, Friedrich Carl Andreas, Rainer Maria Rilke. Elle finira par céder et se marier avec Friedrich Carl Andreas (il menace de se suicider), mais avec la promesse de ne jamais le consommer sexuellement.

L’amour sexuel, elle le connaîtra (à 36 ans) pour la première fois avec Rilke, avec qui elle restera toujours très liée : le film l’affirme, la fiche wikipedia indique « probablement »… et je ne parle pas de ce que propose Françoise Giroud !

Pour conclure, un film sans doute incomplet, taillé pour ne pas choquer le grand public, laissant dans l’ombre la sexualité de Lou Andreas-Salomé, ne montrant pas vraiment sa grande vivacité intellectuelle (qui séduisit Freud lui-même). Globalement, la deuxième partie de sa vie et d’ailleurs très peu traitée, celle où elle devient psychanalyste, et où pourtant elle trouvera sa voie.

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